En pleine nouvelle vague, les Espagnols s’accrochent à leur masque

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Des passants masqués et non masques dans une rue de Barcelone, le 26 juin 2021 en Espagne. (Photo AFP)

Il fait plus de 35 degrés mais bouches et nez sont couverts à Madrid. Le masque a beau ne plus être obligatoire dans la rue, les Espagnols s’y cramponnent et certaines régions veulent l’imposer à nouveau à l’extérieur face à l’explosion des contagions, à rebours d’autres pays européens.

Même dans la rue, elle le porte « au cas où ». Katherin Castro, 18 ans et une dose de vaccin, est à l’image de nombreux Espagnols qui ne souhaitent pas encore se départir du morceau de tissu entré dans la vie quotidienne de milliards de personnes depuis un an et demi. Pour elle, « le covid est toujours là, et malgré le vaccin, il y a beaucoup de contaminations ».

FFP2 sur le visage sur une avenue madrilène aux larges trottoirs, Juana Delgado, 65 ans, porte « tous les jours » le masque et « n’envisage pas de l’enlever pour le moment », expliquant ne se sentir « en sécurité » que chez elle.

Près d’un mois après l’assouplissement du port du masque en Espagne, rares sont ceux qui le quittent à l’heure où le Royaume-Uni y a totalement renoncé et où la France envisage de l’imiter pour les personnes vaccinées dans certains milieux fermés.

« Nos rues et nos visages vont retrouver leur aspect normal », s’était réjoui le Premier ministre Pedro Sanchez en annonçant la fin du masque obligatoire à l’air libre le 26 juin, à condition qu’une distance de 1,5 mètre soit maintenue.

Mais alors que les contagions sont remontées en flèche en raison du variant Delta, Delfin Rapado, qui promène sa petite-fille en poussette, estime que tant que « 80 à 85% de la population n’est pas vaccinée, on ne devrait pas le retirer ».

Actuellement, un peu plus de 50% de la population est totalement vaccinée en Espagne.

 

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Pour le sexagénaire, qui recule d’un pas avant de répondre à l’AFP, « le gouvernement a eu tort de le retirer si tôt ». Cette décision a été prise pour « donner une sensation de sécurité et que les touristes viennent en Espagne », critique-t-il.

Les touristes, justement, « ne le portent pas », affirme Flor Cardena, 64 ans, qui tient un magasin sur la célèbre avenue des Ramblas à Barcelone, énervée à la vue de deux passantes au visage nu.

« Moi, je n’ai pas confiance, ajoute-t-elle, le masque je ne l’enlèverai pas, même quand la pandémie sera finie, ça m’est égal ».

Venue de France pour les vacances, Marie-Hélène Leheley, 57 ans, se dit surprise de « croiser des gens portant le masque en permanence ».

Décret des sourires

Les régions les plus touchées par cette nouvelle vague de contagions comme le Pays basque, les Baléares, l’Andalousie ou la Catalogne ont exhorté le gouvernement central à rétablir le masque obligatoire à l’extérieur. En vain.

Mais bien qu’il s’y refuse et défende sa décision, l’exécutif a revu sa communication.

En témoignent les propos mardi de la ministre de la Santé Carolina Darias rappelant que « les masques restent obligatoires dans notre pays » sauf « dans des cas très concrets et très précis ».

Mercredi, lors de l’adoption au Parlement du texte surnommé « le décret des sourires » et éliminant l’obligation de porter le masque en permanence, des alliés clés du gouvernement se sont abstenus et l’opposition de droite a voté contre.

 

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Elvira Velasco, députée du Parti Populaire (droite), a notamment accusé l’abandon du masque à l’air libre d’être un « message de fausse sécurité » et d’avoir « contribué à la situation actuelle » de reprise de l’épidémie.

« Mesure iconique »

Oscar Zurriaga, vice-président de la Société espagnole d’épidémiologie, juge, lui, que le port du masque n’aurait jamais dû être obligatoire à l’air libre, lorsque les distances sont respectées.

« A l’extérieur, s’il n’y a pas de rassemblement de personnes, le masque n’a jamais été nécessaire », pense-t-il, regrettant plutôt que la population n’ait pas « conscience des situations de risque », même à l’extérieur comme en terrasse.

Ce « message subliminal » du retrait du masque -une mesure « très iconique, que l’on voit facilement »- a conduit à l’abandon d’autres précautions sanitaires, plus efficaces comme la distanciation, déplore-t-il.

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