Attaque jihadiste: une Suissesse condamnée à neuf ans de réclusion

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Le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone. Crédits photo: Ti-Press/Alessandro Crinari - Keystone

Une Suissesse souffrant de problèmes mentaux et ayant tenté d’égorger deux femmes dans un grand magasin à Lugano, dans le Sud de la Suisse, au nom du groupe jihadiste Etat islamique (EI) a été condamnée lundi à neuf ans de réclusion mais devra suivre un traitement médical.

Elle n’a « aucun respect pour la vie humaine » et a « agi de sang-froid, a planifié l’acte, a décidé de l’arme à utiliser, du lieu où l’acheter », a déclaré la présidente de la cour, Fiorenza Bergomini, pendant la lecture du verdict.

La santé mentale de l’accusée a été au cœur de ce procès qui s’est tenu la semaine du 29 août au tribunal pénal fédéral à Bellinzone, une ville située dans la même région italophone où s’était déroulé le drame.

Âgée de 29 ans, la jeune femme, dont le tribunal n’a pas souhaité que le nom soit publié, était jugée pour « tentatives répétées d’assassinat » et violation de l’article de la loi fédérale interdisant les groupes jihadistes Al-Qaïda et EI. Il lui était en particulier reproché d’avoir agi dans le but « de commettre un acte terroriste » au nom de l’EI.

Le 24 novembre 2020, l’accusée avait tenté d’égorger une cliente et une employée d’un grand magasin de Lugano avec un couteau à pain acheté sur place.

L’une des victimes avait été grièvement blessée au cou. La seconde, une vendeuse qui a été blessée à la main, était parvenue à maîtriser l’assaillante avec d’autres personnes.

L’accusée était également poursuivie pour avoir exercé la prostitution sans le déclarer entre 2017 et 2020.

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La procureure, Elisabetta Tizzoni, avait requis une peine de prison de 14 ans et demandé que la peine soit suspendue le temps que l’accusée suive un traitement médical dans un « pénitencier fermé » tant que le risque de récidive demeure.

Selon les experts cités à la barre, elle souffre d’un léger retard mental et d’une forme de schizophrénie, et présente un risque de récidive.

De père suisse et mère serbe, elle s’est convertie à l’islam après avoir été mariée à un Afghan dont elle a fini par divorcer l’an dernier.

A aucun moment durant le procès, l’accusée n’a fait état de remords. Elle a assuré que si c’était à refaire, elle le referait mais « mieux… avec des complices ». Elle a également affirmé avoir depuis longtemps voulu agir pour « l’Etat islamique » et montrer qu’elle était « capable de mener un acte terroriste ».

Tentative d’assassinat ou d’homicide?

La défense s’est appuyée sur son état mental pour réfuter le motif « terroriste » et avait demandé une peine de prison de 8 ans pour « tentative de double homicide intentionnel ».

Lundi, la présidente du tribunal a souligné que des études ont montré qu’il n’est pas exceptionnel que des terroristes souffrent de stress ou de problèmes psychiatriques.

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« Nous ne devons pas oublier qu’il existe – quand on parle de terrorisme – des personnes qui présentent des troubles psychiatriques qui n’appartiennent pas à des organisations terroristes, mais qui sont considérées comme des loups solitaires », a-t-elle souligné.

Lors de l’attaque, la jeune femme a crié à plusieurs reprises « Allahou Akbar » (Dieu est le plus grand) et « Je vengerai le prophète Mahomet », et déclaré « Je suis ici pour l’EI », selon l’acte d’accusation, qui considère qu’elle a agi avec « préméditation et de manière planifiée ».

Elle était connue des autorités.

Selon la police suisse, elle était « tombée amoureuse » sur les réseaux sociaux d’un combattant jihadiste en Syrie qu’elle avait tenté de rejoindre en 2017 avant d’être arrêtée à la frontière turco-syrienne et renvoyée en Suisse, puis placée dans une institution psychiatrique.

La Suisse n’a jamais connu d’attentat jihadiste à grande échelle mais deux attaques au couteau en 2020, à Lugano et Morges (Ouest).

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