Mineurs marocains exploités à Paris: six algériens condamnés

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Trocadéro Paris
Les six prévenus, condamnés notamment pour traite d'êtres humains et trafic de stupéfiants, devront verser solidairement 20.000 euros à chacun des douze mineurs ©Reuters

Six Algériens ont été condamnés vendredi à Paris à des peines d’un à six ans de prison ferme, pour avoir rendu accros à la drogue des mineurs marocains isolés afin de les pousser à commettre des vols.

Le tribunal correctionnel de Paris a suivi les réquisitions de la procureure, estimant les faits d’une « extrême gravité » étant donné « les dommages portés à l’intégrité physique et psychique des jeunes ».

Des peines d’interdiction définitive du territoire français ont également été prononcées à l’encontre de cinq des prévenus, dont certains étaient sous le coup d’une obligation de quitter le sol français préalablement au procès.

Les six prévenus, condamnés notamment pour traite d’êtres humains et trafic de stupéfiants, devront verser solidairement 20.000 euros à chacun des douze mineurs constitués parties civiles en réparation des dommages subis.

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Les six hommes étaient accusés d’avoir initié à la drogue et gardé sous emprise de nombreux adolescents isolés, de nationalités marocaine et algérienne, en 2021 et 2022.

Ils souhaitaient ainsi les contraindre à commettre des vols sur les touristes, en échange de comprimés de Lyrica ou Rivotril, puissants psychotropes décrits par la présidente comme « la matière première qui permettra d’exploiter les mineurs isolés ».

Le tribunal a estimé que si l’existence d’un réseau « hiérarchisé et structuré » n’était pas avérée, l’enquête avait bien permis de mettre en lumière « un système d’exploitation horizontal ».

Selon la présidente, la traite est caractérisée par l’exploitation « des vulnérabilités physiques, psychiques, sociales et affectives » des mineurs isolés, qui plaçaient leur confiance dans ces adultes arabophones « proches de leur communauté ».

Et de décrire un « mode opératoire où les mineurs sont asservis et réifiés », « réduits à l’état d’outils », pour lesquels les prévenus « n’ont éprouvé aucune empathie ».

Un septième homme a été condamné à un an de prison et 5.000 euros d’amende pour trafic de stupéfiants et recel, sans traite.

Les avocats de la défense n’ont pas souhaité commenter le jugement.

Me Céline Astolfe, avocate de l’association partie civile au procès Hors la rue, a salué « une décision historique et exemplaire » ainsi que « la consécration du statut de victimes de ces mineurs exploités ».

Autre avocate des parties civiles, Me Solène Debarre a salué « un jugement prenant en compte la notion de traite, d’une gravité particulière », et s’est réjouie du « coup de pied dans la fourmilière » que constitue l’affaire.

Elle a toutefois mis en garde: « Ces petits réseaux de traite d’êtres humains prolifèrent encore, y compris la traite de mineurs marocains et algériens ».

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