Vidéo. Casablanca: une mosquée divise les habitants de Gauthier

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Le projet de construction d’une mosquée sur la place Chaouia dans le quartier Gauthier met en colère les habitants qui se voient «privés du seul espace vert du quartier».
«Au nom de l’Association Gauthier Mémoire et Perspectives, de tous les Casablancais et plus globalement de tous les Marocains, nous tenons à attirer votre aimable attention sur un problème qui vient de surgir de nouveau, relancé par certaines personnes afin de nuire au bien-être et à la quiétude de notre quartier». C’est par ces mots que débute une pétition adressée au wali de Casablanca et signée par plus de 895 personnes. Des habitants du quartier Gauthier et d’autres personnes soutenant leur cause tentent ainsi d’empêcher la disparition du parc Chaouia, situé près de la rue Moussa Ibnou Noussair, et son petit marché.
Contacté par H24, un membre de l’association Gauthier Mémoire et Perspectives explique que ce projet date de quelques années. «Il y a trois ans, le projet avait été suspendu et nous avions proposé à la commune de réhabiliter le parc. Pour ce faire, nous avions mobilisé la somme de 350.000 DH pour la réfection du parc, avec un programme de réaménagement, d’installation d’une fontaine d’eau, d’une mini-plage de sable pour les enfants, d’une balançoire, etc.», rappelle notre interlocuteur.
 Les autorités délivrent alors une autorisation écrite à l’association. Tout allait bien, selon notre source, jusqu’à ce que des habitants surprennent des ouvriers en train de creuser dans le bac à sable pour tâter le terrain, il y a quelques semaines. Ils en déduisent que les autorités avaient ressorti le projet de construction d’une mosquée. Leurs doutes sont confirmés lorsqu’ils apprennent que les marchands de la place Chaouia ont reçu des «avis de reclassement».
La mobilisation reprend de plus belle, les membres de l’association mettant en garde contre les nuisances engendrées par un tel projet alors que le quartier souffre déjà de problèmes de circulation chroniques. «La rue est très étroite et avec la construction d’une mosquée, il y aura encore plus d’embouteillages, une circulation encore plus dense et anarchique en raison  des vendeurs ambulants, sans parler des bruits sonores et autres pollutions», argue-t-il.
Et d’ajouter: « Et puis nous disposons d’une mosquée à 200 mètres du quartier, place Mâarif. C’est suffisant, ce dont on a besoin, c’est d’espaces verts pour nos enfants ».
Il est à noter que l’association déplore l’état actuel du parc laissé à l’abandon par les autorités qui «n’ont fourni ni eau, ni électricité, ni gardiennage comme ils l’avaient promis, empêchant ainsi toutes sécurité, exploitation ou entretien du site sans parler du marché qui nécessite un réaménagement intérieur».
Les autorités adoptent la neutralité
Une source au sein du Conseil communal de Sidi Belyout nous explique que le projet de construction de la mosquée a été voté par l’ancienne majorité qui dirigeait le Conseil de la ville. Et d’ajouter: «les habitants du quartier ont signé une pétition dans laquelle ils réclamaient la construction d’une mosquée et cette dernière a été approuvée par le Conseil communal».
Cette même source nous signifie que le projet n’avait pas été arrêté, mais juste suspendu, le temps de l’étudier en profondeur. L’association Gauthier Mémoire et perspectives aurait alors à ce moment proposé de réhabiliter le parc, chose qui a été approuvée par les autorités.

«L’argent mobilisé pour la réhabilitation du parc n’a pas été perdu! Les habitants du quartier ont pu en profiter, d’autant plus que tout aménagement est par défaut provisoire!», argumente notre source. Celle-ci nous explique également que le projet de construction de la mosquée n’a toujours pas commencé. «Nous attendons de trouver une alternative, un arrangement qui conviendrait le mieux aux marchands». Toutefois, le responsable contacté nous assure que l’avis d’expulsion adressé aux marchands est justifié par le danger que ces derniers encourent suite aux problèmes d’étanchéité dont souffre le petit marché.
«Après avoir visité le petit marché de la place Chaouia, les techniciens du laboratoire public RP2E nous ont recommandé d’évacuer le site afin qu’il soit réhabilité. Les toits et les murs sont en très mauvais état et représentent un réel danger», expliquent-ils.
Les marchands sont, quant à eux, inquiets pour leur avenir et redoutent de devoir quitter un quartier qu’ils ont toujours connu. Certains tiennent leur commerce depuis plus de 20 ans et ont développé une clientèle fidèle qu’ils craignent de perdre maintenant que les autorités leur demandent de s’installer ailleurs, à Bab Marrakech ou encore au marché Central. « Et puis le problème de l’étanchéité pourrait bien être réglé sans qu’on soit obligés de quitter les lieux! », proteste l’un d’entre eux.
Une fièvre religieuse semble s’être emparée des autorités locales. Le club de boules de Maârif sur le boulevard Bir Anzarane est également menacé par un projet de construction de mosquée. Là aussi, une certaine résistance s’organise. Un épisode qui rappelle celui de la mosquée d’Agadir en novembre dernier, lorsqu’une pétition contre la construction d’une mosquée avait fait couler beaucoup d’encre. 

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