Accès aux soins: voici le diagnostic et les recommandations du CNDH

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Image d'illustration. DR

Manque de financement, d’effectifs, problèmes de prise en charge et de diagnostic des patients… Dans son dernier rapport sur l’effectivité du droit à la santé, le CNDH dresse l’état des lieux des dysfonctionnements en la matière et émet des recommandations visant à favoriser l’accès effectif à la santé. 

Dans son dernier rapport finalisé en février 2022 et rendu public la semaine dernière, le CNDH (Conseil national des Droits de l’Homme) établit un diagnostic de « l’effectivité du droit à la santé » au Maroc, à travers ses « défis, enjeux et voies de renforcement ». Voici les principaux dysfonctionnements du système de santé actuel selon l’institution nationale:

L’absence d’un parcours de soins coordonné (PSC) ainsi qu’une gestion inadéquate des ressources humaines. L’opacité du processus de soin est responsable des problèmes de diagnostic et de prise en charge des patients, mettant ainsi en danger leur santé et leur vie, souligne le rapport;

Un financement insuffisant du secteur de la santé : le budget du ministère de la Santé varie toujours entre 6 et 7% du budget général de l’Etat, au lieu des 12% recommandés par l’OMS (15% du budget général de l’Etat selon la déclaration d’Abuja);

Insuffisance des effectifs des professionnels de santé: le nombre global des médecins travaillant au Maroc est estimé à 2300 médecins alors que le pays en nécessite 14 fois plus, soit quelque 32000 et 65000 infirmiers par rapport à sa population, conformément aux normes de l’OMS. Quasiment la moitié est d’ailleurs concentrée dans l’axe Rabat-Casablanca, sans compter la «fuite» des médecins et des cadres de santé. Le nombre de médecins formés au Maroc et exerçant à l’étranger est estimé entre 10000 et 14000.

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Les dépenses directes des ménages dépassent les 50 % des dépenses de santé et plus de 63% si l’on inclut leur contribution pour la couverture médicale, soit une véritable entrave aux soins, propice à la multiplication de la population précaire;

Faiblesse et sous-exploitation des ressources humaines en raison des difficultés de gestion.

Pour pallier ces problématiques, le rapport adopte une méthodologie fondée sur quatre piliers stratégiques fondamentaux: le devoir de protection de l’Etat, l’adoption d’une approche multisectorielle, l’assurance de la durabilité et la sécurité humaine, ainsi que la réduction des disparités sociales et territoriales.

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Ainsi, le Conseil propose six pistes principales pour renforcer l’accès effectif au droit à la santé, à travers lesquelles il présente plus de 100 recommandations notamment à caractère législatif, liées à la gouvernance du secteur de la santé, au renforcement de la démarche préventive, etc.

Les voici en synthèse:

1. Recommandations à caractère législatif: traduire l’arsenal juridique en mesures concrètes garantissant l’accès effectif au droit à la santé, notamment en adaptant et harmonisant le système juridique relatif au secteur de la santé avec les exigences de l’approche fondée sur les droits de l’Homme. Ceci passe d’abord par la reconnaissance de l’accès aux soins comme un droit de l’Homme en supprimant les obstacles juridiques qui pourraient empêcher les citoyens ou certains groupes d’entre eux de bénéficier de ce droit;

2. Recommandations liées à la gouvernance du secteur de la santé concernant les mécanismes décisionnels, le renforcement des ressources humaines, la consolidation de l’industrie pharmaceutique nationale et l’amélioration des structures hospitalières. Ils s’agit aussi d’augmenter le budget de l’Etat alloué au secteur de la santé pour le hisser au niveau des normes internationales et concrétiser la régionalisation avancée dans ce secteur;

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3. Mettre en place un système de santé basé sur l’approche préventive: ciblage des déterminants socio-économiques et environnementaux du droit à la santé, adoption de la stratégie des soins de santé primaire, mise en place d’un parcours de soins coordonnés et la promotion de la santé sexuelle et reproductive;

4. Garantir la couverture sanitaire universelle (CSU): garantir aux individus le paiement partiel des dépenses en soins de santé, améliorer l’attractivité de l’hôpital public, renforcer les programmes de prévention, de diagnostic précoce et de soins primaires…;

5. Revoir les systèmes de formation et encourager la recherche scientifique vus comme leviers de consolidation de la souveraineté sanitaire. Ceci consiste aussi à améliorer les conditions et l’environnement de travail du personnel de la santé dans les secteurs public et privé ou encore anticiper (programmes, stratégies) les crises sanitaires en vue d’une meilleure gestion territoriale des risques sanitaires;

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6. Intégrer le secteur privé dans un système national de santé en tant que service public: selon le CNDH, le secteur privé occupe une place importante dans le système national de santé, mais n’est pas suffisamment intégré dans le système national de santé en tant que service public. Une situation qui limiterait considérablement l’accessibilité au droit à la santé. Il s’agit donc de développer le partenariat public/privé afin de mobiliser les ressources financières, techniques et humaines dont disposent le secteur privé et mettre son expertise au service de la politique publique de l’Etat à la santé.

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