Maroc: une croissance de 2,9% au T1 2024 malgré un fléchissement de l’activité agricole

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Maroc: tirée par la demande intérieure, la croissance à 2,9% au premier trimestre 2024 (HCP)
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La croissance économique nationale se serait établie à 2,9%, au premier trimestre 2024, soutenue par la progression de 4% de la valeur ajoutée non-agricole et surtout la reprise de demande intérieure, dont la contribution à la croissance économique globale s’est élevé à 6,7 points au lieu de -0,1 point au premier trimestre 2023, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).

Malgré l’inflexion à la baisse de la valeur ajoutée agricole, l’activité économique aurait poursuivi son amélioration, tirée principalement par la dynamique des branches secondaires et par l’affermissement continu des services, explique le HCP dans sa note de conjoncture du premier trimestre 2024 et perspectives pour le T2-2024.

Les activités agricoles auraient connu une régression de 3,9% au premier trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 6,9% une année auparavant. Cette contreperformance est attribuable aux conditions climatiques défavorables qui auraient entravé l’installation des cultures automnales et hivernales, fait savoir le HCP.

Les superficies semées de céréales auraient reculé de 42,5% par rapport à la moyenne quinquennale, se limitant principalement aux zones favorables dans le Saïs, le Loukkous et une partie du Gharb.

Les températures excessives enregistrées vers la mi-janvier 2024, conjuguées au déficit pluviométrique atteignant 46,2% à fin février par rapport à la même période d’une saison normale, auraient impacté le développement de la plupart des cultures pendant leurs stades végétatifs précoces et avancés.

Le retour des pluies au mois de mars, limitant le déficit pluviométrique depuis le début de la campagne agricole à 20,6%, aurait été bénéfique pour les rosacés et les maraichères de saison, mais n’aurait pas compensé les pertes enregistrées au niveau des cultures précoces.

Dans la filière animale, l’effort de reconstitution du cheptel, après le repli sensible enregistré pendant les trois dernières années, aurait été, également, compromis par la dégradation des parcours végétatifs et le déficit pluviométrique prolongé sur les cinq premiers mois de la campagne.

Au niveau du secteur secondaire, la hausse de la valeur ajoutée aurait atteint +6,3% au premier trimestre 2024, dopée par les effets d’entraînement du rebond technique des industries extractives sur les autres branches.

En variation annuelle, la valeur ajoutée minière se serait accrue de 11,2%, après -11,8% une année plus tôt.

Lire aussi. Au Maroc, la croissance économique en hausse à 4,1% au T4-2023 (HCP)

Cette dynamique aurait été portée par une expansion de 28,3% de la production phosphatée, tiré par le renforcement de la demande des industries locales de transformation. Le bas niveau des stocks en engrais dans les pays de l’Amérique du Nord et la vigueur de la demande du Brésil auraient alimenté le regain du commerce international de fertilisants, favorisant une hausse des expéditions nationales de phosphate brut de 54,7% au premier trimestre 2024, en variation annuelle.

L’industrie manufacturière aurait, pour sa part, affiché une progression de 6,8%, en variation annuelle, au premier trimestre de 2024. Cette croissance, attribuable en partie à un effet de base mécanique, aurait été, principalement, le fait des filières de la chimie, du matériel de transport, du caoutchouc et des plastiques.

En revanche, l’activité de l’industrie agroalimentaire aurait poursuivi son déclin, bien qu’à un rythme moins prononcé que la période précédente (-2,2%). L’industrie du textile aurait maintenu sa trajectoire de baisse pour le troisième trimestre consécutif, en raison de la faible dynamique de ses ventes.

L’activité de la construction aurait, également, renoué avec une croissance plus robuste au premier trimestre 2024, enregistrant une progression de 3,7%, au lieu d’une baisse de 3,4% durant la même période de l’année précédente. Cette dynamique, impulsée principalement par les travaux publics, notamment les programmes de préparation pour la CAN 2025 et la coupe du monde 2030, ainsi que par les initiatives de reconstruction et de réhabilitation des zones affectées par le séisme d’EL Haouz, aurait été corroborée par une augmentation de l’utilisation des matériaux de construction, avec une hausse des ventes de ciment de 7,5%. Ce regain d’activité serait resté, toutefois, fragile, au regard du ralentissement continu de la demande des ménages.

Dans les branches tertiaires, l’activité aurait retrouvé depuis la mi-2023 son régime de croissance modérée d’avant 2020, après la reprise vigoureuse qui avait marqué les trois dernières années. Les services aux entreprises auraient conservé de l’allant, dans le sillage du redressement des activités industrielles, mais les services liés aux particuliers et l’activité du commerce auraient connu une croissance modérée.

Dans l’ensemble, la valeur ajoutée des branches tertiaires aurait crû de 3,1% au premier trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de +5,4% une année plus tôt.

Retour en force du principal moteur de croissance 

La demande intérieure, qui, faut-il le rapeller, constitue le principal moteur de croissance de l’économie marocaine, aurait confirmé sa reprise au premier trimestre 2024, contribuant pour 6,7 points à la croissance économique globale, au lieu de -0,1 point au même trimestre de l’année passée, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).

D’après la note de conjoncture du HCP du premier trimestre 2024 et perspectives pour le T2-2024, la consommation des ménages se serait améliorée de 2,7%, au lieu de +0,1%, en variations annuelles.

Cette augmentation, attribuable en partie à un effet de calendrier associé à l’augmentation des dépenses de consommation pendant et à la veille du mois de Ramadan, aurait bénéficié des gains du pouvoir d’achat liés au reflux de l’inflation, explique le HCP.

Elle aurait, principalement, profité aux produits alimentaires et aux produits finis de consommation importés, précise le HCP, soulignant que les appréciations des commerçants de gros sur leurs ventes de produits alimentaires et de boissons, collectées dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture, se seraient améliorées de 24,6 points, en variation annuelle, alors que celles des biens domestiques et agricoles se seraient toujours maintenues sur une tendance baissière.

La consommation des administrations publiques se serait, pour sa part, accrue de 3,4%, au lieu de +2,7% au même trimestre de l’année précédente, en ligne avec l’accroissement des dépenses de fonctionnement.

Et de relever que la contribution de la demande extérieure nette serait restée négative au premier trimestre 2024, s’élevant à -3,9 points, sous l’effet d’une hausse de 17,3% du volume des importations nationales de biens et services et de 8,4% de celui des exportations, en variations annuelles.

L’investissement aurait, quant à lui, vu sa dynamique de croissance se poursuivre à un rythme soutenu pour le troisième trimestre consécutif, avec une hausse de 17,3% de la formation brute de capital au premier trimestre 2024.

 

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