Mais pourquoi les sacs plastiques continuent de faire de la résistance ?

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L’interdiction en 2016 de la fabrication, la vente ou encore la distribution des sacs en plastique jetables au Maroc n’a visiblement pas éradiqué ces produits polluants. Bien au contraire, il semblerait que la prohibition a créé un marché parallèle très florissant.

Pour Yassine, jeune propriétaire d’une épicerie en banlieue casablancaise, c’est devenu un réflexe. C’est dans un sac en plastique qu’il assemble les produits avant de les remettre aux clients. Un geste machinal et anodin qu’il répète à longueur de journée. Pourtant, l’usage des sacs en plastique jetables est interdit au Maroc depuis 2016, année de l’organisation de la COP22 de Marrakech.

Disparus de la circulation quelques mois seulement après l’entrée en vigueur de la loi 77-15 les bannissant de notre vie quotidienne, les sacs plastiques sont toujours présents.

Si effectivement ces emballages qui nuisent à l’environnement ont été définitivement retiré des supermarchés, ils ont envahi le secteur informel. On en propose partout, y compris et surtout dans les marchés locaux des fruits et légumes.

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Ces sacs se déclinent sous toutes les formes, des petites tailles aux grandes avec ou sans poignée, transparents ou encore multicolores.

Une enquête menée en 2018 par l’association environnementale Zero Zbel, sous la houlette de l’ONU Environnement, avait démontré à l’époque que 65 % des clients déclarent utiliser encore 5 à 15 sacs plastiques lorsqu’ils font leurs courses. Un chiffre élevé et, ce malgré les 682.467 opérations de contrôles effectuées. Un choix assumé par plus de la moitié des commerçants interrogés qui déclarent que plus de 80% de leurs clients exigent des sacs plastiques.

«Chassez le naturel il revient au galop», nous lance un marchand qui lui aussi justifie le recours à ce produit prohibé par l’attachement des Marocains au plastique, plus solide et plus pratique que le papier.
Et ce, même si l’interdiction en a fait monter les prix. Comme disait Al Capone, la prohibition permet de vendre un même produit mais beaucoup plus cher.

Marché parallèle

Avant 2016, le kilo de sacs en plastique se vendait entre 15 et 22 dirhams. Aujourd’hui, le prix démarre à partir de 20 dirhams et ça peut aller jusqu’à 26 DH. Alors pourquoi un tel engouement pour un produit censé être illégal? Pire encore, les commerçants qui le proposent risquent gros.

Si les producteurs de sacs plastiques peuvent se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 1.000.000 dirhams, ceux qui les distribuent ou les vendent risquent de payer une infraction située entre 10.000 et 500.000 dirhams. La plupart d’entre eux préfèrent donc prendre le risque d’en proposer aux clients.

Car malgré la hausse des prix, le plastique reste très compétitif par rapport au papier. À titre d’exemple, le paquet de 100 sac kraft peut coûter jusqu’à 180 DH. On est donc loin du kilo de plastique à 25 voire même 30 dirhams.

Tant que les ateliers clandestins continuent d’alimenter la marché, les sacs plastiques survivront à la prohibition. Des ateliers qui n’ont de clandestin que le nom. Car pour fabriquer ce produit industriel, il faut du matériel et des machines. La plus petite unité de production de sacs en plastique nécessite un local d’au moins une trentaine mètres et un savoir-faire non négligeable. De temps en temps, les autorités annoncent le démantèlement de telle ou telle unité. La dernière grande opération remonte au mois de mai 2021 dans la région de Bensliman. Elle avait permis la saisie de plus de 990 kg de matières premières, 154 kg de rouleaux plastiques industriels, 125 kg de déchets plastiques. Six machines de fabrication de sacs ont également été confisquées par la gendarmerie royale.

Ces commerces débarrassés du plastique

Un récent rapport du ministère de l’Intérieur affirme que les sacs en plastique ont été complètement retirés de la circulation au niveau des magasins modernes comme les grandes et les moyennes surfaces, ainsi qu’au niveau des pharmacies. Le rapport souligne également qu’un grand chemin a été parcouru dans le processus de retrait de ces sacs au niveau du commerce traditionnel. 80% de ces commerces n’utilisent plus ce type de sac d’emballage. S’appuyant sur 400 agents, les autorités ont réalisé plus de 8.486 visites en 2021 pour faire le point sur le respect des mesures d’interdiction. Ces visites ont concerné 130.984 commerces, découlant sur 1.765 contraventions, selon le rapport.

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