Liberté de la presse: le Maroc mauvais élève, selon RSF

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Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans les locaux de l’ONG, à Paris. AFP/Stéphane de Sakutin

Dans le nouveau classement de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse, le Maroc a reculé de neuf places, occupant désormais le 144e rang sur un total de 180 pays. 

Reporters sans frontières (RSF) vient de publier son dernier rapport annuel sur l’état de la liberté de la presse dans le monde. Le Maroc y est mal classé. Alors qu’en 2022, le royaume occupait la 135e place sur 180 pays, il est désormais 144e mondial avec un score total de 43,69.

Au classement, le Maroc se retrouve derrière des pays comme la Tanzanie (143e), Brunei (142e) ou encore la Somalie (141e).

« Les journalistes indépendants au Maroc subissent une pression continue, et le pouvoir tente de mettre ce secteur aux ordres », estime l’organisation internationale non gouvernementale dans son rapport.

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Selon RSF, la « pluralité de la presse marocaine n’est qu’une façade, et les médias ne reflètent pas la diversité des opinions politiques dans le pays. Les médias et les journalistes indépendants font face à d’importantes pressions, et le droit à l’information est écrasé par une puissante machine de propagande et de désinformation servant l’agenda politique des proches du pouvoir ».

« Face aux pressions, le dernier média indépendant du Maroc, le quotidien Akhbar Al Yaoum, a abandonné son combat, et sa dernière parution date d’avril 2021. La principale source d’information pour la population vient des réseaux sociaux et des sites en ligne », poursuit l’ONG.

Dans la partie « contexte politique », RSF estime que le chef du gouvernement Aziz Akhannouch est un « puissant homme d’affaires multiplie les pressions et les plaintes en justice contre les journalistes qui se montrent critiques envers lui ou son action ».

« Autocensure »

L’organisation se penche également sur le cadre légal entourant la liberté de la presse au Maroc. Elle rappelle que la « Constitution marocaine garantit la liberté d’expression et le droit à l’information, interdit toute censure préalable et garantit qu’une Haute Autorité de la communication audiovisuelle veille au respect du pluralisme ».

« Malgré l’adoption d’un nouveau Code de la presse en juillet 2016 supprimant les peines de prison pour les délits de presse, une publication jugée critique peut faire l’objet de poursuites judiciaires en s’appuyant sur le Code pénal », affirme RSF.

Selon les auteurs du rapport, ce « manque de garanties légales pour la liberté d’expression et de la presse, la faible indépendance de la justice, la multiplication des poursuites contre les journalistes poussent les professionnels à l’autocensure ».

Lire aussi: Algérie: RSF et des patrons de presse de 14 pays appellent à la libération de Ihsane El Kadi

Le contexte économique du Maroc est décrit par Reporters sans frontières comme « exsangue ». « Les médias ne parviennent pas à attirer les annonceurs, et les organes de presse indépendants, qui deviennent de plus en plus rares, peinent à avoir une stabilité financière leur permettant de se développer. Les médias fidèles au pouvoir bénéficient de modèles plus stables grâce à des ressources financières plus accessibles », lit-on dans le rapport.

RSF estime que la « désinformation qui règne » au Maroc est « accentuée par la valorisation d’un journalisme du buzz et du sensationnel qui ne respecte pas la vie privée et dégrade en général l’image de la femme ».

Enfin, dans le volet sécuritaire, l’ONG dénonce « les arrestations sans mandat et les détentions provisoires prolongées », qui selon l’organisation « sont courantes au Maroc ».

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« Ces cinq dernières années, des affaires de mœurs telles que des accusations de viol, de traite d’êtres humains, d’adultère et de pratique d’avortement illégal ont touché les journalistes indépendants. Les procès qui s’ensuivent sont accompagnés de campagnes de calomnie orchestrées par les médias proches des autorités », déplore RSF.

En tête du classement, il n’y a pas eu de gros changements. La Norvège a conservé sa première place pour la septième année consécutive alors que l’Irlande a gagné quatre places (2e ; +4), devançant Danemark (3e ; -1), suivie par la Suède et la Finlande.

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