Le procès du journaliste Omar Radi se poursuit à huis clos

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Le procès du journaliste et défenseur des droits humains Omar Radi, en détention préventive depuis un an, s’est poursuivi mardi à huis clos à la Cour d’appel de Casablanca où il est jugé dans une double affaire de « viol » et d' »espionnage ».

Le juge a justifié le huis clos « en considération de l’honneur » de la plaignante, les soutiens de M. Radi ont considéré cette décision comme « une nouvelle violation des conditions pour un procès équitable », d’après un communiqué.

Le reporter au ton critique, âgé de 34 ans, est poursuivi pour « viol » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » avec « financement de l’étranger », deux affaires différentes, instruites et jugées conjointement.

La plaignante a réitéré être « victime de viol » durant son audition tenue vendredi à huis clos, ajoutant que son dossier n’est pas « politique », a indiqué à l’AFP son avocat Me Abdelkrim Mlih.

Le journaliste, lui, a parlé, à plusieurs reprises, de « relations librement consenties ». Une version corroborée devant le tribunal par un autre journaliste, Imad Stitou, en liberté provisoire, poursuivi pour « complicité de viol » après avoir été l’unique témoin à décharge dans l’affaire.

 

Lire aussi. Le journaliste Omar Radi répond aux accusations « d’espionnage »

 

Dans sa plaidoirie, la partie civile a mis en exergue « les contradictions des deux accusés », demandant 1 millions de dirhams (environ 95.000 euros) de dédommagement. Le procès a été renvoyé à vendredi.

Dans l’affaire d' »espionnage », M. Radi, connu pour ses positions critiques envers les autorités, a été accusé notamment d' »intelligence » avec deux sociétés britanniques de conseil économique, G3 et K2 Consulting, et pour ses liens avec un Belge, Arnaud Simons, ayant travaillé à l’ambassade des Pays-Bas à Rabat.

Le reporter indépendant avait réfuté ces accusations, arguant avoir collaboré avec les sociétés citées pour la réalisation d’études sur une société marocaine et sur la culture du palmier.

Il avait également confié avoir eu des contacts avec M. Simons en tant que « journaliste ».

Pour sa part, M. Simons a confirmé récemment la version du journaliste, réitérant sa « pleine disponibilité à témoigner ». La cour a déjà rejeté la demande de la défense de l’auditionner.

Mardi, le parquet a estimé que ces relations « sentent l’espionnage », d’après un avocat de la défense.

Dans les deux affaires, le ministère public a requis des peines « de prison concordantes avec les faits reprochés », a ajouté la même source.

Par ailleurs, le journaliste a saisi mardi le groupe de travail des Nations Unies contre la détention arbitraire, d’après sa défense.

L’enquête pour « espionnage » a été ouverte fin juin 2020, deux jours après la publication d’un rapport d’Amnesty International affirmant que le téléphone de M. Radi était espionné par les autorités via un logiciel de piratage. Ces dernières ont  toujours démenti, appelant l’ONG à fournir des preuves.

Cette audience s’est tenue au lendemain d’une déclaration du département d’État américain disant « suivre » le procès de M. Radi et exprimant sa « déception » suite à la condamnation vendredi d’un autre journaliste Soulaimane Raissouni à cinq de prison pour « agression sexuelle ».

La délégation interministérielle marocaine aux droits de l’Homme a jugé mardi le propos américain comme « partial » émanant « exclusivement des soutiens des accusés », selon un communiqué.

En mars 2020, le reporter avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir publié un tweet critiquant un verdict.

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