Les Gardiens de la Révolution iraniens ont annoncé avoir abattu jeudi un "drone espion américain"…
Le chef de l’ONU se dit « vivement préoccupé » par les frappes entre l’Iran et le Pakistan
Publié leLe secrétaire général de l’ONU s’est dit jeudi, par la voix de son porte-parole, « vivement préoccupé par les récents échanges de frappes militaires entre l’Iran et le Pakistan », sur fond de montée des tensions dans la région.
Antonio Guterres « exhorte les deux pays à faire preuve d’une retenue maximale afin d’éviter toute nouvelle escalade des tensions », a ajouté Stéphane Dujarric dans un communiqué, les appelant à régler leurs différends dans « le dialogue et la coopération ».
L’Iran a protesté jeudi contre des frappes meurtrières du Pakistan contre « des caches terroristes » sur son territoire, menées en riposte à une opération similaire des forces iraniennes sur le sol du voisin pakistanais.
Les autorités iraniennes ont convoqué le chargé d’affaires pakistanais pour « demander des explications au gouvernement pakistanais », a indiqué le porte-parole de la diplomatie à Téhéran, Nasser Kanani.
L’Iran et le Pakistan, seul pays musulman doté de l’arme nucléaire, sont confrontés depuis des décennies à des insurrections larvées, le long de leur frontière commune, longue d’un millier de km.
Ces attaques réciproques surviennent au moment où le Proche-Orient est secoué par la guerre qui oppose le mouvement islamiste palestinien Hamas à Israël dans la bande de Gaza, et les attaques des rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, contre des navires marchands en mer Rouge.
Cette montée de tension provoque « la vive inquiétude » de l’Union européenne tandis que Moscou a appelé à « la plus grande retenue » et que Pékin, qui entretient des liens privilégiés avec Islamabad et Téhéran, s’est dit prêt « à jouer un rôle constructif pour apaiser la situation ».
Pays ennemi de l’Iran et allié du Pakistan, les Etats-Unis ont dit ne « pas vouloir d’escalade » et suivre « de très près » les tensions entre Téhéran et Islamabad.
Avant l’aube, l’armée pakistanaise a frappé « avec des drones trois zones résidentielles proches de la frontière, détruisant quatre maisons » dans le sud-est de l’Iran, a indiqué le vice-gouverneur de la province iranienne du Sistan-Baloutchistan, Alireza Marhamati.
Neuf personnes ont été tuées, essentiellement des enfants et des femmes, et elles sont toutes pakistanaises, a-t-il ajouté, cité par l’agence officielle Irna.
Des médias locaux ont diffusé des images montrant des habitations très endommagées et des personnes rassemblées autour d’un cratère.
Le Pakistan a annoncé une « série de frappes de précision (…) contre des caches terroristes » au Sistan-Baloutchistan.
Elles ont été menées « au vu de renseignements crédibles sur d’imminentes activités terroristes à une large échelle », ont indiqué les Affaires étrangères à Islamabad, en faisant état de « terroristes » tués.
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Ce cycle de violences a commencé mardi soir avec une frappe aérienne de l’Iran contre des « cibles terroristes » au Pakistan, qui a causé la mort de deux enfants selon Islamabad.
Selon des médias pakistanais, l’attaque iranienne s’est produite près de Panjgur, dans le sud-ouest du Baloutchistan (Ouest).
Menée « par missile et par drone », elle a visé le quartier général au Pakistan du groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), en réponse à une « agression contre la sécurité » de l’Iran, selon l’agence de presse iranienne Mehr.
Jaish al-Adl, formé en 2012, a mené plusieurs attaques sur le sol iranien ces dernières années. Le groupe rebelle sunnite est considéré comme une « organisation terroriste » par les Etats-Unis et l’Iran, majoritairement chiite.
Après cette attaque, qualifiée de « totalement inacceptable » par Islamabad, le Pakistan a rappelé son ambassadeur en Iran. Son Premier ministre par intérim, Anwar-ul-Haq Kakar, a décidé d’abréger son déplacement au Forum de Davos en Suisse.
L’Iran et le Pakistan s’accusent fréquemment de permettre à des groupes rebelles d’opérer à partir de leurs territoires respectifs pour lancer des attaques, mais ce genre d’opérations impliquant les forces armées est rare.
En décembre, Jaish al-Adl a revendiqué une attaque contre un commissariat de police de la ville de Rask au Sistan-Baloutchistan, qui a coûté la vie à 11 policiers iraniens.
Pour le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian, Jaish al-Adl agit « contre la sécurité » de l’Iran et du Pakistan.
Mardi, l’Iran a aussi procédé à des tirs de missiles sur ce qu’il a qualifié de quartiers généraux d' »espions » et de cibles « terroristes » en Syrie et au Kurdistan irakien autonome, voisin du territoire iranien.
Les Etats-Unis ont condamné ces frappes iraniennes.
Le Pakistan, l’Iran et un peu l’Afghanistan abritent quelque 10 millions de Baloutches, qui sont majoritairement des musulmans sunnites et se plaignent d’être marginalisés et spoliés des ressources naturelles.