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Huile de table au Maroc: la baisse des prix ne dépassera pas les 30 centimes/L
Publié leLe gouvernement a décidé récemment de suspendre les droits d’importation applicables à certaines graines oléagineuses et aux huiles brutes. Une mesure que les professionnels du secteur ont certes saluée, mais qui ne devrait tout de même pas soulager les bourses des ménagères puisque le prix final n’a pas beaucoup changé. Quel est donc l’impact réel de cette mesure sur le marché national? Eclairage.
L’huile de table n’a jamais connu autant de succès. La retrouver sur plusieurs sites de vente en ligne, c’est dire à quel point elle se fait de plus en plus précieuse.
Ce précieux liquide, très convoité pour confectionner les recettes marocaines et bien d’autres qui en nécessitent abondamment, a vu ses prix s’envoler dans le Royaume. Et dans un pays qui consomme quelque 600.000 tonnes d’huile végétale par an, et qui n’en produit que 1,3%, l’avenir de cette huile inquiète les ménages marocains.
En 2020/2021 par exemple, le Royaume a importé 450.000 tonnes d’huile de soja faisant de lui le 7ème importateur mondial, selon les chiffres du Département américain de l’Agriculture (USDA).
En ce sens, le gouvernement a adopté, jeudi 2 juin 2022, le projet de décret n° 2.22.393 instaurant la suspension des droits de douane sur l’importation des graines oléagineuses et les huiles brutes. L’objectif? Atténuer l’impact de l’augmentation du coût des matières premières sur le prix de vente des huiles de table les plus consommées. Une décision qui concerne la suspension des droits d’importation applicables aux graines oléagineuses et les huiles brutes de tournesol, soja et de colza, à compter du 3 juin 2022.
«La décision et les efforts du gouvernement sont à saluer, dans un contexte marqué par une importante inflation et une flambée des prix des intrants à l’international», souligne un professionnel du secteur, souhaitant garder l’anonymat.
Selon notre interlocuteur, 80% des importions du Maroc en huiles brutes sont assujetties à 0% de droit de douane, en provenance des pays signataires liés au Maroc par des accords bilatéraux (Etats-Unis, Europe… ). Le reste des importations, soit -20%, proviennent essentiellement de pays comme l’Argentine, l’Ukraine avec des droits de douane de 2,5%.
«Dans le contexte actuel de hausse continue de cours des matières premières, l’impact de la suspension des droits de douane demeure minime», explique notre source.
Une réduction de 10 à 30 ct/L
Rappelons qu’en 2021, l’origine Europe a représenté 80 % des importations en huile tandis que l’argentine n’a représenté que 17% du total des importations en Soja du Maroc. La mesure de 2,5 % donne ainsi un impact direct de 300 DH/T (origine Argentine) ramené au litre, soit environ 30 centimes le litre (pour une origine 100% Argentine). Alors que sur une base d’importations à 80 % d’Europe et 20% d’Argentine, l’impact devient de l’ordre de 10 centimes seulement.
«La décision du gouvernement reste intéressante dans le cas d’espèce, soit une suppression de 2,5% de droits de douane des origines autres que l’Europe et les Etats-Unis., car elle permettra à terme de rendre le marché plus compétitif à l’importation», relève le professionnel.
Dans le même ordre d’idées, et depuis mars 2020, le déclenchement de la pandémie Covid-19 a poussé vers un renchérissement qui découle principalement du changement climatique dans le monde, avec une météo très particulièrement défavorable dans plusieurs régions productrices des graines oléagineuses.
La guerre en Ukraine, le pays étant le principal producteur mondial d’huile de tournesol, n’a à son tour pas beaucoup aidé. Ce qui a induit une flambée de l’huile végétale combinée à une indisponibilité des huiles au niveau mondial. Le prix du pétrole n’arrange pas les choses. Il a poussé vers le doublement, voire le triplement des coûts logistiques et du fret maritime dans le monde entier.
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Plus encore, l’évolution des prix du pétrole brut induit un intérêt accru pour le biodiesel à base des huiles végétales au détriment du marché de consommation domestiques. La plus forte progression de la production de biodiesels est attendue en Indonésie, le lien entre les prix de l’huile de palme et ceux du pétrole brut ainsi que l’évolution économique peuvent modifier considérablement la trajectoire de croissance projetée.
«Les producteurs nationaux des huiles de table se sont adaptés à cette conjoncture en répondant activement à leur devoir de citoyen en assurant et maintenant l’approvisionnement du Royaume en huiles de table tout en retardant le plus longtemps possible les répercussions de la hausse des cours mondiaux auprès des consommateurs marocains. Aujourd’hui, les acteurs nationaux se trouvent face à un manque de visibilité sans précédent», martèle notre source.
Une question de souveraineté nationale
L’avenir du marché des huiles au Maroc passe par une souveraineté nationale en termes de culture et de trituration des graines oléagineuses. Toujours selon notre source, l’Association des producteurs d’huile au Maroc travaille conjointement avec le gouvernement pour mettre en place les mécanismes nécessaires pour produire le maximum de graines oléagineuses en local.
«A terme, c’est en effet le seul moyen pour protéger le Maroc contre la flambée des prix à l’international. A ce titre, un plan d’action a été proposé au gouvernement», révèle ledit professionnel.
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Actuellement, tout l’enjeu pour le Maroc est d’essayer de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. C’est dans ce cadre que l’industrie marocaine des oléagineux a décliné des ambitions fortes à travers sa stratégie «Green Generation». Il aspire dans cette lignée, à doubler les superficies emblavées à 80.000 hectares à l’horizon 2030, dont 30.000 en colza et 50.000 pour le tournesol.
Cela devrait permettre d’atteindre une production capable de satisfaire, à cette échéance, 15% des besoins de consommation du marché intérieur contre 1,7% en 2019, et générer 170.000 emplois.
Car in fine, si la production locale est jugée coûteuse, c’est que les oléagineux ont atteint des prix record. Le Maroc, qui dépend totalement des importations pour satisfaire ses besoins, a intérêt à donner une nouvelle impulsion à la filière pour assurer sa sécurité alimentaire. Force est de reconnaître que l’activité avait une présence remarquée par le passé.
À l’époque, les huiles de table étaient subventionnées. Mais, actuellement, les exploitations qui s’intéressent aux oléagineux ne sont pas assez nombreuses pour assurer l’approvisionnement adéquat de l’aval agricole.
« Ce qui est certain, dans l’avenir, le marché devrait suivre les fluctuations que ce soit à la baisse ou à la hausse des cours mondiaux et les répercussions sur le prix de vente au public seront donc visibles. Ceci dit, les opérateurs du marché fourniront toujours des efforts afin de préserver au maximum le pouvoir d’achat du consommateur marocain », conclut notre source.