Hausse des prix: et si on se passait d’huile de tournesol?

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huile de tournesol
Un employé dans une usine de la société Lesieur Cristal, à Meknes au Maroc, le 25 mai 2015. (Photo AFP)

À cause de la guerre en Ukraine, l’huile de tournesol est devenue de plus en plus inabordable. Son prix a quasiment doublé. Elle est indispensable en cuisine pour la majorité des Marocains, que ce soit pour de la friture, de la mayonnaise ou encore de la vinaigrette. On peut pourtant facilement la remplacer, et sans se ruiner.

La guerre en Ukraine a déstabilisé les équilibres, déjà précaires, des marchés mondiaux des denrées alimentaires, y compris et surtout celui de l’huile de tournesol. Celle produite par le tournesol ukrainien constituait 50% du marché mondial avant l’invasion russe. 

Au Maroc, les effets de cette crise pèsent de plus en plus lourd sur le panier de la ménagère. Le pays étant classé parmi les 10 premiers importateurs de cette huile, son prix a quasiment doublé en l’espace de dix-huit mois en raison notamment des pénuries liées à la crise du Covid-19. Si au Maroc, il n’y a pas de risque de pénurie de ce produit, le conflit en Ukraine a accéléré la cadence des hausses.

Le prix national moyen des huiles végétales a augmenté de 3%, il y a à peine deux semaines, pour atteindre environ 18,90 dirhams le litre, selon les données du ministère de l’économie et des finances. Le pire, c’est que le consommateur marocain n’est pas à l’abri d’autres nouvelles augmentations du montant des tickets de caisse.

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“Si ça continue, l’huile végétale risque de devenir un produit de luxe”, ironise une mère de famille à la sortie d’un Carrefour Market de Casablanca. Elle hoche les épaules comme pour dire qu’en fin de compte, il n’y a pas d’autres alternatives. Pourtant, si. Des alternatives, il y en a toujours. Et si on en profitait pour adopter une nouvelle hygiène alimentaire?

La nutritionniste Valérie Alighieri recommande d’ailleurs l’huile d’olive plutôt que l’huile de tournesol. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, “l’huile de tournesol n’est pas particulièrement adaptée à la cuisson”. Cette huile, dit-elle, est instable. Elle se dégrade à des températures peu élevées. “Ceci la rend assez vite toxique en raison de la production de radicaux libres”, prévient Dr Alighieri. “Au contraire, l’huile d’olive est beaucoup plus stable à la chaleur”, précise-t-elle.

L’huile d’olive, meilleure pour la santé

Parmi les autres possibilités, il y a aussi le beurre ou les huiles de palme et de coco. “Le beurre est une matière grasse d’origine animale, il ne doit pas être diabolisé, car il reste intéressant à consommer en petite quantité : 1 ou 2 noix de beurre cru pour la journée suffisent”, explique la nutritionniste.

Et ce n’est pas tout, les “matières grasses animales contiennent des AG saturés qui, consommés en trop grande quantité, favorisent la production de plaques d’athérome au niveau des vaisseaux sanguins. Celle-ci rend les vaisseaux moins élastiques et peut boucher les petits vaisseaux jusqu’à provoquer des accidents vasculaires (infarctus, AVC ischémique …)”, complète-t-elle.

L’huile de tournesol est plébiscitée surtout pour la friture. Un mode de cuisson qu’il faut utiliser avec modération. “Tout le corps médical et en particulier les cancérologues, s’accorde pour recommander de limiter au maximum la consommation de fritures. Non seulement l’excès de matières grasses favorise l’obésité qui nous le savons est impliquée dans le développement de diverses pathologies (diabète type 2, maladies cardiovasculaires, cancers…) mais encore une alimentation riche en friture est potentiellement cancérigène”, averti Valérie Alighieri.
La consommation excessive et régulière de fritures provoque, dit-elle, une inflammation au niveau de la muqueuse colique qui favorise la croissance des tumeurs et exacerbe les maladies inflammatoires du côlon.

Il y a toujours une alternative

“Cette inflammation est liée à la production de radicaux libres lors du processus d’oxydation des acides gras lorsqu’on les chauffe. Les radicaux libres agressent les cellules, il accélère leur vieillissement et entraîne des anomalies au niveau de l’ADN cellulaire qui provoquent une multiplication anarchique de la cellule. Des cellules anormales peuvent apparaître et proliférer au sain des tissus sains pour former une tumeur”, explique la nutritionniste.

Faut-il pour autant se priver de certains plaisirs? Pas forcément, nous dit Amin, cuisinier dans un fast-food casablancais. “Pour faire des frites sans huile, il existe plusieurs solutions. La méthode la plus simple reste de les faire au four. On a un petit fast-food de quartier. La Covid nous a lourdement impacté. Quand on a réouvert, on a opté pour les frites au four. Le résultat est bluffant. Les clients nous le disent”, raconte notre interlocuteur.

Parfois, les alternatives à l’huile de tournesol paraissent faciles. C’est le cas du beurre fondu en pâtisserie. Des fois, ce n’est pas toujours évident, mais pas impossible. Internet regorge de recettes qui optent pour le beurre ou encore les huiles de palme et de coco. Et si vous croyez qu’on ne peut pas faire de la mayonnaise sans huile, détrompez-vous. Des œufs durs, du yaourt grec, et bien entendu de la moutarde, feront l’affaire…

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