Gaza: l’ONU s’alarme pour les civils avant l’offensive attendue sur Rafah

Publié le
Le chef de l'ONU au point de passage de Rafah en Egypte pour préparer l'entrée de l'aide à Gaza 
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, le 19 octobre 2023 au Caire. © Khaled DESOUKI / AFP

Le secrétaire général de l’ONU a averti lundi que les programmes d’aide humanitaire à la bande de Gaza prendraient fin en cas d’offensive sur la ville surpeuplée de Rafah, d’où Israël veut faire sortir les civils pour vaincre définitivement le Hamas. 

L’offensive « ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent; elle sonnerait également le glas de nos programmes d’aide », a prévenu Antonio Guterres devant le Conseil des droits de l’homme à Genève.

Adossée contre la frontière fermée avec l’Egypte, dans le sud de Gaza, Rafah est l’unique point d’entrée de l’aide humanitaire qui reste « totalement insuffisante », a-t-il souligné, pour le petit territoire palestinien, assiégé par Israël depuis le début de la guerre le 7 octobre contre le mouvement islamiste.

En Cisjordanie, le gouvernement de l’Autorité palestinienne a remis sa démission lundi au président Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité sur ce territoire occupé depuis 1967 par Israël, mais pas sur Gaza dont le Hamas a pris le contrôle en 2007.

Abbas a accepté cette démission, à l’heure où les tractations en coulisses s’intensifient pour réformer la direction politique palestinienne dans le cadre de l’après-guerre à Gaza.

Lire aussi. Maison Blanche: les discussions sur une libération des otages détenus à Gaza avancent

Alors que des pourparlers en vue d’une trêve se poursuivent au Qatar, de nombreux pays tentent de dissuader le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de lancer une offensive à Rafah, où sont massés, selon l’ONU, près d’un million et demi de Palestiniens.

Netanyahu a annoncé une prochaine opération terrestre contre cette ville qu’il présente comme le « dernier bastion » du Hamas, quatre mois après le début de l’offensive au sol lancée le 27 octobre dans le nord de Gaza puis étendue progressivement vers le sud.

Netanyahu a assuré dimanche que la « victoire totale » sur le Hamas ne serait alors qu’une question de « quelques semaines », soulignant qu’une trêve ne ferait que « retarder » cette offensive.

« De la place » au nord

L’armée a présenté lundi au cabinet de guerre « un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d’opérations à venir », selon le bureau du Premier ministre.

Netanyahu avait affirmé dimanche qu’il y avait « de la place » pour les civils « au nord de Rafah, dans les zones où nous avons terminé le combat ».

Lundi, un correspondant de l’AFP a signalé plusieurs frappes sur Rafah, sur Khan Younès, à quelques kilomètres plus au nord, et sur Zeitoun, dans le nord.

L’armée a affirmé avoir découvert un tunnel de dix kilomètres de long creusé sous des bâtiments civils entre Zeitoun et le centre de Gaza, où elle dit avoir trouvé des installations de stockage d’armes ainsi que « des corps de terroristes ».

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque sans précédent sur le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Durant l’attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère, de même que les Etats-Unis et l’Union européenne, comme une organisation terroriste.

L’offensive israélienne a fait 29.782 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas qui a dénombré lundi 90 morts en 24 heures.

Lire aussi. Vidéo. Sanchez: une opération israélienne à Rafah serait « une catastrophe »

Dans la bande de Gaza frappée par une catastrophe humanitaire majeure, 2,2 millions de personnes, selon l’ONU, soit l’immense majorité de la population, sont menacées d’une « famine de masse ».

L’aide internationale entre au compte-gouttes depuis l’Egypte, soumise au feu vert d’Israël, et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats.

Des Palestiniens de Gaza ont raconté à l’AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir alors que les rares convois d’aide atteignant le nord sont pillés par la population.

« Nous mourrons de faim », a lancé à l’AFP Abdallah Al-Aqra, 40 ans, réfugié à Gaza-ville. Il a affirmé que l’armée avait tiré dimanche « sur les gens affamés qui tentaient d’avoir de la farine » apportée par un camion d’aide.

Deux ONG, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ont accusé lundi Israël de continuer à limiter l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza malgré la demande en janvier de la Cour internationale de justice (CIJ).

Frappes dans l’est du Liban

Les pays médiateurs, Qatar, Egypte et Etats-Unis, tentent pendant ce temps de négocier avec les deux parties un compromis en vue d’une trêve.

D’après une source du Hamas, les discussions portent sur la première phase d’un plan élaboré en janvier par les médiateurs, qui prévoit une trêve de six semaines associée à une libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.

Mais Israël exige la libération de tous les otages lors de cette pause et a prévenu qu’une trêve ne signifierait pas la fin de la guerre.

Le Hamas réclame de son côté un cessez-le-feu complet, le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza et la levée du blocus imposé par Israël depuis 2007.

La guerre à Gaza a aussi ravivé les tensions à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.

Lundi, des frappes israéliennes ont visé pour la première fois depuis le début de la guerre des objectifs du Hezbollah dans l’est du Liban, tuant deux combattants du mouvement pro-iranien. Le Hezbollah a annoncé avoir tiré en représailles 60 roquettes sur une base militaire israélienne dans le plateau du Golan occupé.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Gaza: l’ONU s’alarme pour les civils avant l’offensive attendue sur Rafah

S'ABONNER
Partager
S'abonner