France: un os humain relance une affaire criminelle un siècle après
Publié leUne retentissante affaire criminelle vieille d’un siècle a ressurgi ce week-end avec des fouilles dans une maison de l’ouest de la France pour retrouver un cadavre et la découverte d’un os humain.
« L’affaire Seznec », sujet de téléfilms, d’une pièce de théâtre, de musique ou d’écrits divers, ressurgit 95 ans après la disparition d’un élu de l’ouest du pays.
Sans preuves ni aveux, Guillaume Seznec fut condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre un an plus tôt de Pierre Quémeneur, conseiller général en Bretagne avec lequel il était associé en affaires, ainsi que pour des faux en écriture. Mais le corps de Quémeneur n’a jamais été retrouvé.
C’est pour tenter d’élucider cette énigme qu’un ancien avocat de la famille, Denis Langlois, et l’auteur d’un livre sur l’affaire, Bertrand Vilain, ont lancé des fouilles « privées » samedi dans l’ancienne maison des Seznec.
Et un os humain a été découvert dans un ancien cellier de la maison, « peut-être une tête de fémur », selon le procureur de Brest Philippe Récappé.
Un morceau de pipe a été également retrouvé.
Un autre fragment d’os a été retrouvé dimanche, cette fois par les enquêteurs de la police qui ont pris le relais après les découvertes de la veille.
Avant de repartir dimanche vers 16H00 (15h00 GMT), ces derniers ont mis des scellés sur la maison avec les mentions: « lieu de recherche des causes de la mort » et « découverte de deux fragments d’os et une pipe ».
« On avait une information solide, un témoignage précieux. On n’a pas creusé au hasard », a dit à l’AFP Bertrand Vilain.
– ‘Ne rien dire’-
Ces nouvelles recherches font suite à la publication en 2015 du témoignage inédit d’un des enfants du couple Seznec, âgé de 11 ans au moment des faits, décédé en 1982. Il a été enregistré en 1978 par l’un de ses neveux.
« Petit-Guillaume » raconte avoir entendu sa mère repousser les avances d’un certain « Pierre » en ce jour ensoleillé de mai 1923, puis avoir vu Quémeneur par terre et sa mère debout devant lui.
« Je crois qu’elle a dû se défendre et le frapper à la tête », a-t-il dit, selon le récit qu’en a fait Denis Langlois dans « Pour en finir avec l’affaire Seznec » paru plus de 35 ans après avoir recueilli ce témoignage.
Selon « Petit Guillaume », en dehors de ses parents et de lui-même, seule une domestique, Angèle, présente dans la maison au moment du drame, fut mise au courant. Le jour même, « avec Angèle, on nous a fait jurer de ne rien dire », précise-t-il.
« L’hypothèse sur laquelle nous travaillons c’est que Pierre Quémeneur aurait tenté d’abuser » de l’épouse de Seznec qui « se serait défendue en le frappant avec un candélabre », a expliqué dimanche à l’AFP Bertrand Vilain.
L’explication de « Petit-Guillaume » est « la thèse la plus vraisemblable, la moins en contradiction avec les éléments du dossier », estime Denis Langlois, avocat entre 1976 et 1990 de la famille.
En 2015 déjà, M. Langlois avait demandé au procureur de Brest de faire procéder à des investigations dans l’ancienne maison familiale pour savoir si le corps y était enfoui.
Le procureur avait rejeté cette demande, estimant qu’elle ne pouvait émaner que du condamné, de ses descendants ou des autorités judiciaires compétentes.
Si les nouvelles fouilles corroborent le témoignage de « Petit Guillaume », une procédure de révision du procès de Seznec devrait être mise en route.
Depuis 1924, quatorze demandes en révision du procès ont été rejetées, la dernière en 2006.