France: les mesures de Macron pour la banlieue déçoivent
Publié leEmmanuel Macron s’était engagé pendant sa campagne électorale à favoriser « l’émancipation » des banlieues par l’école et le travail. En guise de « plan » pour ces zones paupérisées, le président a annoncé mardi son intention de « changer de méthode », avec quelques mesures non chiffrées pour favoriser le travail des femmes, créer des places de crèches, des stages pour les collégiens ou une « cour d’équité territoriale ».
Assez loin, estiment les critiques, de l’ambitieux « plan banlieues » élaboré, à sa demande, par l’ancien ministre Jean-Louis Borloo. Ce dernier avait appelé à « changer la donne », mettant en garde contre les risques « d’apartheid » et de « repli communautaire » dans les quartiers conjuguant toutes les difficultés (économiques, sociales, éducatives..) et se sentant oubliés par la République.
Un rapport désormais « enfoui » pour Le Parisien, « enterré » pour L’Humanité (communiste), « escamoté » pour Le Figaro…
Pour le quotidien catholique La Croix, Emmanuel Macron a « privilégié le verbe », tandis que Libération, ironise sur un « plan-plan » dont l’objectif serait de « ne pas faire quelque chose ».
Nombreux sont ceux qui questionnent l’intérêt d’avoir missionné Jean-Louis Borloo.
Des élus de banlieue ont exprimé leur déception, comme Jean-Louis Marsac, maire de gauche de Villiers-le-Bel, une commune de la région parisienne secouée par de graves émeutes il y a dix ans : « dans les annonces, il n’y a pas grand-chose » ; « Ce qui manque, c’est vraiment la relance de la rénovation urbaine ».
L’ancien maire de Sevran (au nord-est de Paris) Stéphane Gatignon, qui avait fait une grève de la faim en 2012 pour réclamer plus de moyens financiers pour les villes défavorisées, s’est dit déçu par « un truc qui s’étiole ».
Globalement, la gauche — France insoumise, communistes, socialistes — a dénoncé un rendez-vous raté avec les banlieues, faute de moyens humains et financiers et de volonté politique forte, y voyant souvent un « mépris » pour les banlieues et les élus de terrain.
A droite, Les Républicains sont également montés au créneau. Leur patron Laurent Wauquiez a critiqué la « politique spectacle » du président, pointant « un risque de fracture, avec des territoires totalement oubliés », selon un proche.
« Il a éludé la question essentielle du séparatisme culturel qui touche nos banlieues », a surenchéri le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, quand la patronne de l’extrême droite évoquait « immigration » et « islamisme ».
« Quasiment pas le mot immigration, quasiment pas le mot fondamentalisme islamiste. Or on sait parfaitement que ce sont des problématiques qui sont en partie à la source des difficultés des banlieues. Alors refuser de voir ces réalités-là, c’est évidemment se condamner à l’échec », a déclaré Marine Le Pen.