États-Unis: la sélection du jury entre dans le dur au procès de Trump

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L'ancien président Donald Trump revient dans la salle d'audience le deuxième jour de son procès pour avoir prétendument dissimulé des paiements d'argent secrets liés à des relations extraconjugales après une suspension du tribunal pénal de Manhattan le 16 avril 2024 à New York. (Photo de JUSTIN LANE / PISCINE / AFP)

Sélectionner 12 citoyens impartiaux pour juger Donald Trump: ce long et délicat processus est entré dans le dur mardi au procès historique de l’ancien président américain.

A la mi-journée, 12 jurés, le nombre requis, ont été pré-sélectionnés après avoir répondu à un long questionnaire qui a dévoilé des pans entiers de leur vie devant le tribunal: leur profession, leur situation familiale, leurs sources d’information, leurs centres d’intérêts.

Mais ils n’en ont pas fini: à leur tour, l’accusation et la défense vont avoir tout loisir de les cuisiner en détail, pour déceler tout soupçon de partialité envers Donald Trump, le premier ancien président américain à comparaître au pénal.

« Je dirais que je suis un démocrate, mais quand je suis ici, pour moi (Donald Trump) est un prévenu et il n’est rien d’autre que ça », a déclaré un juré potentiel, sous les yeux du milliardaire républicain.

Un autre a confié avoir déjà lu des livres de Donald Trump, comme le fameux « The Art of The Deal », mais que rien ne l’empêcherait d’être un juré « juste et impartial ».

Un autre, ex-avocat, a fait rire l’assistance en avouant qu’il avait été « un grand fan », lors de ses années de collège, de « The Apprentice », la célèbre émission de téléréalité dans laquelle Donald Trump lançait aux candidats « vous êtes viré ».

Biden en campagne

L’accusation et la défense ont le pouvoir de récuser un certain nombre de candidats sans devoir fournir de justification. Lundi, sur un premier groupe de 96 admis dans la salle d’audience, les deux tiers avaient été exemptés d’emblée, en majorité parce qu’ils se sont déclarés incapables de se montrer impartiaux.

En pleine campagne présidentielle, Donald Trump, 77 ans, doit assister, en silence, à ce long et fastidieux processus, au moment où son rival Joe Biden fait campagne sur le terrain dans sa ville natale de Scranton, dans l’Etat de Pennsylvanie (nord-est), crucial pour l’élection de novembre.

« C’est un procès qui n’aurait jamais dû exister », a affirmé l’ancien président républicain, qualifiant une fois encore de « juge anti-Trump » le juge Juan Merchan qui lui a imposé lundi d’être présent aux audiences, soit quatre jours par semaine.

« Je devrais être en ce moment même en Pennsylvanie et en Floride, dans beaucoup d’autres États, en Caroline du Nord, en Géorgie, en train de faire campagne », a ajouté Donald Trump, avant de s’asseoir dans son fauteuil de prévenu.

« Tout cela vient de la Maison Blanche », a encore déclaré celui qui qualifie ses affaires judiciaires de « persécution politique ».

Donald Trump est poursuivi pour des paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star de films X Stormy Daniels , à quelques jours du scrutin de 2016 qu’il avait remporté sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.

Plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, il encourt en théorie une peine de prison. Cela ne l’empêcherait pas d’être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d’une revanche sur Joe Biden, mais projetterait la campagne dans l’inconnu.

Lire aussi. Etats-Unis: le procès pénal historique de Trump s’ouvre en pleine campagne présidentielle

S’il était déclaré non coupable, ce serait un succès majeur pour le candidat républicain.

D’autant plus qu’il est parvenu à force de recours à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020, et un pour gestion supposément désinvolte de documents classifiés.

Donald Trump est inculpé de falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de « frais juridiques », le paiement de 130.000 dollars à Stormy Daniels par son avocat personnel de l’époque, Michael Cohen.

En échange, cette dernière avait accepté de taire une relation sexuelle avec le milliardaire en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense assure que les paiements relevaient de la sphère privée.

Mais le procureur Alvin Bragg entend démontrer qu’il s’agit bien de manoeuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.

« Personne ne peut sérieusement contester que la raison pour laquelle lui (Michael Cohen, NDLR) et Trump ont mis au point ce stratagème était de priver les électeurs d’informations qui auraient pu changer le résultat d’une élection extrêmement serrée », a ainsi expliqué l’analyste judiciaire Norman Eisen pour la chaîne CNN.

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