« Au cours des sept dernières années dans le nord du Sinaï, l’armée égyptienne a illégalement expulsé des dizaines de milliers d’habitants, détruisant leurs maisons, leurs fermes et leurs gagne-pains », a souligné Joe Stork, directeur adjoint du département Afrique du Nord/Moyen-Orient à HRW, cité dans le communiqué.
L’ONG avait déjà accusé en 2019 les forces de sécurité égyptiennes d’avoir commis des « crimes de guerre » au Sinaï. Des accusations rejetées par Le Caire.
Les quelque 12.350 bâtiments ont été détruits entre fin 2013 et 2020 par les forces armées dans la zone d’al-Arich, capitale du Nord-Sinaï, selon l’ONG qui s’est notamment appuyée sur des documents officiels et des témoignages recueillis avec la Fondation du Sinaï pour les droits humains.
L’armée a également « rasé, détruit ou interdit l’accès » à environ 6.000 hectares de terres arables autour d’al-Arish et du terminal de Rafah, frontalier de Gaza. HRW se fonde sur des analyses d’images par satellite corroborées par des témoignages.
L’objectif de l’armée était de constituer, d’après elle, une zone tampon autour de l’aéroport d’al-Arish.
Selon l’ONG, ces démolitions sont des « violations du droit humanitaire international, ou du droit de la guerre, et s’apparentent à de possibles crimes de guerre ».
L’organisation de défense des droits humains précise que les autorités égyptiennes n’ont pas répondu à ses sollicitations concernant ces démolitions.
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Depuis des années, les forces égyptiennes s’efforcent de mettre fin à l’insurrection dans la péninsule du Sinaï, menée par une branche locale du groupe Etat islamique (EI).
Et, depuis février 2018, elles mènent une opération au niveau national contre les militants islamistes, principalement axée sur le nord du Sinaï et le désert occidental.
Si les informations officielles sur le conflit au Sinaï demeurent rares et la région interdite aux journalistes, Le Caire a affirmé par le passé que les destructions et les expulsions étaient nécessaires dans sa lutte contre l’EI.
S’agissant du dédommagement des habitants, HRW a établi que le processus restait « opaque » et « lent ».
« Des milliers de personnes n’ont jamais été enregistrées pour recevoir une indemnisation ou attendent encore » et beaucoup n’ont « pas d’autre alternative que de construire des cabanes » rudimentaires », indique le rapport.