Dr Tayeb Hamdi: «À Casablanca, nous n’avons plus les moyens d’effectuer suffisamment de tests»
Publié leLa situation dans la capitale économique et sa région a poussé à un confinement en urgence. Les indicateurs sont au rouge et posent la question d’un éventuel dépassement dans la capacité à dépister et à traiter précocement. L’avis de Tayeb Hamdi, vice-président de la fédération nationale de la Santé, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.
Le ministère de la Santé affirmait la semaine dernière que le Maroc avait dépassé le pic épidémiologique. Les chiffres annoncés ce dimanche 6 septembre, avec la découverte de 2.234 nouveaux cas d’infection au Covid-19, semblent contredire cette théorie.
Interrogé par H24Info, Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes santé et également vice-président de la Fédération Nationale de la santé explique cet enthousiasme précoce par un léger fléchissement de la courbe. En effet, «les pronostics étaient plus dramatiques, nous avons peut-être réussi à aplatir la courbe, mais en aucun cas nous l’avons recourbé, ni encore dépassé», souligne-t-il.
«Nous avons espéré que ça soit vrai, mais ce n’est pas le cas. Premièrement parce que le nombre de tests que nous effectuons au jour d’aujourd’hui n’est pas suffisant. De plus, lorsque nous parlons de situation épidémiologique, nous devons essentiellement scruter, le nombre de cas admis en réanimation et celui des décès, qui stagnent depuis plusieurs semaines autour des 30 à 40 décès quotidiens», poursuit-il.
«Plus de tests»
Pour sa part, le ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, affirmait ce lundi 7 septembre, que le Maroc sera confronté à une nouvelle problématique. «50% des cas sont symptomatiques désormais, tandis que l’autre 50% ne présente pas de symptômes. Ceci conduirait à une augmentation des cas symptomatiques jusqu’à ce qu’ils dépassent les cas asymptomatiques, et ceci pose un véritable problème», a expliqué le ministre.
Pour le docteur Hamdi, ce nouveau cas de figure est tout simplement «illogique». «Cela veut certainement dire que nous n’avons plus les moyens d’effectuer suffisamment de tests, surtout sur ceux que nous appelons les cas contacts». Par ailleurs, «cela va poser un grave problème à notre système de santé qui est déjà submergé et qui accueille bien souvent des cas à des stades très avancés de la maladie», alerte le médecin.
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«Il faudrait donc multiplier le nombre de tests et pour ce faire il faut impliquer davantage le citoyen en tentant de vaincre la peur qui grandit en lui», estime Dr Hamdi, également président du Syndicat national de médecine générale (SNMG).
Pour rappel, le dernier bilan du ministère de la santé porte à 72.394 le nombre de contaminations dans le royaume depuis le premier cas signalé le 2 mars et à 55.274 celui des personnes totalement rétablies, soit un taux de guérison de 76,4%, a précisé le ministère dans son compte rendu quotidien. Le nombre de décès est passé à 1.361 avec 32 nouveaux enregistrés au cours des dernières 24 heures.