Deux traducteurs marocains risquent gros pour plagiat en Espagne

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Une des œuvres contenant du plagiat. Crédits : El Espanol.

Deux traducteurs se seraient approprié des traductions égyptiennes, libanaises ou encore syriennes. Le ministère espagnol de la culture, qui leur a octroyé des milliers d’euros de subventions, pendant des années, s’est saisis de l’affaire.

Driss Jebrouni et Mohamed Elkadi, deux traducteurs notoires au Maroc, auraient pendant des années plagié des œuvres d’autres confrères à travers le monde. « Ils les prennent dans leur intégralité et les utilisent sans effort. C’est-à-dire qu’ils signent comme si elles étaient les leurs, comme s’ils les avaient préparés eux-mêmes», dénoncent des traducteurs auprès du média El Espanol, qui a mené une enquête.

Les deux traducteurs ont signé les traductions en arabe de grands classiques, parmi lesquels on retrouve notamment, «Platero et moi» de Juan Ramón Jiménez, «Le sentiment tragique de la vie» de Miguel de Unamuno, ou encore «Le oui des jeunes filles», de Leandro Fernández de Moratín. Ils ont été commissionnés par Litograf Editions et Communications qui est la seule maison d’édition à recevoir, depuis une décennie, les subventions de l’Etat espagnol pour la traduction en arabe d’œuvres espagnoles, précise le média.

Au fil des années, ce sont des milliers d’euros qu’ont perçu les deux traducteurs et la maison d’édition. D’ailleurs Litograf qui est l’unique bénéficiaire de ces aides au Maroc, est celle qui perçoit le plus grand montant alloué par le ministère de la Culture espagnol et destiné aux éditeurs dans les quatre coins du globe. A titre d’exemple, en 2014, Litograf a perçu 16 900 euros sur le total de 188 000 euros que le ministère alloue à une vingtaine de pays, note El Espanol.

Plagiat et micmac

L’entourloupe des deux traducteurs en question est dénoncée depuis 2013 par l’Association des hispanistes du Maroc qui a déjà déposé une plainte la même année, mais qui est restée lettre morte durant toutes ces années.

Pourtant au-delà du copier-coller flagrant, certains détails ne trompent pas, poursuit la même source. En effet, les deux traducteurs ont plagiat une traduction réalisée par l’Égyptien Salah Fadl de «L’Étoile de Séville» de Lope de Vega, en reprenant même les notes en bas de page. Pourtant, sur cette traduction apparaît la mention «notes du traducteur», au lieu de «notes des traducteurs», vu qu’ils étaient deux à la réaliser.

Encore plus étonnant, en 2013, Litograf a reçu 12 200 euros pour la traduction de trois livres. Comme il est d’usage, l’octroi de la traduction décernée à un autre de leur confrère, Khalid Raissouni a été publiée dans le bulletin officiel de l’Etat. «Cependant, il a finalement été traduit par Elkadi et Jebrouni, ce qui n’est pas autorisé dans le règlement du concours», note le média espagnol.

«Il ne m’a pas laissé faire la traduction», explique Khalid Raissouni, qui dit avoir prévenu le rédacteur en chef de Litograf, qui finira par «confier le travail aux mêmes traducteurs, et par conséquent (nous) nous sommes retrouvés avec un autre plagiat», dénonce-t-il.

Suite aux révélations du média espagnol, le ministère de la Culture a annoncé qu’il allait enquêter sur ces présumés cas de fraude. «Nous sommes les premiers intéressés par ces supposés cas de fraudes, il est évident qu’ils doivent nous restituer cet argent pour commencer», s’insurge-t-on depuis le ministère en question.

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