Une équipe de recherche internationale vient de mettre en évidence, pour la première fois en…
Des fossiles de dinosaures à bec de canard découverts au Maroc
Publié leUne étude a récemment dévoilé que des fossiles de dinosaures à bec de canard de la taille d’un poney provenant du Maroc ont été découverts par une équipe internationale de scientifiques. Elle révèle un lien surprenant entre les dinosaures d’Europe et ceux d’Afrique. Détails.
Comment des dinosaures à bec de canard, un groupe évoluant en Amérique du Nord, ont pu finir au Maroc ? Alors qu’il y a 66 millions d’années, vers la fin de la période du Crétacé, la montée des eaux et la fragmentation du supercontinent Pangée ont laissé l’Afrique comme un continent insulaire isolé, entouré de toutes parts par l’eau.
Une nouvelle étude publiée dans le « Scientific Reports » révèle non seulement que les dinosaures à bec de canard ont réussi à traverser la mer de Téthys, mais aussi qu’ils sont devenus très diversifiés après avoir colonisé l’Afrique, avec au moins trois espèces habitant l’Afrique du Nord à la fin du Crétacé.
Our new little duckbill dinosaur, Minqaria bata, from the late Maastrichtian of Morocco. Minqaria is the second duckbill from Morocco. It differs from the other, Ajnabia, in the jaws and teeth, suggesting duckbills diversified after crossing from Europe into North Africa. pic.twitter.com/TgXhDO2dEo
— Nick Longrich (@NickLongrich) February 19, 2024
Des fossiles retrouvés au Maroc révèlent une nouvelle espèce de dinosaure à bec de canard. Il s’agit de « Minqaria bata », une espèce mesurant environ 3 à 4 mètres de long et pesant près 250 kg, soit la taille d’un poney. Bien que l’animal soit petit selon les standards des dinosaures à bec de canard. Ses os du crâne étaient étroitement soudés, montrant qu’il était bel et bien mature.
L’anatomie du nouveau dinosaure à bec de canard ressemble étroitement à celle des espèces européennes. Une ressemblance qui suggère que les dinosaures à bec de canard ont nagé ou flotté sur plusieurs centaines de kilomètres d’eau libre pour trouver ensuite refuge en Afrique du Nord. Aussi, des os plus gros suggèrent l’existence d’une troisième et plus grande espèce de 5 à 6 mètres de long.
What’s more the sutures of the braincase are tightly knit and in places are fused. It’s small, but fully grown. This confirms what we thought with Ajnabia- Moroccan duckbills are tiny animals. pic.twitter.com/XACE70VCa4
— Nick Longrich (@NickLongrich) February 19, 2024
L’étude a été menée par Nicholas Longrich du Centre Milner pour l’évolution de l’Université de Bath, Xabier Pereda-Suberbiola de l’Université du Pays Basque, Nathalie Bardet du Muséum National d’Histoire Naturelle ainsi que Nour-Eddine Jalil, du Muséum National d’Histoire Naturelle et du Musée d’Histoire Naturelle de Marrakech, Université Cadi Ayyad.
Le nouveau dinosaure est nommé Minqaria bata. Il ressemble au seul dinosaure à bec de canard africain précédemment connu, Ajnabia odysseus, mais la forme des mâchoires et des dents reste tout de même distincte. Selon les scientifiques il s’agirait en fait d’une espèce différente et probablement occupant une niche écologique différente.
Ils devaient être « des animaux bruyants et vocaux« , a déclaré Longrich, qui a dirigé ladite étude. « Les oiseaux modernes vocalisent pour trouver des partenaires ou pour déclarer des territoires. Mais ils sont particulièrement vocaux en groupes – un groupe de flamants ou une colonie de pélicans nicheurs est extrêmement bruyant, communiquant constamment. Il est donc probable que, comme les oiseaux, ces dinosaures à bec de canard étaient des animaux sociaux« . Longrich déduit donc qu’il devait probablement y avoir des troupeaux de ces petits dinosaures à bec de canard errant sur les côtes du Maroc il y a 66 millions d’années.
How did duckbills- which evolved in North America- reach Africa, which was an island continent in the Late Cretaceous? Most likely, they rafted or swam. Once there, they staged an adaptive radiation, evolving to occupy different niches. pic.twitter.com/4zcBixRdAC
— Nick Longrich (@NickLongrich) February 19, 2024
L’on retient ainsi que le Minqaria était un animal de petite taille, mais ses os, entourant le cerveau, sont étroitement soudés et partiellement fusionnés, montrant qu’il s’agissait d’un adulte pleinement développé. Parallèlement, l’autre espèce marocaine, Ajnabia, était d’une taille similaire. Des os plus gros étudiés par l’équipe, notamment un os de bras et un os de cuisse, suggèrent une troisième espèce, plus grande.
« Non seulement les dinosaures à bec de canard ont réussi à atteindre l’Afrique à la fin du Crétacé, mais une fois là-bas, ils ont rapidement évolué pour tirer parti des niches ouvertes et sont devenus diversifiés”, explique la même source.
Quant à leur arrivée en Afrique, pour l’instant les réponses sont toujours floues. Car à l’époque, le continent s’est retrouvé flottant seul dans l’océan à l’image d’un continent insulaire. Mais les dinosaures à bec de canard, évoluant longtemps après que les connexions terrestres aient été rompues, ont réussi d’une manière ou d’une autre à arriver en Afrique.
Une nouvelle espèce de dinosaure découverte au Maroc
« Il est extrêmement improbable que des dinosaures aient pu traverser l’eau pour atteindre l’Afrique« , a déclaré Longrich, « mais improbable n’est pas synonyme d’impossible. Et avec suffisamment de temps, des choses improbables deviennent probables. Ces becs de canard sont peut-être la découverte la plus surprenante de ma carrière”, conclut-il.