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De l’Irak à la Russie, deux décennies meurtrières pour les journalistes
Publié leDe l’Irak à la Syrie en passant par la Russie et le Mexique, en terrain de guerre comme en zone de paix, près de 1.700 journalistes ont été tués depuis 2003, un lourd tribut dénoncé vendredi par Reporters sans frontières.
Au total, sur les 20 dernières années, 1.668 journalistes – professionnels ou non et collaborateurs des médias -, des hommes à plus de 95%, ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction, soit 80 par an en moyenne, selon le bilan établi par RSF.
« Derrière les chiffres, il y a les visages, la personnalité, le talent et l’engagement de celles et de ceux qui ont payé de leur vie leur collecte d’information, leur recherche de la vérité », souligne son secrétaire général Christophe Deloire dans un communiqué.
Marqués par la guerre, l’Irak et la Syrie dominent, sur la période 2003-2022, le classement des pays les plus dangereux pour la profession, avec un total de 578 tués.
Ils rassemblent ainsi à eux seuls « plus d’un tiers des reporters tués », devant le Mexique (125), les Philippines (107), le Pakistan (93), l’Afghanistan (81) et la Somalie (78).
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Les années « noires » pour la profession remontent à 2012 et 2013, avec « respectivement 144 et 142 homicides », liés notamment au conflit en Syrie, souligne l’organisation de défense de la liberté de la presse.
Si ces pics meurtriers ont été suivis « d’une accalmie progressive, puis de chiffres historiquement bas à partir de 2019 », le nombre de morts est reparti à la hausse en 2022 avec 58 journalistes tués contre 51 l’année précédente, en raison de la guerre en Ukraine.
Huit y ont ainsi perdu la vie depuis l’invasion russe de février, s’ajoutant aux 12 reporters qui y avaient été assassinés « au cours des 19 années précédentes ».
D’où la deuxième place de l’Ukraine au classement des pays les plus dangereux d’Europe, derrière… la Russie (25 tués en 20 ans).
« Depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, les atteintes – y compris mortelles – à la liberté de la presse y ont été systématiques, comme l’a souvent dénoncé RSF, avec notamment la liquidation emblématique d’Anna Politkovskaïa le 7 octobre 2006 », insiste l’ONG.
Avec huit morts recensés, la France apparaît au quatrième rang européen, derrière la Turquie (neuf), conséquence de la tuerie de Charlie Hebdo en 2015.
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A l’échelle mondiale, la couverture des affrontements armés explique beaucoup de décès: depuis 2011, plus de la moitié ont été enregistrés dans des zones de combats comme la Syrie ou le Yémen.
Mais, signe de la diminution de l’intensité de certains conflits, comme de « l’efficacité des mesures de prévention et de protection mises en oeuvre par les rédactions », la mortalité en zone de guerre « s’est stabilisée en dessous des 20 victimes par an ».
Et les zones de paix ne sont pas forcément plus sûres: sur l’ensemble des deux décennies étudiées, elles ont compté « plus de journalistes tués » que les zones de guerre, constate RSF, invoquant les liquidations liées aux « enquêtes sur le crime organisé et la corruption ».
Concentrant près de la moitié des victimes de 2022, le continent américain (Mexique, Brésil, Colombie, Honduras…) s’avère ainsi « aujourd’hui incontestablement le plus dangereux pour les médias », d’après l’ONG qui milite pour la mise en place et le renforcement de politiques de protection spéficiques.
Si les hommes sont surreprésentés parmi les victimes enregistrées depuis 2003, 81 femmes journalistes ont été tuées en 20 ans, avec des pics « particulièrement alarmants » selon les années.
En 2017, 10 d’entre elles ont ainsi péri dans le cadre de leur métier – à l’instar de la reporter d’investigation maltaise Daphne Caruana Galizia – soit un « pourcentage record de 13,5% de la mortalité totale ».
Selon l’Unesco, dans le monde, les meurtres de journalistes restent impunis dans près de neuf cas sur dix.