Covid-19: tout ce qu’il faut savoir sur l’effrayant foyer de Lalla Mimouna

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Le foyer déclaré à Lalla Mimouna a réveillé les pires craintes. La région tout entière a été exclue du déconfinement progressif décidé par l’État et est désormais rongée par la peur. Néanmoins, des leçons sont à tirer.

En passant par Delalha, Moulay Bousselham et Souk El Arbaa, toutes les communes et douars près de Lalla Mimouna sont verrouillées et confinées depuis le vendredi 19 juin. En cause: la découverte du plus large foyer depuis le début de l’apparition de l’épidémie dans le royaume.

Le nouveau bilan présenté ce samedi 20 juin fait état d’une centaine de nouveaux cas d’infection au Covid-19 dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, tous concentrés dans la petite commune de Lalla Mimouna, près de Moulay Bousselham (30 kilomètres de Larache). Une centaine de cas qui viennent s’ajouter à près de 600 cas détectés tout au long de la semaine.

 

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Les personnes infectées sont pour la plupart des travailleurs saisonniers de deux sociétés espagnoles installées dans la région et spécialisées dans la cueillette et le conditionnement de fruits rouges, rapporte l’agence de presse espagnole EFE. Frigodar est la société se trouvant dans la petite commune de Lalla Mimouna. Elle ne compte pas moins de 457 cas actifs, tandis que la deuxième société, Natberry, située dans la commune de Chouafaa, a enregistré quelque 103 cas positifs au nouveau coronavirus.

Craintes face à une catastrophe humaine

Les cas des deux usines ont à leur tour infecté les communes avoisinantes. Devant l’urgence de la situation, un ordre d’interdiction de circulation a été annoncé dans l’après-midi du vendredi 19 juin.

Contacté par H24 info, Cherif, un commerçant du petit village de pêcheurs de Moulay Bousselham confie avoir été pris au piège à Souk El Arbaa. «J’étais en déplacement pour le travail, quand j’ai su que pratiquement toute la région avait été confinée à nouveau», nous explique-t-il.

«Hier (vendredi 19 juin), le wali de la région et les autorités se sont rendus sur place et tous les petits villages et douars environnants ont été celés avec l’interdiction d’entrer et de sortir. La gendarmerie contrôlait chaque entrée et sortie, mais par chance on m’a permis de regagner la ville», enchaîne notre interlocuteur.

 

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«Nous avons su quelques heures après que plus de 600 cas a été concentrés dans la région. C’était comme un choc et les gens commencent à avoir peur après avoir longtemps cru qu’on était épargné. Certes aucun cas n’a à être détecté à Moulay Bousselham, mais nous ne sommes qu’à une vingtaine de kilomètres», nous confie Cherif.

Ali, un gérant d’une maison d’hôte à Moulay Bousselham, nous évoque quant à lui «un mouvement de panique et de peur générale» qui a gagné la région. «Mais à Moulay Bousselham la situation est moins inquiétante, étant donné que la majeure partie des travailleurs et travailleuses saisonniers viennent de communes voisines et s’installent pour leur travail dans la commune de Lalla Mimouna durant toute cette période», affirme Ali.

Responsabilité de l’employeur

Localement une campagne de dépistage massif a été menée par les autorités sanitaires. Sur les 1 500 travailleurs saisonniers, au moins 600 personnes ont été infectées au Covid-19 (au moment de la publication de l’article). Ce sont près de la moitié des travailleurs qui sont donc contaminés et tout naturellement toutes les sources pointent du doigt la responsabilité des employeurs, qui n’ont pas garanti les mesures d’hygiène, devenues indispensables en temps d’épidémie.

Des mesures très simples et accessibles, à savoir l’utilisation de masque tout en respectant la distanciation sociale et tout cela est parfaitement maitrisable, nous déclare Dr Tayeb Hamdi, président du Syndicat national de médecine générale (SNMG) et exerçant à Larache. «Ce sont des mesures qui doivent être prises par l’employeur», souligne notre interlocuteur, qui pointe aussi la responsabilité du médecin de travail «si toutefois il y en a dans ces usines».

 

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Bien que la situation soit critique, «le suivi de ces nouveaux cas ne pose pas un réel défi», affirme Dr Hamdi. «L’isolement de ces nouveaux cas dans la région peut tout à fait être réussi, étant donné que la majeure partie est encore des jeunes qui espérons-le n’auront pas besoin d’aller en soins intensifs», affirment le médecin.

Un seul défi demeure, celui «de réussir à dépister toutes personnes ayant été contacts avec ce grand nombre de porteurs du virus et de pouvoir réussir l’isolement». Un défi pour lequel reste optimiste le président du SNMG qui rappelle «qu’aujourd’hui nous sommes pratiquement à 20.000 tests effectués par jour». De plus, «bien que les autorités aient décidé de regrouper tous les cas, nos hôpitaux peuvent être sollicités, étant donné qu’ils sont parfaitement en mesure de prendre en charge des patients atteints du Covid-19», souligne-t-il.

Les craintes sont aussi partagées par les proches des saisonniers, qui peuvent être des personnes âgées. «Ces derniers auront éventuellement besoin d’une hospitalisation médicale ou d’aller en soins intensifs, d’où la nécessité de dépister rapidement et d’isoler les porteurs du virus afin d’éviter le drame», souligne notre interlocuteur.

«Etre réactifs»

«Avec le déconfinement il faudra donc redoubler de vigilances, sinon notre destin sera celui de Lalla Mimouna, si les mesures barrières ne sont pas respectées. Car à chaque fois qu’il y aura un cas porteur dans une communauté, il transmettra la maladie à d’autres et ses autres personnes le feront à leur tour», avertit le président du SNMG.

«La découverte de cas ne doit cependant pas apeurer l’opinion publique, car nous continuerons à observer de nouveaux cas. Les craintes s’installent uniquement s’il s’agit de cluster et de foyer épidémique. D’ailleurs d’autres pays qui sont à un stade plus avancé dans le déconfinement, enregistrent encore des milliers de cas quotidiens d’infection au Covid-19», souligne notre interlocuteur.

La réussite d’un déconfinement n’est pas «la réduction optimale de l’apparition de nouveaux cas, mais elle réside dans la capacité de l’État à détecter les foyers, la recrudescence et une éventuelle deuxième vague». Face à un nouveau foyer, «il faudra confiner localement, en isolant géographiquement la région, jusqu’à ce que la situation soit maitrisée», estime Dr Hamdi.

 

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À la date du 20 juin, le nombre d’infections au nouveau coronavirus (Covid-19) s’établit à 9 801. Le nombre de cas guéris s’élève à 8.133 avec 16 nouvelles rémissions, alors que celui des décès stagne à 213 cas, selon les données fournies par le ministère de la Santé.

 

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