Covid-19: ce « variant marocain » inoffensif qui anime les débats
Publié leL’existence d’un variant marocain du covid-19 anime l’opinion publique depuis hier. Le ministère de la Santé et les experts rappellent qu’aucun variant autochtone ayant un impact sur la santé publique n’a été pour le moment détecté. Explications.
Dans une publication Facebook partagée hier, dimanche 4 avril, le professeur Azzedine Ibrahimi dévoile plusieurs informations scientifiques d’une étude établie par des chercheurs marocains et qui n’a pas encore été publiée.
Parmi celles-ci, la détection d’une « souche 100% marocaine, en attendant la détermination de ses caractéristiques biologiques » fait beaucoup parler. A tel point que le directeur du laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et membre du comité scientifique de vaccination a diffusé une seconde publication pour dissiper les doutes et questionnements exprimés par les internautes.
Pr. Ibrahimi a ainsi insisté sur « l’absence de caractéristiques biologiques », le fait que cette souche « n’a été détectée que dans une seule région » et qu’elle « n’a aucun impact sur la propagation du virus ni sur la gravité de la maladie après l’infection, ni sur la réponse immunitaire ». « Toutes les souches que nous voyons aujourd’hui et répandues au Maroc avec de grandes proportions appartiennent à la souche classique et à la souche britannique », a-t-il explicité, prévoyant en même temps que cette dernière « prévaudra au Maroc et entraînera la chute de toutes les autres souches ».
Quelques heures après, le ministère de la Santé a diffusé un communiqué officiel sur la situation épidémiologique actuel et rassure sur cette question de variant marocain. « A côté des mutations spécifiques des variants détectés, de nouvelles mutations sont régulièrement décelées mais sans impact clinique ni épidémiologique. Cette dynamique virale est constatée de par le monde », lit-on dans le communiqué.
Aucun variant autochtone préoccupant
Et d’ajouter: « Le Consortium National de Veille Génomique du SARS-CoV2 continuera à informer les autorités sanitaires de l’évolution génétique des souches du SARS-CoV2 circulant au Maroc, et sur la présence éventuelle de variant autochtone ayant un impact sur la santé publique ».
« Ayant un impact sur la santé publique », ce sont ces derniers mots qui sont déterminants pour distinguer les variants inoffensifs et les « VOC » (Variant of Concern), c’est-à-dire ceux qui présentent une importance épidémiologique ou clinique. « Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a aucun autre VOC au Maroc, selon les normes de l’OMS, à part le variant britannique », explique Dr. Tayeb Hamdi, aligné sur la position du ministère qui écrit qu’ « aucun autre variant préoccupant (VOC) n’a été confirmé au Maroc ».
Lire aussi : 89 cas du variant britannique confirmés dans 7 régions du Maroc
A ce propos, le ministère a signalé dans sa publication que le virus britannique a été détecté dans 7 régions, et a confirmé « la présence de mutations signatures du variant britannique; à ce jour, 89 souches B.1.1.7 (variant britannique) ont été assignées ».
Donc si variant marocain il y a, ce dernier se comporte exactement comme la souche classique, et n’affecte en rien l’épidémie, la maladie ou l’efficacité vaccinale, réitère Dr. Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé. « Parler de variant marocain implique seulement des données biologiques qui ont un intérêt pour la recherche scientifique et le référencement génomique », indique-t-il.
« Il y a des milliers de mutations mais on fait attention à celles qui ont des répercussions sur la virulence, la contagiosité, et l’efficacité ou non du vaccin. C’est ce qui nous intéresse. Le ministère de la Santé est la seule entité à détenir les informations complètes du consortium national de veille génomique et il a confirmé qu’à l’heure actuelle, le seul variant VOC au Maroc est le britannique », réagit à son tour Dr. Moulay Saïd Afif, membre du comité technique de vaccination.