Cannes: « Novembre », un polar nerveux sur les attentats de Paris

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Le réalisateur français Cedric Jimenez en conférence de presse pour le film "Novembre". Photo: Stefano Rellandini / AFP.

Cinq jours de traque fébrile, à la recherche des terroristes du 13 novembre à Paris, dans un polar pied au plancher: dans son nouveau film, Cédric Jimenez (« Bac Nord ») s’immerge une nouvelle fois du côté des policiers et enrôle Jean Dujardin et Sandrine Kiberlain.

« Novembre », en salles le 5 octobre, revient sur l’attentat le plus meurtrier jamais perpétré sur le sol français, avec 130 morts en une soirée à Paris et en Ile-de-France.

« Un traumatisme d’une violence inouïe » qui rend ce film « important », a jugé Cédric Jimenez lors d’une conférence de presse lundi, au lendemain de la projection officielle à Cannes, où son long-métrage — hors compétition — a été accueilli triomphalement.

Hésitant à l’idée d’aborder ce sujet ultra-sensible, le Marseillais s’est laissé convaincre par le scénario d’Olivier Demangel, qui laisse totalement hors champ les attentats eux-mêmes.

Un contre-point de vue qui a aussi rassuré Sandrine Kiberlain, qui a avoué sa « réticence » au départ à accepter le rôle d’Héloïse, qui dirige la Sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, « par rapport à la proximité des faits ».

Le scénariste a initié le projet dès 2017, a-t-il expliqué lundi, avec l’idée de « raconter l’onde de choc » qui a suivi le drame, « ce moment où les services publics se mobilisent pour que la société tienne bon ».

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Résultat: un polar efficace, en immersion totale auprès des policiers, qui démarre en pleine soirée du 13 novembre et s’achève cinq jours plus tard, après l’assaut donné à Saint-Denis, où se réfugient les terroristes.

Les coups de fil stressés, les gardes à vue et les perquisitions musclées s’enchaînent à un rythme soutenu. Des bâillements et des coups de sang trahissent par moment la fatigue des personnages, sous pression de retrouver les hommes les plus recherchés de France avant qu’ils ne commettent d’autres attaques.

« Tunnel »

Comme les policiers après les attentats, les personnages de « Novembre » sont dans un « tunnel », « au service de l’enquête » pendant cinq jours: le film ne montre rien de leur vie privée ou des sentiments qui les traversent.

Le réalisateur tenait à ce que les personnages ne partagent aucune intimité avec les leurs pendant cette traque, « car c’est vraiment ce qu’ils ont vécu 24h sur 24 sans interruption ».

Au final, les seules scènes où l’émotion du massacre qu’a été le 13 novembre 2015 ressort sont celles de l’interrogatoire des survivants à l’hôpital.

L’équipe elle-même a dû « mettre de côté ses émotions », a-t-il dit, « par exemple lorsqu’on a repassé la vidéo du président Hollande (pendant l’assaut du Bataclan,), ça a fait remonter des choses ».

La cybersurveillance, l’expertise des policiers quelques mois seulement après l’attaque de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, et les outils technologiques sophistiqués sont finalement peu de choses face à l’intuition, qui permet au personnage d’Inès (Anaïs Demoustier) de se fier au témoin-clé de l’affaire, malgré l’invraisemblance de ses dires.

Cédric Jimenez dévoile aussi la frustration des fausses pistes, les conflits entre renseignement et police ou les méthodes différentes entre jeunes policiers et plus expérimentés.

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Après « BAC Nord » (présenté à Cannes en 2021) sur la police de Marseille (sud), c’est la deuxième fois que Jimenez adopte le point de vue des forces de l’ordre dans un film.

« BAC Nord » avait été un gros succès en salles (2 millions d’entrées) mais avait provoqué la polémique, quand un syndicat policier ainsi que des politiques de droite et d’extrême droite l’avaient « récupéré » pour justifier leurs préoccupations sécuritaires, au grand dam de Cédric Jimenez.

Plus de six ans après les faits, un autre long-métrage présenté à Cannes se consacre à la tragédie du 13 novembre 2015, « Revoir Paris », d’Alice Winocour, qui adopte lui le point de vue des survivants.

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