Birmanie: réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, Washington ordonne le départ de ses diplomates

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Photo AFP

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit mercredi en urgence pour tenter, malgré ses divisions, d’apporter une réponse à la crise en Birmanie où la junte poursuit sa répression meurtrière, poussant Washington à ordonner le départ de ses diplomates.

Les quinze membres du Conseil vont se réunir à huis-clos, à la demande de Londres. Il doivent impérativement décider de « couper les moyens financiers de la junte (…) et renvoyer les responsables des atrocités devant la Cour pénale internationale », a tweeté Tom Andrews, rapporteur spécial de l’ONU sur la Birmanie.

Mais les Nations Unies sont divisées. Si les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé une nouvelle salve de sanctions ces derniers jours, la Chine et la Russie ont refusé de condamner officiellement le putsch du 1er février contre Aung San Suu Kyi, Moscou souhaitant même renforcer sa coopération militaire avec le nouveau régime.

Profitant de ces dissensions, les généraux poursuivent leur riposte sanglante.

Huit personnes ont été abattues mardi par les forces de sécurité, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP) qui comptabilise plus de 520 civils tués ces deux derniers mois. Des centaines d’autres, détenus au secret, sont portés disparues.

 

Lire aussi: Birmanie: près de 90 morts, dont des enfants, dans la répression des manifestations pro-démocratie

 

La spirale de violences a aussi déclenché la colère parmi la vingtaine de rébellions ethniques que compte la Birmanie.

L’Union nationale Karen (KNU) et l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA) ont lancé plusieurs attaques contre les forces de sécurité ces derniers jours.

Mercredi, la KIA a ciblé un poste de police dans l’Etat Kachin, dans l’extrême-nord du pays, d’après un média local.

Un commissariat a été visé au lance-roquettes la veille dans la région de Bago, au nord-est de Rangoun, blessant cinq policiers, selon l’armée.

L’attaque n’a pas été revendiquée, mais la KNU s’est emparée ce week-end dans l’Etat karen voisin d’une base militaire déclenchant des frappes aériennes de l’armée, les premières depuis 20 ans dans cette région.

Après ces raids, la faction a indiqué ne pas avoir d’autre choix que de riposter et « faire face aux graves menaces » posées par Tatmadaw, le nom des forces armées birmanes, a réagi la KNU. Elle a assuré « soutenir fermement le mouvement populaire contre (le) coup d’État ».

Trois autres factions rebelles, dont la puissante Armée d’Arakan (AA), ont menacé l’armée de représailles si les violences infligées aux civils se poursuivent.

Depuis l’indépendance de la Birmanie en 1948, une multitude de groupes ethniques sont en conflit avec le gouvernement central pour obtenir plus d’autonomie, l’accès aux nombreuses richesses naturelles ou une part du lucratif trafic de drogue.

 

Lire aussi: Birmanie: Biden annonce des sanctions contre la junte militaire

 

L’armée avait conclu ces dernières années un cessez-le-feu avec certains d’entre eux.

Les raids aériens ont fait plusieurs blessés et quelque 3.000 personnes ont tenté de fuir vers la Thaïlande voisine.

« Environ 550 sont en Thaïlande, 2.300 sont rentrées en Birmanie », a fait savoir mardi soir le ministère thaïlandais des Affaires étrangères.

Des activistes karen ont accusé le royaume de refouler les réfugiés à la frontière, empêchant aussi les organisations humanitaires d’entrer en contact avec eux.

La résistance se poursuit en Birmanie: des dizaines de milliers de fonctionnaires et de salariés du privé restent en grève pour protester contre le régime militaire.

Des contestataires ont défilé mercredi sur des deux-roues à Mandalay dans le centre du pays. « Sauvez la Birmanie », « Arrêtez les crimes contre l’humanité » pouvait-on lire sur leurs pancartes. Des veillées aux bougies et des défilés à l’aube ont aussi été organisés.

Mais, par peur des représailles, les foules sont peu nombreuses par rapport aux centaines de milliers de manifestants dans les rues dans les premières semaines qui ont suivi le putsch.

« Les médias internationaux sont là. Au lieu de vous cacher dans vos maisons, descendez manifester » pour montrer que notre résistance reste forte, a exhorté YePhone Khaung Zaw, un protestataire sur les réseaux sociaux.

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