Birmanie: le procès-fleuve d’Aung San Suu Kyi arrive à son terme

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Le procès-fleuve de la dirigeante birmane déchue Aung San Suu Kyi arrive à son terme lundi, avec les conclusions du régime militaire et des avocats de la Nobel de la paix, déjà condamnée à 26 ans de prison pour une litanie de charges.

L’opposante birmane, âgée de 77 ans, est prisonnière depuis que l’armée a renversé son gouvernement en février 2021, mettant fin à une brève période démocratique dans ce pays d’Asie du Sud-Est.

Incarcérée dans une prison de la capitale Naypyidaw où se déroule son procès, la lauréate du Nobel 1991 a été reconnue coupable de chacun des 14 chefs d’accusation jugés jusque-là, pour corruption, fraude électorale, violation de secrets d’Etat ou encore violation des restrictions anti-Covid, notamment.

Les avocats d’Aung San Suu Kyi et ceux de la junte doivent présenter lundi « leurs ultimes arguments » pour les cinq dernières charges de corruption restantes, a indiqué à l’AFP une source ayant connaissance du dossier.

Le verdict du tribunal militaire, spécialement formé pour ce procès hors-normes, interviendra « après cette étape », selon cette source, précisant qu’aucune date n’a été fixée pour le moment.

Depuis le début du procès, les jugements sont intervenus dans les jours suivant les conclusions des deux parties.

Aung San Suu Kyi risque 75 ans de prison supplémentaires, qui s’ajouteraient aux 26 années auxquelles elle a déjà été condamnée, dans cette procédure à huis-clos que les groupes de défense des droits qualifient d’imposture.

 

– Acharnement judiciaire –

 

Arrêtée à l’aube, le jour du coup d’Etat de la junte, Aung San Suu Kyi, fille du héros de l’indépendance birmane, a été inculpée trois jours après, d’abord pour importation illégale de talkies walkies.

De nombreuses voix dénoncent un acharnement judiciaire fondé sur des motivations politiques, avec pour but d’écarter définitivement la grande gagnante des élections législatives de 2015 et de 2020.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mercredi pour la première fois depuis des décennies une résolution sur la situation en Birmanie, demandant la fin des violences et la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, dont Aung San Suu Kyi.

Depuis le début de son procès, en juin 2021, la détenue n’a été vue qu’une seule fois – sur des photos granuleuses prises par les médias d’Etat dans une salle d’audience vide – et a dû s’en remettre à ses avocats pour transmettre ses messages au monde entier.

Elle a cependant un « bon état d’esprit », a rapporté en novembre son ancien conseiller économiste Sean Turnell. Condamné avec elle pour violation de secrets d’Etat, l’Australien a été grâcié et remis en liberté le mois dernier.

« Elle est convaincue qu’elle reviendra », a-t-il confié au Financial Times.

 

– Elections en 2023 –

 

Pour l’expert Richard Horsey, il est « peu probable » que la junte porte d’autres accusations.

L’armée souhaite que l’accent soit mis, l’an prochain, sur les célébrations du 75e anniversaire de l’indépendance birmane vis-à-vis de la Grande-Bretagne, « et sur les élections qu’elle devrait organiser en milieu d’année », a-t-il dit à l’AFP.

Mais après ces élections, tout nouveau régime militaire « pourrait peut-être approcher (Mme) Suu Kyi et tenter d’utiliser ces négociations pour essayer de diviser l’opposition », ajoute M. Horsey de l’International Crisis Group.

L’analyste Soe Myint Aung estime qu’il y a « toujours une possibilité de grâce et de libération inattendue » pour Aung San Suu Kyi une fois son procès terminé.

« Le régime militaire voit certainement un rôle pour (Mme) Suu Kyi dans la réduction des tensions sociales et l’arrêt de la résistance armée », a-t-il déclaré.

En août dernier, le chef de la junte birmane s’était déclaré prêt à des négociations avec l’ex-dirigeante à l’issue de son procès.

Les cinq chefs d’accusation examinés lundi concernent la location d’un hélicoptère par un ministre de son gouvernement. Mme Suu Kyi est accusée de ne pas avoir respecté les règles et d’avoir causé « une perte pour l’Etat ».

Chaque condamnation de corruption peut valoir jusqu’à 15 ans de prison, mais une peine de 3 ans lui a été jusqu’ici infligée pour ce motif.

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