Athlètes marocains naturalisés espagnols: un gros caillou dans la chaussure de la fédération

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Athlètes marocains naturalisés espagnols: un gros caillou dans la chaussure de la fédération
L'athlète espagnol Mohamed Katir © AFP

C’est un sujet qui revient comme un serpent de mer à l’occasion de chaque grande compétition athlétique, tant des solutions concrètes n’ont pas encore été trouvées par la Fédération marocaine d’athlétisme: la ruée des athlètes marocains vers l’Espagne.

Nos athlètes s’évadent et nous regardons ailleurs. A Budapest où se déroulent les mondiaux d’athlétisme, Mohamed Attaoui, originaire de Béni Mellal, a atteint les demi-finales des 800m et, à peine 21 ans, fait déjà du bruit dans le landerneau médiatique en Espagne, pays où il a pu affûter ses armes d’athlète de haut niveau.

Avant lui, des sportifs marocains ont mis leurs peaux sur la table pour quitter le Maroc et rejoindre, souvent en patera, l’autre côté de la méditerranée afin de réaliser un seul rêve: devenir athlète professionnel et gagner des médailles.

En juillet 2016, soit il y a un peu plus de sept ans, notre confrère « LesEco » avait consacré avec brio, en deux pages, un article détaillé sur la question, en revenant avec force détails sur les expériences poignantes des principaux athlètes marocains ayant été naturalisés espagnols.

athletics ned euro 2016
©AFP

L’article, intitulé « Comment la fédération perd des champions », mettait au jour comment l’Espagne hameçonne ces athlètes en leur offrant toutes les conditions pour réussir et devenir des champions « espagnols » via une procédure de naturalisation spéciale.

Parmi les champions interviewés figurait un ancien champion incontesté des 5000m en Europe. Son nom est Ilias Fifa. Il est médaillé d’or en tant qu’athlète espagnol, naturalisé par son pays d’adoption après avoir quitté le Maroc caché au fond d’un camion.

ilias fifa or
©AFP

Fifa, qui arborait fièrement le maillot espagnol, regrettait le fait que « la fédération laisse filer des talents hors pair ». D’autres comme lui avaient dit la même chose et s’étaient plaint du « favoritisme » et du « manque » d’accompagnement par la fédération marocaine. Cette dernière n’a jamais répondu à ces reproches et la situation semble rester, depuis lors, au point mort.

Les noms des autres Marocains devenus « Espagnols » pour gagner leur vie grâce au sport ne manquent pas. A l’image de Fifa, certains comme Mo Katir et Adel Mechaal sont devenus si célèbres en Espagne et leur talent était si vociférant dans le monde de l’athlétisme qu’ils sont devenus également connus et suivis au Maroc.

Attaoui, un énième gâchis pour le Maroc

Comme déjà évoqué par nos soins il y a deux jours, en Espagne, tous les yeux sont rivés sur Mohamed Attaoui. Qualifié pour les demi-finales du 800 mètres des mondiaux d’athlétisme, cet athlète espagnol d’origine marocaine est la nouvelle étoile montante de sa catégorie.

mohamed attaoui
©AFP

Dans une déclaration exclusive à H24info, Attaoui explique qu’il a choisi l’Espagne parce qu’il y vit et que « c’est elle qui m’a choisi ». Quant au Maroc, « il ne m’a jamais contacté ni demandé rien du tout », dit-il.

Merzougui, champion au péril de sa vie

Abdelaziz Merzougui demeure, lui aussi, et jusqu’à aujourd’hui, un cas d’école quand il s’agit d’évoquer les athlètes qui ont du voir la mort avant de devenir de grands athlètes. Contacté par H24info, il raconte qu’en 2006, il a migré clandestinement à bord d’une patera de Sidi Infni à Lanzarote.

« J’ai migré clandestinement à bord d’une patera de Sidi Infni à Lanzarote. Une fois arrivé là-bas, je suis allé à Lleida (Lérida chez mon ami et frère Ayad Lamdassem qui y habitait et c’est lui qui m’avait accueilli et aidé parce qu’il était déjà avec la fédération espagnole d’athlétisme. Je me suis entraîné jusqu’en 2010 avant d’être appelé par la fédération espagnole pour participer avec eux. C’est sous les couleurs de l’Espagne que j’ai participé au championnat du monde au Canada où j’ai été classé 4ème, avant de gagner le championnat d’Europe du cross junior ».

 

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« J’ai été sacré champion d’Europe (espoirs) à deux reprises. J’ai en outre pris part aux jeux olympiques de Rio et de Londres mais je n’ai pas melheureusement participé aux mondiaux d’athlétisme à Budapest à cause de la blessure », détaille t-il.

Interrogé si la Fédération marocaine l’a déjà contacté par le passé, Merzougui répond, sans surprise, par la négative.

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