Arabie saoudite: une jeune féministe poursuivie pour des posts sur Twitter

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La militante féministe saoudienne Manahel al-Otaibi dans les rues de Riyad en 2019. (Photo by FAYEZ NURELDINE / AFP)

Une militante des droits de la femme, détenue depuis novembre pour des publications sur les réseaux sociaux, a été accusée par la justice saoudienne de lancer une « campagne de propagande », selon des documents judiciaires consultés mercredi par l’AFP. 

Manahel al-Otaibi, âgée d’une trentaine d’années, a été arrêtée pour avoir publié des messages contestant les lois sur la tutelle masculine et l’obligation pour les femmes de porter l’abaya traditionnelle, une longue robe couvrant le corps.

Elle a été accusée par le ministère public de mener une « campagne de propagande visant à inciter les jeunes filles saoudiennes à dénoncer les principes religieux et à se rebeller contre les coutumes et les traditions de la société saoudienne », d’après ces documents.

En janvier, elle a comparu devant des juges avant d’être renvoyée devant la Cour pénale spécialisée, une juridiction établie en 2008 pour traiter les affaires liées au terrorisme, mais qui est largement utilisée pour juger des dissidents politiques et des militants des droits de l’homme.

Mme al-Otaibi est en attente de son jugement et aucune date n’a encore été fixée pour son audience. Si elle est reconnue coupable, elle risque une lourde peine de prison.

Lire aussi. Arabie saoudite: saisie de 12,7 millions de pilules d’amphétamines

Sa sœur, Fouz, qui a quitté l’Arabie saoudite, a fait l’objet d’accusations similaires et pourrait être emprisonnée si elle retournait dans le royaume.

Les autorités ciblent « des femmes influentes qui militent pour les droits des femmes », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Il y a une contradiction flagrante, comme si deux Etats coexistaient (…), un Etat aligné sur la +Vision 2030+ et un autre Etat qui continue d’appliquer les anciennes règles strictes », a-t-elle dénoncé, faisant référence au programme de réformes du pays qui ont notamment octroyé le droit de conduire aux femmes.

Souvent accusée de réprimer les dissidents, l’Arabie saoudite a infligé des peines de prison très sévères en août et septembre 2022 à deux femmes ayant relayé des messages critiques sur les réseaux sociaux.

L’association de défense des droits de l’homme ALQST, établie à Londres, a vivement critiqué les accusations portées contre les sœurs al-Otaibi, les qualifiant de « nouvel exemple des promesses vides de réformes de l’Arabie saoudite ».

« Les femmes saoudiennes vont en prison et font face à des simulacres de procès simplement pour avoir revendiqué leurs droits », déplore Lina al-Hathloul, une responsable de l’association.

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