Affaire de Tiflet: l’audience est levée pour délibération

Après avoir été reporté jeudi dernier, le procès en appel de la fillette de Tiflet, victime de viols répétés par trois hommes, s’est poursuivi ce jeudi à Rabat.

Le procès de la fillette de Tiflet touche à sa fin. À l’heure où nous mettons en ligne, l’audience a été levée pour délibérations. Celles-ci peuvent prendre jusqu’à deux heures, a estimé l’avocat de la victime Me Abdelfettah Zahrache, s’attendant à des peines beaucoup plus sévères qu’en première instance.

« Je pense que personne ne pourra prétendre que les accusés n’ont pas bénéficié d’un procès équitable », nous a-t-il confié sur place.

Après une audience marathon qui a commencé peu après midi et ne s’est levée que pour permettre la rupture du jeûne, les juges de la Cour d’appel de Rabat ont entamé à présent les délibérations pour s’accorder sur un jugement.

Juste avant, l’avocat des accusés a estimé que les déclarations de la victime étaient contradictoires, plaidant l’acquittement de ses clients.

Entendue à huis clos, tout comme la principale témoin dans cette affaire également mineure, la petite Sanae a réaffirmé son témoignage devant la cour d’appel de Rabat.

Les trois accusés eux ont nié en bloc les faits, à plusieurs reprises devant la cour. Malgré l’insistance du juge et des avocats de la partie civile, et le résultat positif du test ADN (99,9%), le père de l’enfant né de ce drame a refusé de reconnaitre sa paternité devant le tribunal.

Le parquet requiert la peine maximale

« Qu’est-ce que vous en dites? Comment expliquez-vous ces résultats scientifiques ? Est-ce que c’est votre fils ? », lui a demandé le juge à maintes reprises. « Je ne sais pas », rétorquait Abdelouahed D.

« Combien de fois avez-vous eu des relations sexuelles avec la victime ? », a demandé le juge. « Aucune fois », a répondu encore l’accusé. « Je ne l’ai jamais rencontré, je ne la connais pas ».

Le représentant du parquet a requis la peine maximale pour les trois accusés. « J’aurais pu demander la peine capitale si les textes de loi me le permettaient », a-t-il martelé.

« Je suis d’accord avec la condamnation prononcée par la cour en première instance, mais je n’approuve pas la peine prononcée à l’encontre des prévenus. Je parle ici des circonstances atténuantes qui leur ont été accordées en première instance », a précisé le procureur.

Après une pause de moins de deux heures, l’audience a repris vers 20h45. Les trois accusés ont également repris leurs places dans la salle quasi vidée.

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Seuls une dizaine d’avocats de la victime, sur la trentaine qui étaient présents au début de l’audience, sont restés pour poursuivre leurs plaidoiries dans la soirée.

« On espère que la cour rétablira la justice pour condamner les accusés aux peines maximales prévues par le code pénal », a plaidé une des avocates de la victime.

Sanae, âgée de 11 ans au moment des faits et qui en a 12 aujourd’hui, a « subi des viols à répétition sous la menace », dans un douar près de Tifelt, dans la région de Rabat, ce qui a entraîné une grossesse, avaient alerté des ONG de défense des droits des femmes.

Le 20 mars dernier, les trois prévenus avaient écopé en première instance de deux ans de prison ferme pour l’un, et 18 mois ferme pour les deux autres pour « détournement de mineure » et « attentat à la pudeur sur mineure avec violence ».

Le verdict, jugé trop clément, a scandalisé la société civile et l’opinion publique, surtout que les trois prévenus, âgés de 25, 32 et 37 ans, encouraient jusqu’à 30 ans de prison ferme selon le code pénal.