Vidéos. France: les obsèques de Nahel samedi, des blindés pour tenter d’endiguer les émeutes

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Vidéos. France: les obsèques de Nahel samedi, des blindés pour tenter d'endiguer les émeutes
© AFP

Les obsèques de Nahel, dont la mort causée par le tir d’un policier mardi a suscité trois nuits d’émeutes dans de nombreuses villes de France, sont prévues samedi, a indiqué vendredi Patrick Jarry, le maire de Nanterre, dont le jeune homme était originaire.

« Il faut continuer d’entourer cette famille, cette maman qui va enterrer son enfant demain », a déclaré M. Jarry devant la presse à l’issue d’une réunion à Matignon, sans donner d’autres détails. Selon un faire-part relayé sur les réseaux sociaux, les obsèques auront lieu samedi à Nanterre (Hauts-de-Seine) et se concluront par une inhumation en début d’après-midi.

En attendant, des blindés légers de la Gendarmerie ont été déployés et des unités d’élite et 45.000 hommes mobilisés dans une tentative du gouvernement français d’endiguer les émeutes qui ravagent en hexagone.

Le gouvernement a en effet engagé des moyens « exceptionnels » vendredi pour tenter d’enrayer le cycle des violences, pillages et destructions qui agitent de nombreuses villes du pays depuis la mort mardi d’un jeune de banlieue parisienne, tué par un policier alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle routier.

Alors que de nombreuses villes françaises, en région parisienne comme en province, portaient, avant même le weekend et les obsèques du jeune homme annoncées samedi, les stigmates d’un déferlement de violence – souvent du fait d’adolescents – le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé à la télévision qu’il mobilisait de grands moyens.

Il y aura « davantage d’unités spécialisées » comme le RAID et le GIGN, unités d’élite de la police et de la gendarmerie et un total de 45.000 policiers et gendarmes mobilisés, a-t-il dit à l’antenne de la chaîne TF1.

« Ces prochaines heures vont être déterminantes », a par ailleurs écrit le ministre aux forces de l’ordre et aux pompiers.

La Première ministre Elisabeth Borne a de son côté annoncé le déploiement de véhicules blindés de la gendarmerie et l’annulation des « événements de grande ampleur » dans tout le pays.

Les bus et les tramways devaient également être à l’arrêt dans tout le pays à partir de 21H00.

Nahel M., 17 ans, a été tué à bout portant par un policier mardi à Nanterre près de Paris alors qu’il était au volant, sans permis, d’une puissante voiture et tentait d’échapper à un contrôle.

Les troubles sont depuis allés crescendo et se sont étendus à de nouvelles villes dans la nuit de jeudi à vendredi, durant laquelle 492 bâtiments ont été atteints, 2.000 véhicules brûlés et 3.880 incendies de voie publique allumés, selon des chiffres officiels. 900 personnes, souvent très jeunes, ont été interpellées.

« Des écoles, des polices municipales, des mairies annexes, des centres sociaux, des bus, des tramways ont été pris pour cible, attaqués, vandalisés, saccagés », a dénoncé la présidente de la région parisienne Valérie Pécresse, du parti de droite Les Républicains.

Des violences et pillages ont repris dans la journée de vendredi, notamment à Strasbourg (est), où un Apple Store a été pillé, et à Marseille (sud) où une manifestation a dégénéré dans la soirée.

« Tout le monde déteste la police »: soudain, des dizaines et des dizaines de jeunes se rassemblent, chantent et avancent sur la rue menant au Vieux-Port, s’approchant de fourgons des forces de l’ordre garés dans une rue adjacente.

Rapidement, certains lancent des projectiles sur les fourgons. La police répond par des tirs de gaz lacrymogène. Un hélicoptère de la gendarmerie survole la ville.

Au moins trois villes proches de Paris et plusieurs villes de province ont décidé d’instaurer des couvre-feux. Le gouvernement a aussi décidé l’annulation d’événements « de grande ampleur », notamment les concerts de la chanteuse Mylène Farmer au stade de France près de Paris vendredi et samedi.

Le président Emmanuel Macron, qui a écourté son séjour vendredi matin à Bruxelles, a appelé à la responsabilité des familles alors que la jeunesse des auteurs des violences a frappé les esprits.

« Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes », a-t-il observé vendredi, accusant les réseaux sociaux d’attiser cette violence en véhiculant mots d’ordre et vidéos.

M. Macron a dit attendre un « esprit de responsabilité » de ces plate-forme, citant notamment Snapchat et TikTok, où s’organisent « des rassemblements violents » et qui suscitent aussi « une forme de mimétisme de la violence », selon lui.

La mort de Nahel M., dont la famille est originaire d’Algérie, a ravivé le sujet des violences policières, dans un pays où 13 personnes sont mortes à l’issue d’un contrôle de police l’an dernier.

Lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève vendredi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a pressé la France « de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre ». Une accusation jugée « totalement infondée » par le ministère français des Affaires étrangères qui a immédiatement réagi.

Les violences inquiètent aussi les voisins de la France. La Grande-Bretagne et d’autres pays européens, ainsi que les Etats-Unis, ont mis en garde leurs ressortissants en les pressant d’éviter les zones d’émeutes.

La question de l’état d’urgence est posée dans le pays par une partie du monde politique et scrutée à l’étranger, d’autant plus que la France accueille à l’automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l’été 2024.

L’état d’urgence, qui permet aux autorités administratives de prendre des mesures d’exception comme une interdiction de circuler, avait été décrété en novembre 2005 après 10 jours d’émeutes dans les banlieues françaises déclenchées par la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur électrique où ils s’étaient cachés pour échapper à la police.

Cette fois, Nahel M. a été atteint d’une balle au thorax par le tir à bout portant d’un des deux policiers qui tentaient d’immobiliser son véhicule. Ce dernier, un motard de 38 ans, a été inculpé jeudi pour homicide volontaire et placé en détention. Une vidéo le montre appuyé sur le côté de la voiture, tenant en joue le conducteur avant de tirer à bout portant quand le véhicule redémarre brusquement.

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