Vidéos. Ce que pense la communauté juive marocaine du concert d’Enrico Macias
Publié leÀ l’occasion de la Saint-Valentin, la salle de spectacle du Megarama à Casablanca a organisé un concert du chanteur français, Enrico Macias. Le show a été au centre de la polémique depuis l’annonce de l’événement. En cause : plusieurs activistes pro-palestiniens accusent l’artiste de soutenir de l’armée d’occupation israélienne.
Après avoir appelé au boycott du concert d’Enrico Macias, plusieurs manifestants ont répondu présents à l’appel de BDS Maroc (Boycott désinvestissement sanctions). 2.000 manifestants selon les organisateurs et 300 selon la police, ont dénoncé le fait que le chanteur soit un fervent défenseur d’Israël et de son armée d’occupation. Selon eux, il n’est ni plus ni moins qu’un «criminel de guerre dont la venue fait honte aux Marocains».
Plusieurs Marocains de confession juive ont assisté au concert, mais d’autres ont été du côté des manifestants. Maurice Elbaz a assisté au concert et nous a affirmé que 30% des 800 places assises ont été réservées par des juifs marocains. «Le pourcentage de juifs dans la salle a dépassé de loin celui des Marocains de confession juive dans la société». Pour lui, la communauté juive marocaine n’a pas une seule position sur la question.
«La communauté juive est à l’image de tous les Marocains. Chacun a un avis tranché sur la question. Certains sont en faveur de la venue d’Enrico Macias, tandis que d’autres militent dans le cadre de BDS Maroc, comme est le cas de Sion Assidon», nous déclare Maurice Elbaz qui relève que l’appel au boycott du concert a contribué à sa promotion.
Un buzz qui remet Enrico en selle
«BDS Maroc et Sion Assidon ont redonné vie à la carrière d’Enrico Macias. Il n’était plus en tête d’affiche et avait des soucis financiers, mais après l’appel au boycott, il a fait le tour des plateaux télé et radio en France. Ceci a poussé plusieurs organisateurs de spectacle à le solliciter de nouveau. Il est actuellement en pourparlers avec pour l’Olympia et ceci n’aurait pas pu se concrétiser sans les agissements de BDS Maroc», détaille Maurice Elbaz.
Pour sa part, Sion Assidon, militant des droits de l’homme et membre de BDS Maroc, a un autre avis sur la question. «Ce monsieur qui se présente comme un artiste est avant tout un soutien indéfectible de l’armée de l’occupation israélienne. Il défend les gardes-frontière, l’unité la plus cruelle de l’armée israélienne. Mettant à part le fait qu’Israël n’a pas de frontières, mais son armée viole les domiciles, torture, emprisonne les enfants…», nous déclare-t-il.
Assidon ajoute que la manifestation est l’expression d’une position de principe. «Nous sommes venus pour dénoncer la venue d’un soutien du sionisme. Dans le passé, Enrico Macias avait protesté contre la venue de Yasser Arafat en France et a manifesté devant une synagogue contre la réception à l’Élysée du président palestinien» (voir vidéo).
Une normalisation déguisée ?
Pour les manifestants et les membres de BDS, ce spectacle d’Enrico Macias est un acte de normalisation avec l’entité sioniste qu’il faudra dénoncer, mais cela n’est de l’avis de Maurice Elbaz. «À ce que je sache, Macias est un chanteur français d’origine algérienne. Il n’est pas un ministre, diplomate ou militaire israélien pour parler de normalisation avec Israël. Ces gens-là jouent sur les amalgames», ajoute Elbaz.
D’autres membres de la communauté juive marocaine ont un autre avis sur la question. «Le vrai amalgame est de soutenir que Macias n’est qu’un français d’origine algérienne et faire abstraction de ses positions en faveur d’Israël. C’est un fervent défenseur de l’extrême droite israélienne qui n’a jamais fait preuve d’un désir de paix», nous déclare Sion Assidon, qui assure que Macias s’est laissé photographier avec l’armée d’occupation en portant un uniforme.