Vidéo. Le journaliste Omar Radi espionné grâce à une technologie israélienne
Publié leUn rapport de l’ONG Amnesty International révèle l’espionnage et le tracking qu’a subi le journaliste Omar Radi pendant plus d’une année. Ceci grâce à une technique israélienne controversée.
JOURNALISTE SOUS SURVEILLANCE : poursuivi pour un tweet, le journaliste marocain @OmarRADI aurait été surveillé pendant 1 an grâce à un logiciel de la société NSO installé sur son portable. Révélations d’@amnesty auxquelles a eu accès @FbdnStories : https://t.co/NMtaqFGK5Y pic.twitter.com/kcAKHHIW9B
— Forbidden Stories (@FbdnStories) June 21, 2020
Le rapport d’Amnesty International publié le 22 juin 2020 avance, preuves à l’appui, l’étroite surveillance dont a été victime le journaliste et militant Omar Radi, condamné en mars de cette année à quatre mois de prison avec sursis pour avoir fustigé sur Twitter le verdict prononcé par un magistrat contre des membres du «Hirak».
Les investigations menées par l’ONG et dévoilées par le consortium de médias Forbidden Stories parlent d’une traque qui aurait duré plus d’un an. Entre janvier 2019 et janvier 2020 le téléphone du journaliste a subi ce qu’on appelle des « attaques dites par injection réseau». Ces attaques seraient la résultante d’une technique israélienne, qui permet après infection du terminal, d’aspirer toutes les données en plus d’activer la caméra et le micro à n’importe quel moment, explique Forbidden Stories.
Selon Amnesty, Omar Radi «est dans le radar des autorités depuis un moment déjà», mais sa surveillance grâce à cette technique a débuté en décembre 2019, lorsqu’il a été arrêté pour la publication du tweet se référant à la condamnation de certains membres du «Hirak».
Une technologie israélienne
«L’équipe d’Amnesty a conclu avec quasi-certitude que ces attaques portaient la signature de l’entreprise israélienne NSO». La société, établie à Herzliya, près de Tel-Aviv, affirme vendre son produit uniquement à des gouvernements, «dans le seul objectif de combattre la criminalité et le terrorisme». Le Maroc aurait déjà été «précédemment identifié comme un client potentiel de la société israélienne» par Citizen Lab en 2018.
Contactées par le consortium Forbidden Stories, les autorités marocaines n’ont pas réagi à ses allégations. «Il est clair qu’on ne peut pas faire confiance au groupe NSO. Alors que la société tente de blanchir son image par une campagne de relations publiques, ses logiciels permettent d’espionner de manière illégale le journaliste Omar Radi», déclare Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty Tech dans un communiqué de l’ONG.
Pour sa part, NSO a déclaré dans une réponse écrite aux questions de l’AFP qu’elle ne pouvait pas commenter « les liens que NSO Group pourrait avoir avec les autorités marocaines » pour des raisons de confidentialité mais étudiait les questions soulevées par Amnesty.
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«Une enquête sera ouverte si nous jugeons que c’est justifié», affirme NSO. «NSO est la première entreprise de ce type à fournir un programme pour la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits humains», ajoute la firme.
«Si les autorités marocaines sont en fin de compte responsables du piratage illégal de militants et de journalistes comme Omar Radi, NSO Group a contribué à ces abus en gardant le gouvernement marocain comme client actif au moins jusqu’en janvier 2020», a ajouté Amnesty.
Amnesty a demandé à un tribunal israélien de révoquer la licence d’exportation du ministère de la Défense de la firme NSO à la suite des affaires de piratage. L’affaire est en cours et Amnesty a indiqué lundi qu’elle attendait bientôt une décision.