Vidéo. Drogue: la MDMA, un phénomène qui fait de plus en plus d’adeptes au Maroc

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Auparavant très prisée dans les milieux branchés, la MDMA connaît depuis peu une nouvelle jeunesse au Maroc. Reportage.

«J’ai commencé à 21 ans à Casa, avec des potes en soirée». C’est une phrase qui revient très souvent lorsqu’on demande à quelqu’un comment il a commencé à consommer la MDMA (3,4-méthylènedioxyméthamphétamine). Consommée sous forme de comprimés (souvent appelés «comprimés d’ecstasy»), mais aussi sous forme de «cristaux» ou en poudre, cette drogue est le chouchou des jeunes fêtards marocains. Mais pas que. Car elle est également souvent utilisée dans un cadre un peu plus «intimiste».

Mais avant de continuer, une petite précision s’impose. Beaucoup utilisent à tort le terme «Ecstasy» pour désigner la MDMA, alors que cette dernière n’est que le principe actif du premier. Il est en effet très fréquent que l’Ecstasy ne soit pas seulement composé de MDMA, et qu’il contienne également d’autres substances comme du speed ou de la caféine. Voila qui est clair.

Souvent affectueusement appelée la «MD» ou la «D», la consommation de la MDMA n’est pas chose nouvelle au Maroc. Néanmoins, auparavant très prisée dans les milieux branchés, par les jeunes cadres, ce stupéfiant de la famille des amphétamines est aujourd’hui consommé par de plus en plus de jeunes, comme notre interlocuteur anonyme du début de l’article. Certains l’ont même découvert dès l’adolescence…

Le Rapport européen sur les drogues 2017, qui porte sur les données de l’année 2016, révèle que 14 millions des 15-64 ans dans l’UE (4,2% de cette population) ont déjà consommé de la MDMA au cours de leur vie, et 2,7 millions l’ont fait au cours de l’année écoulée. Et si aucune donnée concrète n’existe sur la situation au Maroc, H24Info a interrogé des jeunes Casablancais au sujet de leur expérience avec la MDMA:

Les secrets du «succès»

Le succès de la MDMA repose sur le fait qu’elle n’a pas un «potentiel addictif» comme les autres drogues, et qu’elle est généralement consommée dans des cadres bien définis: fêtes ou soirées entre amis. «J’y ai goûté une fois exceptionnellement à l’âge de 16-17 ans, et je n’y ai plus touché jusqu’à l’âge de 23 ans», nous explique Mouhid*. Ce jeune cadre de la capitale économique a retouché à la MDMA lorsque, au cours d’une soirée, lui et des amis qui «prenaient beaucoup de substances» recherchaient n’importe quelle substance qui pourrait faire «retrouver la sensation». Comme lui, de nombreux consommateurs de la MDMA disent ne pas y être «accro», n’en consommant qu’occasionnellement.

L’autre raison du succès de la MDMA est ce qui lui vaut d’être appelée la «drogue de l’amour». En effet, certains consommateurs disent ressentir une empathie exceptionnelle; ils ont une forte envie de faire des câlins, de dire des gentillesses… «La MDMA est une substance empathogène. Les gens qui vont en consommer sont souvent dans une quête de lien avec l’autre», déclare la psychiatre addictologue Muriel Grégoire, responsable du Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie d’Aix-en-Provence, citée par L’Obs. La MDMA provoque chez son usager un «désir de sociabiliser, de communiquer verbalement et par les sens, particulièrement celui du toucher», rajoute le portail santé du gouvernement du Québec. Cette quête de lien peut ainsi aller plus loin, la MDMA étant réputée pour permettre d’avoir des rapports sexuels «intenses». C’est le fameux cadre «intimiste» évoqué plus haut.

«Je ne peux pas vivre ma vie normalement»

Evidemment, comme toute drogue qui se respecte, la MDMA vient avec son lot d’inconvénients. Entre autres effets «désagréables», les consommateurs peuvent ressentir une forte fièvre, de la déshydratation, de graves problèmes de foie, des troubles du sommeil et de la mémoire, une diminution de l’attention et une augmentation du temps de réaction. Et une fois l’effet d’euphorie passé, continue le portail santé du gouvernement québécois, l’on tombe dans un «état dépressif, qui peut durer plus ou moins longtemps chez certaines personnes».

Les effets sont souvent bien plus graves. «Le lendemain, je suis trop fatigué. Je ne reste pas au lit, je suis obligé de me lever, ça me rend triste, je ne peux pas vivre ma vie normalement», nous confie Mouhid. Notre Casablancais avoue avoir quitté ses deux premiers boulots à cause de la MDMA: «Je manquais de performance». Et aujourd’hui, s’il dit consommer moins souvent la MDMA, lui préférant la cocaïne qui est «plus douce et plus gérable en journée et en soirée», Mouhid est conscient que «la MD est devenue une mode sociale».

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