Variant britannique au Maroc: le point sur les risques de propagation

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Le ministère de la Santé a annoncé samedi l’enregistrement au Maroc de 21 nouveaux cas atteints du variant britannique du coronavirus, soit un total de 24 cas pour le moment concernant ce variant. Comment se préparer pour contrer sa propagation? Doit-on s’attendre à un scénario identique à mars 2020? Réponses avec deux spécialistes.  

Selon les spécialistes, la souche classique et le variant britannique impliquent la même forme de maladie covid-19, les mêmes symptômes. La seule différence entre la souche classique et le variant britannique se joue au niveau de la contagiosité. Ce dernier « se propage 40 à 50% plus vite, en particulier chez les jeunes, mais il n’est pas plus dangereux que la souche classique », précise Pr. Yahia Cherrah, membre du comité technique de vaccination.

« D’après les données que nous avons, sur le plan des symptômes et de la sévérité, c’est pareil, il n’y a pas de situations plus graves, la seule différence, c’est une contagiosité plus importante », confirme Pr. Marhoum, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Casablanca. Alors doit-on craindre un regain de l’épidémie à cause des nouveaux variants et éventuellement un nouveau scénario de riposte, voire un retour au confinement?

Pour cet épidémiologiste, il « faut a priori rester sur les mêmes schémas, tout en renforçant les mesures barrières, car même si on est en train de vacciner, ce n’est pas le moment de les relâcher ». Optimiste, Pr. Marhoum ne pense pas qu’on risque de vivre le même scénario qu’en mars 2020, « car la situation est différente ». « Aujourd’hui, il y a quand même un vaccin qui est efficace contre ce virus », souligne-t-il.

 

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Ainsi, le variant britannique ne devrait pas évoluer selon une courbe épidémiologique indépendante de la souche classique qui inclurait un recommencement des différentes phases. « Cela va être un mélange, car dans ce cas, ce sera difficile de distinguer les phases. En tout cas, le nombre de cas de variants va augmenter, et si on ne fait pas attention aux gestes barrières, la courbe risque d’être plus abrupte. Progressivement, cette souche risque de devenir prédominante parmi les souches isolées », prévoit l’expert.

Le séquençage est « fiable »

À ce propos, se pose la question de l’évaluation de cette propagation quand, de l’aveu même du ministre de la Santé, le nombre de tests effectués n’est pas suffisant. « On peut quand même avoir une idée sur le niveau de propagation, car on a des méthodes épidémiologiques pour cela. À partir d’un échantillon, on fait ressortir une tendance valable pour l’ensemble de la population, ce sont des techniques classiques en épidémiologie que tout le monde utilise et qui sont fiables », explique Pr. Cherrah, décrivant le principe de séquençage des prélèvements.

« On n’analyse jamais tous les prélèvements. En moyenne 10% des prélèvements positifs passent au séquençage, mais c’est variable d’un jour à l’autre en fonction des données épidémiologiques », détaille-t-il. Ce séquençage est opéré depuis peu par un consortium de quatre laboratoires chargé par le ministère de la Santé du suivi des souches circulantes au niveau national, dans le cadre de sa stratégie de veille génomique pour la recherche des nouveaux variants du SARS-CoV2. Le ministère publie de manière hebdomadaire et non quotidienne un rapport sur la nouvelle souche, car le séquençage nécessite un certain temps.

 

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Les deux experts se veulent confiants en l’avenir malgré la propagation de ce variant britannique. Aucun n’envisage l’éventualité d’un reconfinement. « Tout va dans le bon sens ». Pour le justifier, ils rappellent les deux indicateurs clés, à savoir le nombre de décès et le taux d’occupation des lits en réanimation qui « sont au plus bas au Maroc en ce moment ». Sans oublier le nombre de cas positifs au covid-19 enregistrés quotidiennement qui baisse. Un bilan encourageant comparé au voisin espagnol qui dénombre quelque 600 cas de variant britannique.

Les deux professeurs insistent toutefois quant à l’importance de maintenir les mesures habituelles de protection « qui ont déjà fait leurs preuves »: port du masque, distanciation sociale, gel hydroalcoolique… « Ces précautions valent pour ce mutant comme pour les autres ». Pour rappel, le Maroc enregistre à l’heure actuelle un total de 24 personnes touchées par le variant britannique du covid-19. Un premier cas asymptomatique résidant en Irlande avait débarqué mi-janvier à Tanger-Med en provenance de Marseille.

 

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