Turquie: l’opposition en passe de conserver Istanbul et Ankara

Publié le
maire istanbul ekrem imamoglu turquie
Le maire d'Istanbul sortant, Ekrem Imamoglu (C), après avoir voté aux élections municipales, le 31 mars 2024. afp.com/YASIN AKGUL

L’opposition turque continuait de creuser l’écart à Istanbul et Ankara dimanche, au soir des élections municipales en Turquie, selon des résultats partiels communiqués par les médias officiels.

Sur plus de 71% des urnes dépouillées, le maire sortant d’Istanbul Ekrem Imamoglu est crédité de 50,4% des voix contre 40,9% à son rival. Et à Ankara le maire Mansur Yavas fait la course en tête avec 58,6% des voix contre 33,5% à son opposant sur 46,4% des urnes.

« Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie » après 22 ans de domination du parti islamo-conservateur AKP, a estimé dimanche le chef du principal parti de l’opposition turque (CHP, social-démocrate) au soir des élections municipales.

« Ils ont voulu ouvrir la porte à un nouveau climat politique dans notre pays », a ajouté Ozgur Ozel, dont le parti est en passe de l’emporter dans les principales villes turques dont Istanbul et la capitale Ankara.

 

A Ankara, le maire CHP Mansur Yavas a revendiqué sans attendre la victoire alors que le dépouillement était toujours en cours.

« Ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays », a-t-il lancé devant une foule en liesse.

« Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie », a estimé le chef du CHP, Ozgur Ozel.

Outre Izmir (ouest), troisième ville du pays et fief du CHP, et Antalya (sud) où les partisans de l’opposition commençaient à célébrer la victoire dans les rues, la principale formation de l’opposition est en voie de faire une percée spectaculaire en Anatolie.

Elle était donnée en tête dans des chefs-lieux de provinces longtemps tenus par l’AKP, selon des résultats encore partiels qui surprennent les observateurs.

Le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de deux décennies, avait jeté tout son poids dans la campagne, en particulier à Istanbul, la capitale économique et culturelle du pays dont il a été le maire dans les années 1990 et qui avait basculé dans l’opposition en 2019.

Mais son engagement n’a semble-t-il pas suffi. Le chef de l’Etat devait prendre la parole à 00H30 (21H30 GMT) selon la présidence.

Une réélection de Imamoglu à la tête de la mégapole le lancerait d’ores et déjà dans la course à l’élection présidentielle de 2028.

« Il y a un besoin d’équilibre au moins au niveau local contre le gouvernement », affirmait dimanche matin à l’AFP Serhan Solak, 56 ans, un habitant d’Ankara venu voter pour Mansur Yavas.

Les candidats de l’AKP faisaient en revanche la course en tête dans plusieurs grandes villes d’Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), bastions du président Erdogan, tandis que le parti pro-kurde DEM possède une confortable avance dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.

Lire aussi. Erdogan: la Turquie se tient fermement derrière les dirigeants du Hamas

Tout au long de la campagne, le président Erdogan a enchaîné deux à trois meetings par jour, bénéficiant d’un temps d’antenne illimité.

Une nouvelle défaite de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) à Istanbul sera lourde de conséquences pour son avenir.

S’accrochant à la ville, le président y avait fait rejouer l’élection municipale de 2019, pour finalement voir M. Imamoglu l’emporter de plus belle lors d’un second scrutin organisé trois mois plus tard, subissant ainsi son pire revers électoral depuis son arrivée au pouvoir en 2003 en tant que Premier ministre.

Le maire d’Istanbul, abonné au podium des personnalités politiques préférées des Turcs, n’a eu de cesse depuis de se poser en rival direct du chef de l’Etat, qui l’a pourtant dépeint en « maire à temps partiel » dévoré par ses ambitions nationales.

Le match de la prochaine présidentielle pourrait se jouer entre les deux hommes, qui partagent des origines communes de la mer Noire et une même passion pour le ballon rond.

Âgé de 70 ans, le chef de l’Etat a toutefois affirmé début mars que ces élections seraient les « dernières » sous son pouvoir, laissant entendre qu’il partira en 2028.

A moins de réviser la Constitution pour s’offrir une nouvelle candidature.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Turquie: l’opposition en passe de conserver Istanbul et Ankara

S'ABONNER
Partager
S'abonner