Quatre migrants, tous originaires d'Afrique subsaharienne, sont morts et 51 autres sont portés disparus après…
Tunisie: cinq migrants morts et sept disparus dans un nouveau naufrage
Publié leCinq migrants tunisiens sont morts et sept autres personnes sont portées disparus après le naufrage d’une embarcation de fortune partie lundi des côtes de Sfax.
« Le bateau de bois » sur lequel avaient embarqué « 35 personnes, pour la plupart des Tunisiens », dont des femmes et des enfants, a chaviré « peu de temps après son départ », a indiqué à l’AFP Faouzi Masmoudi, porte-parole du tribunal de Sfax, en précisant que « 23 personnes ont été secourues ».
« Un enfant et deux femmes figurent parmi les personnes décédées », a-t-il ajouté.
Selon lui, « le naufrage s’est produit moins d’une heure après le départ, depuis Sidi Mansour », une localité au nord de Sfax, connue comme un point de départ pour les traversées clandestines.
Sfax, deuxième ville de Tunisie, est devenue depuis le début de l’année l’épicentre des tentatives de traversée clandestine de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes, situées, au point le plus proche, à moins de 130 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.
Le tribunal de Sfax a ouvert une enquête pour déterminer les causes de l’accident. « Il se peut que le bateau transportait un petit nombre de ressortissants d’Afrique Subsaharienne et qu’ils figurent parmi les disparus », a dit le porte-parole, en soulignant que les recherches d’éventuels rescapés se poursuivent.
Un autre naufrage avait déjà eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi à seulement 120 mètres de la côte, à Gabès, ville portuaire située à environ 150 km au sud de Sfax.
Un jeune Tunisien de 20 ans a péri dans ce drame ainsi qu’un nourrisson dont les parents font partie des 13 personnes secourues, toutes de nationalité tunisienne. Cinq autres Tunisiens demeurent toujours portés disparus.
Des milliers de Tunisiens
Plongée dans une crise financière engendrant des pénuries de produits essentiels, la Tunisie est également secouée par de fortes tensions politiques depuis le coup de force par lequel le président Kais Saied s’est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021. Une vingtaine d’opposants ont été emprisonnés depuis février.
Chaque année, des milliers de Tunisiens prennent la mer à la recherche d’une vie meilleure en Europe.
Depuis début 2023, ils représentent la quatrième nationalité parmi les migrants débarqués en Italie, derrière les Ivoiriens, les Guinéens et les Egyptiens, selon des statistiques italiennes.
Près de 98.000 migrants ont atteint les côtes italiennes depuis le début de l’année, selon Rome, soit plus du double du chiffre enregistré pour la même période de 2022. Les deux tiers de ces migrants ont pris le départ de la Tunisie, le reste de la Libye voisine.
Les arrivées de Tunisiens ont toutefois reculé de 25% sur un an, avec 7.121 migrants depuis le début de l’année, selon le ministère de l’Intérieur italien.
La météo a été très défavorable en Tunisie en mai et juin, période à partir de laquelle les départs s’intensifient habituellement pour se poursuivre tout l’été jusqu’à l’automne.
Avant ces deux derniers drames, le plus récent naufrage au large de la Tunisie avait été annoncé le 7 août.
Une embarcation partie avec 57 personnes à son bord, toutes originaires d’Afrique subsaharienne, avait coulé après son départ des environs de Sfax. Onze migrants ont péri et 44 n’ont pas été retrouvés, seules deux personnes ayant pu être sauvées.
Les départs de migrants subsahariens ont connu une accélération après un discours en février du président tunisien Kais Saied dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants » clandestins venus, selon lui, « changer la composition démographique » de son pays.
En juillet, de nombreux migrants subsahariens ont décidé de tenter la traversée après que des centaines d’entre eux ont été chassés de Sfax, à la suite de la mort d’un Tunisien dans une rixe entre migrants et habitants.