«Je suis off !» : l’expression qu’il faut bannir au bureau

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Quentin Périnel, journaliste et chroniqueur chez notre partenaire Le Figaro, décrypte un mot ou une expression grotesque que nous prononçons au bureau et qu’il faut éradiquer de notre vocabulaire.

C’est précisément le rêve de mes collègues du service politique du Figaro, qui ont suivi sans répit l’élection présidentielle et l’élection d’Emmanuel Macron, manches retroussées et stylo sur l’oreille. Souffler. Prendre du repos. Se mettre au vert. Être off une semaine entière, pour les plus chanceux. Uniquement quelques jours, voire quelques heures pour certains autres. C’est un tic de langage qui a contaminé la totalité des mondes du travail français. «Demain je suis off», entend-on souvent au bureau, dans la bouche d’un collègue satisfait d’avoir réussi à «poser» son vendredi à l’aube d’un week-end de trois jours. Très souvent, l’acte d’être off porte en elle une connotation de brièveté. Il est impossible «d’être off» plus d’une semaine. Pourquoi? Sinon, cela devient des vacances! Off de quoi? Absurde sur un plan linguistique, évidemment. Anglicisme et cetera.

Il me paraît nécessaire de faire un «petit point» de langue française. De quoi l’expression «être off» est-elle le nom? D’une incongruité linguistique, certes. Une infâmie anglicisante également. Mais c’est aussi une expression extrêmement symbolique et imagée! Tourner le bouton sur «off». L’image de l’interrupteur que l’on pousse vers le bas. Le jour et la nuit. «Je suis off» est un message catégorique. Il implique une indisponibilité nette, imperturbable. Quitter le bureau en précisant son statut «off» pour le(s) jour(s) à venir a le même effet que d’afficher un panneau «ne pas déranger» sur la porte d’une chambre d’hôtel! Qui s’aventure à rompre cette quiétude s’expose à de graves ennuis…

Il est temps de rétablir la vérité, qui est bien loin d’être aussi simple qu’un interrupteur. En 2017, personne n’est jamais vraiment «off». Mails, SMS, voire appels téléphoniques – émanants des managers les plus irrespectueux – et autres bruits numériques viennent constamment troubler notre repos, même si la bienséance l’interdit. Aujourd’hui, on n’est vraiment off qu’en haut d’une montagne, sans 4G ni connexion WiFi, dans l’incapacité matérielle d’être dérangé. Être off est aussi un bon moyen de pousser à l’extrême le présentéisme. La preuve? Repensez à toutes ces personnes qui ont répondu à un mail ou un SMS en commençant par «je suis off aujourd’hui, mais…»

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