Russie: un journal indépendant veut armer ses journalistes

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La direction du journal indépendant russe Novaïa Gazeta a indiqué jeudi vouloir armer ses journalistes pour assurer leur sécurité, après l’agression contre une animatrice de la radio critique du pouvoir Echo de Moscou.

« Si l’Etat n’est pas prêt à nous défendre, nous allons nous défendre nous-mêmes », a expliqué à l’AFP un adjoint du rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Sergueï Sokolov.

« Quand les journalistes sont sans défense face à l’arbitraire qui règne dans la rue et à la négligence des forces de l’ordre, il n’y a pas d’autre solution », a-t-il estimé.

Rédactrice en chef adjointe de la radio Echo de Moscou, Tatiana Felguenhauer, 32 ans, a été poignardée lundi en pleine rédaction par un homme semblant déséquilibré, certains journalistes dénonçant un climat « de haine » contre les voix critiques du pouvoir de nature à encourager de tels actes. Elle restait hospitalisée jeudi.

« Je vais armer la rédaction. Je n’ai plus d’autre moyen. Nous avons subi beaucoup de tentatives de meurtre », a affirmé le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov sur Echo de Moscou.

« Je vais envoyer certains employés à des cours (d’autodéfense, ndlr). Nous allons conclure un accord avec le ministère russe de l’Intérieur. Nous allons commander et acheter des armes traumatiques (…) », a-t-il dit.

Novaïa Gazeta enquête sur des thèmes sensibles allant de la corruption à la participation des soldats russes dans le conflit armé en Ukraine en passant par les persécutions contre les homosexuels en Tchétchénie.

Six journalistes ou collaborateurs du journal ont été tués depuis la création du journal en 1993. Le cas le plus retentissant fut celui de Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques de la politique du Kremlin en Tchétchénie et assassinée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble.

« Chacun a le droit de prendre des mesures de sécurité qu’il estime nécessaires à condition qu’elles soient conformes à la législation en vigueur », a souligné lors d’un point de presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Les Russes ont le droit d’acheter des armes incapacitantes à condition d’obtenir une autorisation nécessitant des tests médicaux (dont psychiatriques et toxicologiques) et de suivre des cours pour apprendre à les manier.

Le producteur d’armes Kalachnikov a indiqué jeudi qu’il offrait « une réduction de 10% » aux journalistes qui souhaiteraient acheter des armes incapacitantes (balles à caoutchouc par exemple). Il s’est dit prêt à conseiller les journalistes « sur les questions d’autodéfense ».

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