Quand un “blind dating” à la marocaine fait l’unanimité… contre lui-même

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Screenshot de l'émission "blind dating by outfits" de Kawaliss.
Screenshot de l'émission "blind dating by outfits" de Kawaliss.

Récemment, un nouveau concept de blind dating a fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. En quelques jours seulement, l’émission “Blind dating by outfits” de la chaîne Kawaliss a explosé les compteurs de vues sur YouTube, provoquant de nombreuses réactions sur la toile.

Le blind dating est arrivé au Royaume, mais pas de la plus belle des manières. C’est la chaîne Kawaliss qui a importé ce concept “occidental” et aujourd’hui, c’est cette même chaîne qui en fait les frais.

Le blind dating est en réalité un rendez-vous à l’aveugle arrangé entre deux personnes qui ne se sont jamais rencontrées auparavant. L’objectif est souvent de découvrir si les prétendants sont compatibles pour une relation amoureuse. Les blind dates sont généralement organisés par des amis communs, des membres de la famille, ou par des services de rencontres.

Jeudi dernier, le Maroc a eu droit à son premier blind dating, un nouveau concept développé par la chaîne Kawaliss qui semble s’intéresser plus que tout à notre jeunesse. En moins d’une semaine, la vidéo d’une quarantaine de minutes affiche pas moins de 1.790.000 vues sur YouTube avec un pic de 18.400 commentaires.

Celle-ci a créé une vague de réactions de la part des internautes marocains dont la majorité a manifesté sa colère contre ce concept. Sur les réseaux sociaux, l’on ne parle que de ce premier épisode, mais pour quelles raisons?

Premièrement, le concept en général pose problème au Maroc. Le dating, bien que populaire chez les jeunes marocains, reste un concept “occidental”, éloigné des mœurs et coutumes marocains. Autre facteur qui n’a pas été apprécié: le timing choisi par les producteurs pour l’émission, à savoir le lendemain d’Aïd Al Fitr.

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Par ailleurs, le contenu a été vivement critiqué par certains internautes qui l’ont jugé inapproprié aux codes et valeurs de l’islam et de la société. D’autres dénoncent un contenu banal sans aucune valeur ajoutée.

Quant à l’épisode, il a mis les lumière sur Armani El Goumani, une jeune fille issue de la diaspora marocaine aux Pays-Bas ainsi que 5 jeunes prétendants originaires de plusieurs régions du Royaume. Influenceuse et très active sur TikTok, elle en a choqué plus d’un avec sa tenue. Vêtue d’une jupe, on ne peut plus courte, elle a été sévèrement critiquée dans les commentaires.

Parallèlement à son style provoc, son comportement a lui aussi fait défaut. Alors qu’elle devait choisir un candidat à éliminer, elle a remis une couche en déplorant le fait que la charia ne donne le droit aux femmes qu’à un seul homme. Lors d’une étape d’éviction, Goumani confie même le choix du candidat… à sa chienne. Du haut niveau!

Les candidats qui ont fait face à l’influenceuse ont également été pointés du doigt. Pour une grande partie, ces derniers ont manqué d’amour propre et de fierté. Certains vont jusqu’à généraliser leurs cas à toute la jeunesse marocaine. Pour eux, ce n’est que le résultat de l’influence occidental sur les jeunes Marocains qui “se sont adoucis”.

Face à l’ampleur qu’a pris cette affaire, Goumani est sortie de son silence et a publié une vidéo sur TikTok pour s’expliquer. Elle indique à ses détracteurs qu’aux Pays-Bas, où elle réside, ce concept et ce genre de tenue vestimentaire sont tout à fait normaux. Sans pour autant convaincre, elle ajoute qu’elle ne s’attendait pas à la tempête provoquée par cet épisode.

Sur les réseaux sociaux, des rumeurs indiquent que la chaîne Kawaliss serait financée par l’Union européenne à travers la Fondation Hiba. Ce lundi, cette dernière est sortie à son tour de son silence. Dans un communiqué, la fondation “dément formellement tout lien avec le projet « Kawaliss vision » et regrette que la similitude des noms de projets aient mené à une confusion dans l’opinion publique marocaine. Aucun lien, de quelque ordre que ce soit, n’existe entre ces deux projets”.

Le programme Kawaliss de la Fondation Hiba, fruit d’un partenariat solide avec l’Union européenne et divers acteurs majeurs, représente une initiative de premier plan dans le domaine des industries culturelles et créatives. En tant qu’incubateur de renom, il s’engage pleinement à promouvoir l’insertion professionnelle et l’entrepreneuriat au sein de ces secteurs stratégiques. Déployé avec succès dans quatre régions du Maroc – Souss Massa, Fès-Meknès, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et l’Oriental, Kawaliss offre un soutien complet visant à encourager l’émergence et le développement de projets culturels et artistiques novateurs”, conclut le communiqué.

Côté réseaux sociaux, des appels au signalement et au boycott ont été lancés. Influenceurs et internautes appellent depuis une semaine à la suppression de la vidéo. Une pétition en ligne a même été créée dans ce but. Cette fois-ci, il semblerait que progressistes et conservateurs se soient mis d’accord sur ce point.

Selon nos confrères de Hespress, la Brigade nationale de la Police Judiciaire (BNPJ) a ouvert une enquête “sur des soupçons de violation des bonnes mœurs et d’incitation à l’immoralité publique au moyen des systèmes d’information”.

En attendant, l’épisode est toujours en ligne et ne cesse de cumuler des centaines de milliers de vues. Affaire à suivre…

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