Pénurie de médicaments: « On demande aux citoyens de ne pas s’automédiquer » (pharmacien)

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Depuis une semaine, les pharmaciens constatent une pénurie de médicaments, en particulier ceux destinés au traitement du covid-19. La profession appelle les citoyens à ne pas s’automédiquer afin de gérer au mieux ces ruptures de stocks.

« On a constaté qu’il y a beaucoup de ruptures de stocks de certains médicaments qui rentrent dans le cadre du protocole du covid-19. Il s’agit notamment de certains antibiotiques contenant l’azithromycine, de la vitamine C, des médicaments à base de zinc », explique Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM).

« Tous les médicaments ou compléments alimentaires en lien avec le covid-19 sont en rupture de stock dans les pharmacies. La vitamine C, les compléments alimentaires en contenant, l’azithromycine, le zinc… je n’en ai plus. C’est en rupture chez la plupart des fournisseurs depuis une petite semaine. La vitamine C est en rupture depuis le début du coronavirus, donc les clients utilisent d’autres sources de cette vitamine comme l’acerola », confirme Chama, pharmacienne dans un quartier de Hay Moulay Rachid.

A cette pénurie, plusieurs explications. Outre la forte sollicitation subie par les fabricants en cette période de crise, un phénomène d’automédication amoindrit considérablement les stocks. Cette automédication concerne des personnes qui achètent le traitement seulement par prévention ou des malades qui possèdent une ordonnance, mais qui ne sont pas certains d’être infectés du covid-19.

Stop à l’automédication

« Ces derniers temps, on a remarqué que plusieurs citoyens se dirigent vers les pharmacies à la recherche du traitement de covid-19. Il y a certains qui viennent avec des ordonnances, d’autres en automédication. On demande aux citoyens de ne pas procéder à l’automédication car cela ne sert à rien, et de ne prendre ce protocole médicamenteux que si l’on est sûr d’être atteint du covid-19 », conseille le président de la CSPM qui rappelle que « l’hydroxychloroquine n’est pas disponible en pharmacie car le ministère de la Santé a réquisitionné tout le stock depuis l’apparition du covid-19 au Maroc ».

 

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« En effet, les patients atteints du covid-19 nécessitent une ordonnance pour obtenir leur traitement. Ils sont pris en charge par les hôpitaux qui leur délivrent des ordonnances pour acheter leur traitement en pharmacie, hormis l’hydroxychloroquine qui leur ai donnée directement à l’hôpital », détaille-t-il.

« Quand les médecins ont des suspicions de coronavirus, ils prescrivent directement le traitement affilié (azithromycine, zinc et vitamine C), sauf l’hydroxychloroquine qui n’est délivrée qu’à l’hôpital », affirme de son côté la pharmacienne de Hay Moulay Rachid qui explique en partie ce comportement par « le manque de tests et les complications pour y accéder ». « Le résultat parvient désormais au bout de 3/4 jours et la plupart des centres de dépistage exigent une ordonnance donc il faut passer par un médecin avant. Par ailleurs, les personnes à risques nécessitant l’hydroxychloroquine doivent faire un bilan de santé avant de la prendre ».

« C’est pourquoi le médecin généraliste fait un arbitrage et préfère prévenir que guérir en prescrivant un traitement de première intention aux personnes suspectes et présentant des risques », soutient la pharmacienne qui confie « recevoir quotidiennement au moins une trentaine de demandes de vitamine C hors ordonnances ».

Trafic de zinc

La pénurie des médicaments liés au covid-19 a généré l’émergence d’un marché parallèle sur les réseaux sociaux, indique Lahbabi. « On retrouve des médicaments à base de zinc à des prix exorbitants (700/800 DH la boîte), dont l’origine est inconnue. Normalement, la boîte ne dépasse pas 90 DH », témoigne le professionnel qui appelle les citoyens « à ne pas céder à la tentation en achetant des médicaments de source inconnue car cela peut causer des effets néfastes sur leur santé ». Et de mettre en garde: « Un médicament exige des conditions de conservation qui ne sont pas forcément respectées par ces revendeurs informels ».

Pour gérer au mieux les quantités de médicaments disponibles et les attribuer aux malades effectifs, l’ensemble des pharmaciens « essayent au maximum de sensibiliser la population », surtout les personnes qui achètent le traitement « seulement pour le conserver ».

Enfin, la rupture des stocks concerne également les médicaments hors covid-19 tels que des antihypertenseurs, évoque Mohamed Lahbabi, président de la CSPM. « On arrive rarement à honorer une ordonnance complète. Parfois, nous avons le générique mais nous n’avons pas le droit de le délivrer. C’est la raison pour laquelle nous avions sollicité au ministère le droit de substitution (droit d’accorder le générique, ndlr), mais en vain pour le moment ».

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