Pedro Castillo, le président pro-Polisario du Pérou destitué et mis en état d’arrestation

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Instituteur rural avant de devenir président du Pérou, Pedro Castillo n’a passé que 17 mois au pouvoir avant d’être destitué mercredi par le Parlement, croulant sous le poids des enquêtes judiciaires pour corruption ou trafic d’influence.

Ce novice en politique, élu sous les couleurs de la gauche radicale, a conquis la tête de l’Etat le 19 juillet 2021 à l’issue d’un scrutin très serré face à son adversaire de la droite populiste, Keiko Fujimori, fille de l’ancien président Alberto Fujimori (1990-2000). Il devenait le premier président péruvien sans aucun lien avec les élites politiques, économiques et culturelles du pays.

« C’est la première fois que ce pays va être gouverné par un paysan », reconnaissait d’ailleurs lors de son discours d’investiture celui qui enseigna pendant 24 ans dans une école rurale.

Pedro Castillo est né le 19 octobre 1969 dans un village de la région de Cajamarca (nord), où il travaillait aux champs avec ses parents.

Pour souligner ses racines provinciales, il a longtemps porté en toutes circonstances le chapeau blanc traditionnel du nord du pays, avant de décider, du jour au lendemain, de le quitter pour mieux endosser l’habit présidentiel.

Mais il est vite devenu trop grand pour lui.

Issu du parti Pérou Libre se revendiquant du marxisme-léninisme, il a beaucoup promis durant la campagne présidentielle : un million d’emplois en un an, des investissements publics pour réactiver l’économie, une nouvelle constitution, le renforcement des secteurs de la santé, de l’éducation et de l’agriculture pour améliorer le sort des Péruviens les plus démunis…

Mais son ignorance de la politique, les luttes internes du nouveau parti au pouvoir, les attaques incessantes de l’opposition et de permanentes dissensions au sein des ses différents gouvernements ont réduit à zéro ses réalisations.

Son ministre des Affaires étrangères, un ex-guérillero, démissionne seulement 19 jours après sa nomination. Son premier Premier ministre, un ingénieur sans expérience politique, ne tiendra qu’un peu plus de deux mois.

Au bout de six mois de présidence, Pedro Castillo a déjà nommé quatre Premier ministres et son impopularité atteint un niveau record de 69%.

 

– Corruption –

 

En plus du chaos institutionnel, la justice ouvre plusieurs enquêtes pour des soupçons de corruption ou de trafic d’influence impliquant directement le président Castillo ou son entourage.

Des perquisitions sont effectuées au secrétariat général de la présidence et même dans la résidence familiale des Castillo. La justice a même déposé un recours constitutionnel l’accusant du délit d’organisation criminelle de corruption. C’est la première fois qu’un président en exercice au Pérou est visé par un tel recours.

Au total, il fait l’objet de six enquêtes distinctes mais bénéficiait, jusqu’à sa destitution, de l’immunité présidentielle.

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La colère gronde. Des manifestations à l’appel d’organisations politiques et civiles demandent sa démission.

Le parlement, dominé par l’opposition de droite, débat par deux fois de procédures de destitution qui seront toutefois rejetées en décembre 2021, puis à nouveau en mars 2022.

La troisième sera la bonne.

Alors que le Parlement devait se réunir mercredi pour débattre et voter de sa destitution éventuelle pour « incapacité morale » –la même qui a fait chuter deux présidents en exercice, Pedro Pablo Kuczynski (droite) en 2018 et Martin Vizcarra (centre) en 2020–, Pedro Castillo a tenté le tout pour le tout.

Ceint de l’écharpe présidentielle, il a annoncé à tout le pays la dissolution du Parlement et l’instauration d’un Etat d’urgence.

Mais lâché de toutes parts son annonce ne sera pas suivie d’effet. Sa vice-présidente, Dina Boluarte, élue avec lui en 2021, dénonce un « coup d’Etat » avant d’être, un peu plus tard, investie nouvelle présidente.

Pendant ce temps, Pedro Castillo est arrêté.

Après son chapeau, le voilà déshabillé de son armure présidentielle qui lui assurait l’immunité face à la justice.

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