Palestine: le Hamas et le Fatah ont signé un accord de réconciliation

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Saleh al-Aruri du Hamas et Azam al-Ahmad du Fatah, après avoir signé l'accord de réconciliation au Caire, ce jeudi. Crédit: AFP

Le mouvement islamiste Hamas et son rival palestinien du Fatah ont annoncé jeudi un premier accord sur les termes concrets de leur réconciliation après une décennie de déchirements dévastateurs, et doivent en dévoiler les termes en milieu de journée au Caire.

Dans ce qui serait une manifestation spectaculaire de ce rapprochement, le président palestinien Mahmoud Abbas se rendra à Gaza « dans moins d’un mois », a déclaré à l’AFP Zakaria al-Agha, chef du parti Fatah de M. Abbas dans la bande de Gaza.

Ce serait la première visite de M. Abbas dans la bande de Gaza depuis 2007.

Autre avancée de la réconciliation, M. Abbas devrait lever « très bientôt » les mesures financières prises en 2017 pour forcer le Hamas à la conciliation, a-t-il dit.

Peu auparavant, le Hamas avait annoncé dans un communiqué qu’un « accord (avait) été trouvé aujourd’hui entre le Hamas et le Fatah sous parrainage égyptien ».

Le contenu de l’accord n’a pas été dévoilé. Mais une conférence de presse est prévue dans la capitale égyptienne en milieu de journée, a dit à l’AFP Fayez Abou Eita, un porte-parole du Fatah et membre de la délégation de son parti au Caire.

Le Hamas et son concurrent laïc et modéré du Fatah ont engagé mardi des tractations entourées du plus grand secret au Caire pour concrétiser une réconciliation annoncée en grande pompe la semaine précédente.

Les pourparlers sont censés porter sur les modalités pratiques du rapprochement entre les deux partis, à couteaux tirés il y a encore quelques semaines.

Outre les détails de l’accord, on ignore sa portée. Des questions aussi épineuses que le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza et le sort des 25.000 hommes du bras armé du Hamas risquaient d’être remises à plus tard.

Les deux parties ont déjà signalé que parachever la réconciliation prendrait du temps. Les dispositions tangibles d’un partage de pouvoirs sont annoncées comme extrêmement ardues tant les intérêts des uns et des autres semblent contradictoires.

Le Hamas gouverne la bande de Gaza sans partage depuis qu’il en a évincé l’Autorité palestinienne présidée par M. Abbas au prix d’une quasi-guerre civile avec le Fatah en 2007.

L’Autorité, entité internationalement reconnue supposée préfigurer un Etat palestinien indépendant, est dominée par le Fatah laïc et modéré. Elle n’exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, occupée par Israël et distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres.

‘L’expérience’ Hezbollah

Sous pression, le Hamas a accepté en septembre le retour à Gaza de l’Autorité et de son gouvernement. Le raccommodement a été matérialisé la semaine passée avec le premier conseil des ministres se tenant à Gaza depuis 2014.

L’enjeu, considérable, est double. Le plus immédiat est le sort des deux millions de Gazaouis, éprouvés par trois guerres avec Israël depuis 2008, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté, le chômage et les pénuries d’eau et d’électricité.

Au-delà, les divisions palestiniennes sont considérées comme un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien.

La légitimité du président Abbas, interlocuteur d’Israël et de la communauté internationale, est sapée par le fait que le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l’Union européenne et comme infréquentable par plusieurs pays arabes, préside actuellement aux destinées de deux cinquièmes des Palestiniens des Territoires.

Le Hamas attend la levée des mesures financières prises par le président Abbas pour le faire fléchir, comme l’arrêt du paiement de la facture d’électricité gazaouie à Israël. « On reviendra dessus quand le gouvernement sera en mesure d’assumer ses responsabilités », avait dit M. Abbas la semaine passée.

Evoquant l’éventualité que le Hamas reste en charge de la sécurité à Gaza, M. Abbas a aussi prévenu qu’il n’accepterait pas « qu’on clone l’expérience du Hezbollah au Liban ».

Le Hamas a signifié de son côté que la question de ses armes n’était pas négociable.

Les parties doivent aussi régler le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son pays n’accepterait de traiter avec un gouvernement parlant au nom de toutes les factions palestiniennes que si le Hamas démantèle son bras armé, rompt avec l’Iran et reconnaît Israël. Des conditions a priori impossibles à satisfaire pour le Hamas.

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