Nouvelle polémique explosive sur la capacité de Donald Trump à gouverner

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Selon le New York Times, le numéro 2 du département de la Justice Rod Rosenstein aurait suggéré l’an dernier d’enregistrer secrètement Donald Trump et de le destituer. Malgré ses démentis, pourra-t-il garder son poste ?

Les têtes risquent de tomber au département de la Justice. Après avoir taillé en pièces son ministre, Jeff Sessions, dans une interview mercredi au journal The Hill («Je n’ai pas d’Attorney General»), Donald Trump a eu vendredi la confirmation de ses pires soupçons envers Rod Rosenstein, le numéro deux du département de la Justice.

Selon des révélations du New York Times, s’appuyant sur des témoins présents et des notes rédigées par les participants, l’Attorney General adjoint aurait envisagé au printemps 2017 d’enregistrer secrètement ses conversations avec le président et suggéré que d’autres responsables, notamment du FBI, en fassent autant. Pire, il aurait proposé de recenser les membres du gouvernement susceptibles de se rallier à une procédure de destitution de Donald Trump en vertu du 25e Amendement de la Constitution.
Adopté quatre ans après l’assassinat de John F. Kennedy, celui-ci permet au vice-président et à une majorité du cabinet de prendre acte que le locataire du Bureau Ovale «n’est pas capable d’assumer les prérogatives et les responsabilités de sa fonction». Il a déjà été activé sous Nixon et de manière temporaire sous les Bush, père et fils, durant des interventions chirurgicales.
Selon le New York Times, le contexte agité du mois de mai 2017 expliquerait les mesures extrêmes envisagées par Rod Rosenstein. Entré en fonctions à peine deux semaines plus tôt, le nouveau numéro deux du ministère de la Justice, jusque-là procureur fédéral du Maryland, se rallie d’emblée au projet de limoger le directeur du FBI, James Comey. Il offre même de rédiger une note critiquant son enquête sur les courriels d’Hillary Clinton durant la campagne. Mais apparemment, il aurait été surpris et «frustré» que Trump cite son rapport pour justifier la mise à l’écart de Comey…

Enregistrement secret

C’est dans cet état agité qu’il tient cinq jours plus tard la réunion aujourd’hui en cause. Sont présents Andrew McCabe, alors directeur par intérim du FBI – qui sera à son tour écarté en janvier 2018 – et au moins quatre autres responsables du département de la Justice. Selon les notes de McCabe, Rosenstein se serait alarmé d’une Maison-Blanche désorganisée et d’un président incapable de mener sérieusement les entretiens en vue de nommer un nouveau directeur du FBI. Pour le démontrer, il aurait suggéré de l’enregistrer secrètement.
À l’un des participants lui demandant s’il est sérieux, il aurait fait valoir qu’on ne vérifie jamais son téléphone portable lorsqu’il se rend à la Maison-Blanche. Un autre témoin offre une version différente: Rosenstein aurait lancé l’idée sur un mode «sarcastique», du genre: «Qu’est-ce que tu veux faire Andy, enregistrer le président?» Dans les notes d’un troisième témoin, Lisa Page, il n’est pas question du 25e Amendement. Mais selon McCabe, l’Attorney General adjoint aurait suggéré de sonder son patron, Jeff Sessions, et John Kelly, alors ministre de la Sécurité intérieure, à ce sujet.
Rod Rosenstein a démenti vendredi après-midi dans un communiqué un récit «inexact et factuellement incorrect», ajoutant: «Je ne commenterai pas davantage un article fondé sur des sources anonymes manifestement biaisées contre le ministère et poursuivant un but personnel. Mais je veux être clair: sur la foi de mes interactions avec le président, il n’y a aucune raison pour invoquer le 25e Amendement.»
Chris Wallace sur Fox News a jugé cette défense «faible» et «légaliste». Laura Ingraham, passionaria de la même chaîne, a demandé la tête de Rosenstein, «tout de suite, il doit partir aujourd’hui même». Donald Trump Jr., le fils aîné du président, s’est dit «absolument choqué». Alors que la Maison-Blanche cherche toujours l’auteur d’une tribune accablante parue il y a deux semaines dans le New York Times, l’Attorney General adjoint ajoute son nom à la liste des suspects.

Complot

Contrairement aux attentes, Donald Trump n’a pas évoqué l’affaire vendredi soir lors d’un rassemblement électoral dans le Missouri.

Sur Fox News, Tucker Carlson, et surtout Sean Hannity, qui a l’oreille du président, l’ont mis en garde contre «le piège» supposément tendu par le New York Times afin qu’il limoge Rosenstein et soit ensuite accusé d’obstruction à la justice. Tout en dénonçant «le complot maintenant démontré de l’Etat profond», Hannity recommande à Trump de garder le «traître» dans son équipe…
Jeff Sessions, que beaucoup voient sur un siège éjectable après les législatives de novembre, serait «mécontent» et «inquiet». Son actuel bras droit est chargé de superviser l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur le soupçon de collusion entre la campagne de Trump et le Kremlin. C’est en effet Rosenstein qui avait nommé Mueller le 17 mai 2017, après que Sessions s’était récusé en raison de sa participation à l’équipe de campagne.
Le choix d’un remplaçant pourrait aider le président dans son bras de fer avec le procureur spécial, dont il dénonce sans relâche la «chasse aux sorcières». Le ministère garde la main sur la durée, l’équipe et le budget de l’enquête. En attendant, cette responsabilité reviendrait au Solicitor General (procureur général) du ministère, Noel Francisco. Mais Trump doit procéder avec prudence: une majorité d’Américains souhaite que Mueller puisse aller au bout de ses recherches.

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