Moudawana. Victime de harcèlement sur les réseaux, Rim Akrache dénonce une campagne de haine

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Rim Akrache, neuropsychologue et activistes féministes.
Rim Akrache, neuropsychologue et activistes féministes.

Dans leur lutte pour l’égalité pour un Code de la famille plus juste, les activistes féministes font l’objet d’une campagne virulente de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux accompagnée parfois des menaces de mort. Rim Akrache, neuropsychologue et fervente militante féministe, a elle aussi été victime de cette campagne. Dans cette interview pour H24info, elle revient sur ce phénomène qui “vise à intimider et à faire taire celles qui osent défendre cette cause”.

Depuis quelques jours, le débat bat son plein sur les réseaux sociaux au Maroc autour de la Moudawana. L’instance chargée de la révision de ce Code de la famille a remis ses recommandations au chef du gouvernement. Ceci intervient après la lettre royale adressée à Akhannouch, dans laquelle le Roi l’a mandaté pour superviser la révision de la réforme.

Avec l’approche de cette échéance, de vives réactions sont apparues sur les réseaux sociaux entre opposants et défenseurs de cette réforme. Mais très loin du débat public courtois et respectueux. Des activistes féministes se sont retrouvées, malgré elles, au milieu d’une vague de haine. Celles qui défendent avec ferveur la “nouvelle Moudawana” font face depuis plus d’une semaine au cyber harcèlement, menaces de morts, diffamations…

Parmi elles, Rim Akrache, psychologue, neuropsychologue et fervente militante féministe. Dans une interview accordée à H24info, elle a partagé son expérience, mettant en lumière la brutalité du cyberharcèlement dont elle a été victimes avec d’autres activistes marocaines.

Akrache a souligne que ce genre de campagnes de harcèlement sont récurrentes, mais cette fois-ci, elle atteint des niveaux alarmants, voire inquiétants.

C’est vrai que c’est quelque chose qu’on a toujours vécu, on a toujours reçu des insultes, des provocations, il y a eu énormément d’agressivité au fil du temps dès qu’on va aborder le sujet des droits des femmes”, explique-t-elle.

Cette fois-ci, la neuropsychologue a elle aussi fait les frais du harcèlement sur les réseaux sociaux: “On a posté des photos de ma famille, on a appelé des associations avec lesquelles je collabore, j’ai reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux, j’ai été contactée par d’autres personnes qui ont vécu la même chose aussi, qui ont reçu des menaces de mort sur des réseaux sociaux professionnels de la même manière. Donc c’est très important de mettre les mots dessus”.

Ces attaques, les militantes marocaines les connaissent depuis longtemps. Mais cette fois, “dans ce contexte de réforme du Code de la famille, tout ça se fait dans le but de faire taire les voix féministes qui parlent de leur droit et qui ont une place qui est différente de celle que la société leur impose. C’est-à-dire qu’on ne supporte pas que vous ayez le pouvoir de vous exprimer ou de plaider pour votre cause”, ajoute Akrache.

Selon elle, certains de ces détracteurs veulent “faire passer les voix féministes comme des voix anti-marocaines. C’est pour ça que ce sont des choses qui tombent sous le coup de la loi et c’est très important d’en parler et de ne pas lier ça à une sorte d’habituelle agressivité”.

Concernant l’organisation de cette campagne de haine, Akrache souligne qu’elle est menée par des individus hétérogènes, tant arabophones que francophones, ce qui complique l’identification de ses instigateurs. “Cette agressivité est en plus exacerbée par l’anonymat. On ne connaît pas l’identité des harceleurs et des agresseurs, et du coup ça déclenche encore plus de violence. Finalement, ce sont des personnes qui ne font même pas ça dans le but de s’indigner”.

Selon elle, “elles refusent même l’idée de débattre. C’est vraiment pour faire peur et créer un climat d’insécurité afin d’instaurer une pression mentale et physique sur les personnes ciblées par cette campagne”.

Moudawana: le calvaire des militantes féministes, harcelées et menacées de mort

La militante a également dénoncé  l’irresponsabilité de certains créateurs de contenus ou personnalités sur les réseaux sociaux, dont les discours alimentent la violence en ligne.

Dans ce sens, elle encourage les victimes de cyberharcèlement de porter plainte et à signaler les contenus et les comptes incriminés sur les plateformes de réseaux sociaux. Elle insiste sur l’importance de sensibiliser sur le cyberharcèlement et de faire reconnaître son caractère criminel.

Ce qu’il faut faire, comme ce qu’on a fait, c’est de porter plainte, de signaler les publications et les comptes avec les commentaires et messages haineux qui circulent sur les réseaux sociaux en espérant qu’ils pourront être retirés. Il faut également alerter sur les dangers et essayer de sensibiliser sur le cyberharcèlement. On peut débattre de beaucoup de choses, c’est pas parce qu’on est différents et qu’on a des points de vue opposés qu’on ne peut pas débattre entre nous”, conclut-elle.

Alors que le Maroc se prépare à une réforme historique du Code de la famille, cette campagne de cyberharcèlement rappelle cruellement les défis persistants auxquels sont confrontées les militantes pour les droits des femmes. Mais malgré les menaces et les attaques, leur détermination à lutter pour l’égalité reste inébranlable.

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