Polémique en France après des propos de la romancière Christine Angot sur l’esclavage

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Des associations et élus des départements français d’Outre-mer se sont offusqués mardi des propos de la romancière et chroniqueuse Christine Angot sur l’esclavage colonial et la shoah, lors d’une émission télévisée samedi soir.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), interrogé mardi par l’AFP, a précisé avoir reçu plus de 900 saisines de téléspectateurs à propos de cette séquence de l’émission On n’est pas couché » sur France 2.

Christine Angot y a déclaré que ce n’était « pas vrai que les traumatismes sont les mêmes, que les souffrances infligés aux peuples sont les mêmes ».

« Le but avec les juifs pendant la guerre, cela a bien été de les exterminer, c’est-à-dire de les tuer, et ça introduit une différence fondamentale (…) avec l’esclavage des noirs (…) où c’était exactement le contraire. L’idée c’était au contraire qu’ils soient en pleine forme, qu’ils soient en bonne santé, pour pouvoir les vendre et qu’ils soient commercialisables ».

Dans un texte envoyé mardi à l’AFP, via son éditeur, Christine Angot a dit regretter « de ne pas avoir réussi » à se faire comprendre, de n’avoir « pas su trouver les mots », et « d’avoir blessé » par ses propos.

Ces propos « sont susceptibles d’être qualifiés de révisionnistes et de négationnistes des crimes contre l’humanité qu’ont été la traite négrière et l’esclavage colonial », a réagi mardi Olivier Serva, député de l’île de La Guadeloupe, dans les Antilles françaises.

« En sus de la relativisation des souffrances endurées pendant plus de quatre siècles par les victimes de la traite négrière et de l’esclavage colonial, ces propos inadmissibles ravivent une concurrence des mémoires que le travail commun des associations était parvenu à apaiser », ajoute-t-il, estimant que ces propos méritaient « une condamnation judiciaire ».

Dans un communiqué commun, le conseil représentatif des Français d’Outre-mer, la coordination des associations d’Outre-mer (Caom) et le comité Marche du 23 mai 1998 (date d’une grande marche silencieuse de 40.000 personnes à Paris pour les victimes de l’esclavage) ont déploré des propos « absurdes »: « il n’y a pas de hiérarchie dans la souffrance générée chez les victimes de crimes contre l’humanité et leurs descendants ! ».

La romancière « heurte la mémoire des descendants d’esclaves », ajoutent-ils, soulignant que leurs « aïeux ont connu les privations, les fers et le fouet, des conditions de vie qui ne préservaient en rien leur +bonne santé+ ».

« Madame Angot, l’idée de l’esclavage des noirs c’est plutôt que les esclaves étaient des biens meubles, que leur humanité a été niée, durant des générations », a déjà rappelé lundi, l’ancienne ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, députée socialiste de La Réunion, dans un tweet.

Dans son texte envoyé à l’AFP, Christine Angot affirme avoir « voulu rapprocher les deux crimes contre l’humanité que sont l’esclavage et la Shoah, tout en prenant soin de spécifier la différence fondamentale de méthode dans la déshumanisation, d’un côté exterminer les personnes, de l’autre leur retirer leur humanité pour en faire des objets de commerce qu’on achète et qu’on vend », a-t-elle assuré.

« L’expression en bonne santé était cependant absurde », a-t-elle reconnu, se disant « bien consciente que de nombreux esclaves ont été tués et que le propriétaire exerçait sur eux un droit de vie et de mort ».

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