L'Algérie et le Maroc, premiers pays d'origine des détenus étrangers en France

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Il y a près de 15.000 ressortissants étrangers en prison, révèle le ministère de la Justice en réponse à une question posée à l’Assemblée nationale par le député Les Républicains Guillaume Larrivé, qui demande en retour au gouvernement d’organiser un «plan d’expulsion» pour pallier le manque de places en prison.

En septembre dernier, le député Les Républicains de l’Yonne, Guillaume Larrivé, déposait une question écrite à l’Assemblée nationale, demandant au ministère de la Justice «de lui indiquer le nombre et la nationalité des ressortissants étrangers actuellement détenus en France (en distinguant, si possible, les prévenus et les condamnés)». La place Vendôme lui a partiellement répondu cette semaine en publiant une longue liste établissant pour chaque pays le nombre de ressortissants détenus. Le ministère de la Justice précise en revanche que «la fiabilité des informations ne permet pas de détailler les prévenus des condamnés».
En retour, le député Les Républicains appelle «le gouvernement à définir un plan d’expulsion des détenus étrangers pour libérer de places de prison». Guillaume Larrivé souhaite en pratique que soit engagée une «évaluation individuelle de chaque situation, selon la peine prononcée» pour ensuite «négocier avec les pays d’origine des accords permettant que ces expulsions soient suivies d’une incarcération».
Une forte hausse du nombre de détenus étrangers depuis 2007
Les données du ministère de la Justice révèlent que 14.964 ressortissants étrangers sont détenus dans les prisons françaises, sur un total de 69077 détenus au 1er février 2017, ce qui porte la part des étrangers à 22% de l’ensemble. Parmi eux, quatre pays d’origine rassemblent 42% de l’ensemble des ressortissants étrangers. Il s’agit de l’Algérie (1954 détenus), du Maroc (1895), de la Roumanie (1496) et de la Tunisie (1102). On compte également 15 Américains, 157 Chinois, 63 Allemands, 2 Japonais, 18 Suisses, 10 apatrides, 43 personnes dont la nationalité n’est pas renseignée et 23 dont elle est inconnue.
Ces chiffres ne sont en réalité pas nouveaux. En 2008, le ministère de la Justice révélait qu’il y avait l’année précédente 11.140 détenus étrangers, représentant 19,2% de l’ensemble des détenus. Jusqu’en 2007, le «taux d’extranéité» a en réalité diminué depuis son pic de 1993 (15.322 détenus, soit 31,1% de l’ensemble des détenus). Il apparaît donc qu’il a depuis remonté de 40% pour se rapprocher de ce précédent record.
«Il faut affirmer un principe fort, car nous sommes dans une situation de sous-capacité et non de surpopulation carcérales», explique le député de l’Yonne. Pour se justifier, Guillaume Larrivé cite les taux d’incarcération en France et en Europe, ainsi que l’écrivain Charles Péguy: «Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit».
En l’espèce, si l’on se réfère aux données de l’étude annuelle sur les prisons publiée par le Conseil de l’Europe, la France n’est pas la championne européenne du tout carcéral avec 98,3 détenus pour 100.000 habitants en 2015, très en deçà de la moyenne européenne, que l’on prenne l’ensemble des pays du Conseil de l’Europe (133,8 détenus) ou seulement ceux de l’Union européenne (115,5 détenus).

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