France: quel locataire à Matignon? Les options d’Emmanuel Macron II

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Le président de la République française, Emmanuel Macron. Crédits photo: 20Minutes

Une femme à Matignon? Un profil « techno » ou politique? Une seule certitude, Emmanuel Macron prend son temps pour désigner son prochain Premier ministre, avec plusieurs équations possibles à l’orée de son second quinquennat.

Le gouvernement de Jean Castex « ira au bout du premier quinquennat qui s’achève le 13 mai minuit », a annoncé mercredi le porte-parole Gabriel Attal, coupant court aux attentes.

« Le président n’a approché personne, n’a proposé le poste à personne », souligne-t-on dans son entourage.

D’ici-là, chacun en est réduit à des conjectures. Avec un portrait-robot du candidat idéal pour seule piste: il aura une fibre à la fois « sociale, environnementale et productive », a esquissé le président.

Priorité à une femme

Une femme aurait sa préférence, selon des proches. Mais le casting n’est pas si simple. La ministre du Travail Elisabeth Borne, régulièrement citée, est peu connue des Français.

« Elle coche des cases. Mais est-ce qu’elle envoie un message politique? », s’interroge un membre du gouvernement. Ce scénario est « devenu tellement insistant » qu’il apparaît de moins en moins probable, renchérit un autre.

« Celles à qui on a donné des gros portefeuilles, comme Barbara Pompili (Transition écologique), Elisabeth Borne ou Florence Parly (Armées) sont restées assez discrètes », déplore aussi un homologue.

Approchée au lendemain du second tour, Véronique Bédague, ex-directrice de cabinet du Premier ministre Manuel Valls devenue DG du groupe immobilier Nexity, n’a pour sa part pas donné suite, selon une information du Parisien confirmée à l’AFP.

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Le nom de la présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais (Les Républicains), gagne en audience. « Je n’y crois pas du tout », lance toutefois un ministre.

Sont aussi citées Catherine Vautrin, ex-ministre de la Cohésion sociale de Jacques Chirac et présidente de la communauté urbaine du Grand Reims. Et l’ex-ministre de l’Ecologie de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet (« NKM »). Sans faire l’unanimité.

« Une seule étoile peut briller »

La tentation de nommer un chef de gouvernement « techno », connaissant bien l’appareil d’Etat et sans ambition politique, pourrait être grande.

Après deux mandats consécutifs, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter à la prochaine présidentielle. Un Premier ministre trop politique risque donc fort de lui faire de l’ombre en se projetant aussitôt dans l’après-2027.

« Comme le disait Chateaubriand à propos de Bonaparte, il ne peut y avoir qu’une seule étoile qui brille dans le ciel », souligne Gaspard Gantzer, ex-conseiller du président François Hollande et spécialiste de communication politique.

Dans la galaxie « techno », Emmanuel Macron pourrait opter pour un proche comme le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie ou le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, au cœur de tous les arbitrages du premier quinquennat.

Un fusible politique

Face à un front social qui s’annonce agité, de la réforme des retraites à la défense du pouvoir d’achat, et à une France très fracturée, « il faut quelqu’un de politique! », insiste pour sa part un ministre, à l’unisson d’autres membres de la majorité.

« Quelqu’un de prêt à sauter dans six mois car avec les réformes sociales ça va être dur », ajoute-t-il. Bref un fusible qui protègerait plus le président.

Pour le directeur des études politiques de l’institut Kantar, Emmanuel Rivière, le Premier ministre devra aussi apporter « un peu d’apaisement » et compenser l’image d’Emmanuel Macron, jugé souvent « trop peu à l’écoute et parfois méprisant ».

Un chef de gouvernement à droite, comme le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, lui permettrait de parachever son entreprise de siphonage des Républicains.

Cela présenterait aussi l’avantage de perturber la montée en puissance d’Edouard Philippe qui a quitté Matignon auréolé d’une popularité supérieure à celle du chef de l’Etat en 2020.

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Mais les attentes de l’opinion sont aussi très fortes sur le pouvoir d’achat et l’écologie, ce qui pourrait justifier un « rééquilibrage à gauche », estime Emmanuel Rivière.

La tête d’affiche sera toutefois difficile à trouver de ce côté-là, observe un conseiller de l’exécutif. Y compris chez Europe Ecologie-Les Verts (EELV) avec lesquels le « schisme sur le nucléaire » est profond, renchérit un cadre de la majorité proche du président.

Le candidat des Verts à la présidentielle, Yannick Jadot, n’a « pas l’épaisseur technique » pour un tel poste, estime également Gaspard Gantzer.

Reste Pascal Canfin, président de la commission environnement au Parlement européen. « C’est quand même lui qui a théorisé la planification écologique », nouveau credo du président, relève le cadre de la majorité.

A quand la fumée blanche ?

« Je pense que le président de la République a en tête et son Premier ministre et son gouvernement. Il joue uniquement avec le calendrier. Il veut une campagne courte », analyse un ministre.

Contrairement à 2012 et 2017, les législatives n’interviendront que sept semaines après la présidentielle. De quoi casser l’élan que le nouveau gouvernement est censé insuffler dans les 100 premiers jours du quinquennat Macron II. Le président a donc tout intérêt à temporiser.

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