Mohamed Darif: ce que sous-entend le roi par « séisme politique”

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«Séisme politique», ce terme prononcé par le roi Mohammed VI lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire ce vendredi 13 octobre a retenu l’attention de nombreux observateurs de la scène politique. 

Pour Mohammed Darif, politologue, le terme «séisme politique» évoqué par le roi dans son dernier discours, signifie avant tout «fermeté dans l’application d’un processus de reddition des comptes».

Plusieurs indices contenus dans le discours de Mohammed VI lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire ce vendredi 13 octobre, confortent cette thèse, selon le politologue.

Tout d’abord, le roi a lié ce discours à celui prononcé à l’occasion de la fête du trône lorsqu’il a vivement critiqué politiques, élus locaux et administration, alors que dans son discours de la «Révolution du peuple et du roi», il a été plutôt question de coopération avec l’Afrique.

En effet, le roi a évoqué vendredi «l’avènement d’une étape cruciale, où il sera question d’établir une corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes». Et d’ajouter: «Nous n’avons jamais hésité à sévir contre quiconque est convaincu de négligence dans l’accomplissement de son devoir national ou professionnel. Dans l’état actuel des choses, une plus grande fermeté s’impose pour rompre avec le laisser-aller et les pratiques frauduleuses qui nuisent aux intérêts des citoyens».

Autant d’allusions claires qui sonnent comme une volonté de rupture avec tout laxisme.

Pour ce faire, le roi a annoncé «des mesures concrètes qui préparent comme il se doit ce processus de reddition des comptes», explique Darif. Il s’agit de la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances, et enfin l’orientation de la «Cour des comptes pour qu’elle remplisse ses missions de suivi et d’évaluation des projets publics lancés dans les différentes régions du royaume».

Par ailleurs, le discours de Mohammed VI a dressé un constat accablant du modèle de développement national jugé «inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens», avant d’appeler à reconsidérer ce modèle «pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays».

Dans cette perspective, le roi a mis en avant la nécessité d’adopter une «approche participative» et «associer à ce processus de réflexion, l’ensemble des compétences nationales, des acteurs sérieux et des forces vives de la nation».

Dans cette optique, le politologue souligne que l’approche participative, «concept désormais consacré par la Constitution de 2011 et qui induit la collaboration entre la société civile, les politiques, les acteurs publics et privés, doit passer à une étape supérieure». La société civile a un rôle important à jouer. Il s’agit de proposer des idées et des initiatives, d’assurer un suivi et un contrôle des mécanismes de fonctionnement des autorités locales pour évaluer tout projet, de déceler les failles et dysfonctionnements, souligne Darif précisant que la décision finale revient aux politiques.

Pour ce faire, les méthodes classiques doivent être abandonnées pour des méthodes plus modernes et plus efficaces, mettant chacun des acteurs devant ses responsabilités. Le roi appelle donc «tout un chacun à faire montre d’objectivité en appelant les choses par leur nom, sans complaisance ni fioriture et en proposant des solutions innovantes et audacieuses, quitte à s’écarter des méthodes conventionnelles appliquées jusqu’ici, ou même, à provoquer un véritable séisme politique».

 

 

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