Dans un article paru ce 8 novembre, la prestigieuse revue Forbes met en garde les…
Minotiers vs. boulangers: dans le dossier du « pain », c’est « tout le secteur qui doit être assaini »
Publié leLa qualité du pain vendu au Maroc continue de susciter la polémique. Les boulangers sortent du silence et taclent la qualité de la farine qui serait «mauvaise et même néfaste pour la santé» poussant les minotiers à se défendre. Du côté des associations de protection du consommateur «c’est tout le secteur qui doit être assaini».
«La farine vendue au Maroc est impropre à la consommation, même pour le bétail», affirmait, dans ses diverses sorties médiatiques, le SG de la Fédération marocaine des boulangeries et des pâtisseries (FMBP) Mohamed El Giri.
Le secrétaire général taclait ainsi les minotiers en les accusant de proposer une farine de mauvaise qualité. Des déclarations desquelles se désolidarisera, dans un premier temps, la fédération par la voie de son président, Lhoucine Azaz.
Mais face à la polémique, la Fédération finira par se rallier du côté de son secrétaire général, accusé par les minotiers de diffamation. D’ailleurs une enquête judiciaire a été ouverte suite au dépôt d’une plainte de la part de la Fédération nationale de la minoterie.
Contacté par H24Info, Abdenour Hasnaoui, chef du bureau exécutif de la Fédération marocaine des boulangeries et des pâtisseries (FMBP) réitère les propos tenus par le secrétaire général et martèle qu’il «s’agit d’une farine impropre à la consommation» et qu’il ne n’agit «nullement d’accusations infondées».
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«Nous ne sommes pas les seuls à le dire et ce n’est un secret pour personne, la qualité de la farine est mauvaise et même néfaste pour la santé», va jusqu’à affirmer notre interlocuteur, soulignant que «certains tirent bénéfice de cette situation, mais il est temps que cela change».
Pourtant ce n’est que maintenant que les boulangers brisent le silence. Abdenour Hasnaoui s’en défend et explique que «les critiques sur la qualité du pain se sont multipliées ces derniers mois et la faute est toujours et uniquement rejetée sur les boulangers».
«Nous ne faisons qu’assembler des matières premières et si la matière première de base est de mauvaise qualité, alors nous ne pouvons pas nous attendre à avoir un pain de bonne qualité au final», poursuit-il. De ce fait, «ceux à blâmer sont ceux qui fournissent les matières», estime le directeur du bureau exécutif de la FNBP.
« Assainir tout le secteur »
Les boulangers sont toutefois accusés d’avoir recours à des additifs pour la confection du pain. Notre interlocuteur ne s’en défend pas, mais affirme que «sans ces additifs le pain serait immangeable».
«La farine est de mauvaise qualité et donc nous sommes contraints d’ajouter du sel ou encore du sucre pour pouvoir proposer un produit d’une qualité acceptable à nos clients. (…) Nous ne demandons qu’à travailler avec de bons produits pour mieux les satisfaire», explique Abdenour Hasnaoui.
La qualité de la farine fait grand débat, mais pour certains c’est toute la chaîne de production et d’approvisionnement qui serait en cause. Contacté par nos soins, Ouadie Madih, le Président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), souligne en effet que «toute la chaîne est défaillante».
«Le produit de base comporte plusieurs additifs nocifs, le transport est souvent effectué dans des voitures ne respectant aucune mesure d’hygiène et chez le boulanger aucune indication ne fait allusion aux taux de sucre et de sel, c’est donc toute la chaîne qui est défaillante», martèle notre interlocuteur.
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La FNAC a effectué dans ce sens plusieurs prélèvements, poursuit Ouadie Madih, notant que les taux de sucre et de sel sont très élevés et sont donc très nocifs pour les consommateurs. Plus loin encore, même le poids réglementaire du pain subventionné établi à 200 g n’est pratiquement jamais respecté, indique notre interlocuteur.
Ainsi, «c’est tout le secteur qu’il faut assainir», souligne le président de la FNAC, et «c’est aux pouvoirs publics de prendre plus au sérieux les intérêts du consommateur en durcissant les contrôles à tous les niveaux».