Militaires russes au Venezuela: le Kremlin demande à Trump de se mêler de ses affaires

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La Russie a demandé jeudi à Donald Trump, qui l’a sommée de quitter le Venezuela, de la « respecter » et de ne pas se mêler de ses relations avec Caracas où elle a envoyé des militaires en accord avec le président Nicolas Maduro.

Au lendemain de l’avertissement du président américain, le porte-parole du Kremlin a confirmé l’envoi de « spécialistes » chargés de mettre en oeuvre les contrats entre Moscou et Caracas, qui ont signé en 2011 un accord prévoyant l’achat d’armement russes par le Venezuela.

« Nous ne pensons pas que des pays tiers aient à s’inquiéter de nos liens bilatéraux », a déclaré à la presse Dmitri Peskov. « Nous ne nous ingérons d’aucune manière dans les affaires intérieures du Venezuela et nous attendons des autres pays qu’ils suivent notre exemple et laissent les Vénézuéliens décider eux-mêmes de leur destin ».

Le pays d’Amérique du Sud est devenu ces dernières semaines un point de friction supplémentaire de la nouvelle Guerre froide opposant la Russie et les Etats-Unis.

Washington reconnaît comme une cinquantaine de pays Juan Guaido comme président par intérim et réclame le départ de Nicolas Maduro, tandis que Moscou accuse les Etats-Unis d’essayer d’organiser un « coup d’Etat » dans ce pays aux immenses réserves pétrolières.

Ces tensions ont connu un nouveau pic depuis l’arrivée le week-end dernier de deux avions russes, un Antonov An-124 et un Iliouchine Il-62, à Caracas. Selon des médias vénézuéliens, ils transportaient 99 militaires et 35 tonnes de matériel, sous le commandement du chef de l’armée de terre russe, le général Vassili Tonkochkourov.

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En début de semaine, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait dénoncé « l’intrusion persistante de personnel militaire russe pour soutenir le régime illégitime de Nicolas Maduro » et prévenu que les Etats-Unis ne resteraient pas les bras croisés si la Russie continuait « d’exacerber les tensions » au Venezuela.

Recevant mercredi dans le Bureau ovale Fabiana Rosales, épouse du chef de file de l’opposition Juan Guaido, Donald Trump a haussé le ton: « La Russie doit partir ».

« Les Etats-Unis sont présents en de nombreux points du globe et personne ne leur dit où ils peuvent se trouver ou pas », a répliqué jeudi Peskov, demandant « un respect mutuel ».

– « Le temps qu’il faudra » –
D’abord silencieuses sur cette présence pourtant très visible, les autorités russes ont progressivement reconnu au court de la semaine l’envoi de « spécialistes » venus dans le cadre de la coopération militaire avec Caracas.

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« Combien de temps? Le temps qu’il leur faudra. Aussi longtemps que nécessaire au gouvernement du Venezuela », a averti la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.

« La Russie n’a rien enfreint, ni les accords internationaux, ni le droit vénézuélien. Elle ne change pas l’équilibre des forces dans la région et ne menace personne, à la différence » de Washington, a martelé Maria Zakharova: « Ni la Russie ni le Venezuela ne sont des provinces des Etats-Unis ».

Cité par l’agence Interfax, l’attaché militaire de l’ambassade du Venezuela en Russie, José Rafael Torrealba Pérez, a assuré que « la présence militaire russe n’est en aucun cas liée à la possible conduite d’opérations militaires ».

Il a précisé que le ministre vénézuélien de la Défense était attendu à Moscou fin avril dans le cadre d’une conférence militaire.

Avant même cette échéance, la Russie compte bien renforcer sa coopération avec son allié vénézuélien, dont l’économie est en ruines et qui est exsangue financièrement.

Une délégation vénézuélienne est attendue en fin de semaine prochaine à Moscou pour signer des contrats commerciaux, notamment dans l’énergie.

Le géant russe semi-public du pétrole Rosneft, dirigé par un proche de Vladimir Poutine, Igor Setchine, a noué ces dernières années de coûteux accords avec la compagnie pétrolière publique PDVSA, pilier de l’économie vénézuélienne désormais en pleine débâcle, visée par des sanctions américaines.

Ces accords lui ont assuré des rentes correspondant à des milliards de dollars en échange de pétrole dont la Russie, l’un des principaux producteurs mondiaux de brut, ne manque pourtant pas.

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